Dans une atmosphère empreinte de solennité et d’attentes, les assises ordinaires et extraordinaires de la Fédération béninoise de football (FBF) ont pris une tournure inattendue ce mercredi à Missérété. Devant un parterre de délégués venus des quatre coins du pays, le président en exercice, Mathurin de Chacus, a rompu le silence autour de son avenir à la tête de l’instance. Une prise de parole directe, sans ambiguïté, qui met fin aux spéculations sur une éventuelle volonté de prolonger son mandat. « Beaucoup me poussent à modifier les textes afin de continuer, mais je leur réponds que je suis fatigué », a-t-il lancé, dans une salle soudainement suspendue à ses mots.
Par cette déclaration, le président de la FBF clôt un chapitre et écarte avec fermeté toute manœuvre visant à réviser les statuts pour lui permettre de rester en fonction. Il coupe court à toute initiative visant à déroger aux règles de gouvernance établies, rappelant ainsi son attachement à l’éthique et au respect des institutions.
Une succession ouverte et un message de responsabilité
L’annonce du retrait de Mathurin de Chacus est aussi un acte politique fort : celui d’un dirigeant qui choisit de ne pas s’accrocher au pouvoir, et de laisser l’avenir s’écrire avec de nouveaux visages. Interrogé sur son éventuel soutien à un successeur, il a été clair : « Je l’ai dit plusieurs fois, je n’ai pas de candidat. Mais je serai avec le meilleur, celui qui répondra le mieux aux aspirations du poste et capable de poursuivre ce que nous avons tous construit ensemble. »
En refusant d’imposer un dauphin, il pose les bases d’un jeu démocratique plus ouvert, où les ambitions peuvent désormais s’exprimer sans crainte d’une succession verrouillée. Ce choix, salué par plusieurs participants, redonne espoir à une nouvelle génération de dirigeants sportifs.
Un héritage structurant pour le football béninois
Depuis son arrivée à la tête de la FBF, Mathurin de Chacus a marqué son passage par des réformes structurelles, une professionnalisation accrue des instances et une stabilité institutionnelle inédite. Sous son leadership, la fédération a gagné en crédibilité aussi bien sur la scène nationale qu’internationale. Le développement du football à la base, la structuration des ligues régionales, la mise en œuvre d’un plan de formation des jeunes arbitres et entraîneurs, sont autant d’initiatives qui ont transformé le visage du football béninois.
Son retrait annoncé marque donc la fin d’un cycle. Mais il appelle aussi à une transition dans la sérénité et la responsabilité. L’enjeu des prochaines semaines ne sera pas seulement de désigner un nouveau président, mais de choisir une orientation : poursuivre dans la dynamique enclenchée ou opérer un tournant.
Vers une nouvelle ère
Alors que les élections à la présidence de la FBF pointent à l’horizon, les candidatures devraient se préciser dans les tout prochains mois. Le départ de Mathurin de Chacus, loin de créer un vide, libère le terrain politique et institutionnel, et redonne au football béninois l’opportunité de se projeter vers l’avenir, avec ambition et lucidité.
En se retirant sans polémique, dans le respect des textes et dans la clarté de ses intentions, Mathurin de Chacus pose un acte de maturité politique. Il prouve que l’on peut servir, réformer, puis passer la main. Le football béninois lui en saura sans doute gré, aujourd’hui et dans les années à venir.
Arnaud ASSOGBA