Durant trois jours, du 24 au 26 juillet 2025, l’amphithéâtre ISBA de la Faculté des Sciences de la Santé (FSS) de l’Université d’Abomey-Calavi a vibré au rythme du savoir chirurgical, de la recherche appliquée et de l’enthousiasme académique, à l’occasion des 2èmes Journées Scientifiques du Département de Chirurgie et Spécialités Chirurgicales. Placée sous le thème : « Pratiques chirurgicales courantes et innovations en chirurgie », cette rencontre scientifique majeure a mobilisé enseignants, étudiants, jeunes chercheurs, praticiens hospitaliers et grands maîtres de la discipline.
Une ouverture solennelle sous le signe de la rigueur et de la transmission
La journée inaugurale, tenue le jeudi 24 juillet, a marqué le ton. En présence des responsables de la Faculté, des membres du corps professoral, des doctorants et des étudiants, plusieurs allocutions fortes ont jalonné la cérémonie d’ouverture.
Le Professeur Gaspard Gbessi, président du comité d’organisation, a ouvert les travaux en rappelant le sens profond de cette initiative scientifique : « Ces journées se veulent un moment de réflexion, mais aussi une fenêtre ouverte sur le futur. » Il a souligné l’importance de stimuler la curiosité scientifique des jeunes et de valoriser la recherche locale, pierre angulaire d’un système de santé performant et ancré dans ses réalités.
Prenant la parole à sa suite, le Doyen de la FSS, le Professeur Josué Avakoudjo, a livré un message empreint de profondeur, appelant les chirurgiens présents à forger en eux quatre vertus essentielles : l’intelligence scientifique, la compassion envers les patients, la maîtrise technique et l’humilité. Pour lui, « le chirurgien est un savant, mais aussi un homme de cœur ».
Enfin, le Professeur René Hodonou a recentré les débats sur le sens du métier de médecin : « Le signe le plus insupportable d’une maladie, c’est la douleur. Soulager, voilà notre vocation. Soyons heureux d’être médecins. Soyons curieux, rigoureux, et travailleurs. »
Jour 1 : urgences chirurgicales, formation et transmission
La première journée a été structurée autour de deux grandes sessions scientifiques. La matinée a été dédiée à la chirurgie générale, avec des présentations sur les urgences digestives, les techniques de laparotomie, et les apports de la chirurgie mini-invasive dans le contexte béninois. Les intervenants ont mis l’accent sur la nécessité d’optimiser les délais de prise en charge, tout en garantissant la qualité des soins en situation d’urgence.
Dans l’après-midi, une session sur la formation des internes et jeunes praticiens a permis d’aborder la question de l’accompagnement pédagogique et de la transmission des gestes opératoires. Plusieurs communications ont évoqué l’utilisation des simulateurs, la supervision en bloc opératoire, et l’évaluation des compétences techniques, soulignant la volonté de professionnaliser davantage le parcours des futurs chirurgiens.
Jour 2 : spécialités chirurgicales et pratiques innovantes
Le vendredi 25 juillet a plongé les participants dans la diversité des spécialités chirurgicales. La journée s’est ouverte par une session sur la chirurgie pédiatrique, avec des cas cliniques complexes liés aux malformations néonatales, aux invaginations intestinales et aux pathologies urologiques. Les intervenants ont partagé des expériences de terrain riches en enseignements, tout en soulevant les difficultés logistiques rencontrées dans les structures périphériques.
En fin de matinée, la session ORL et neurochirurgie a permis de présenter des cas de prise en charge de traumatismes crâniens, de pathologies tumorales et de paralysies faciales. Les échanges ont été particulièrement nourris autour des stratégies diagnostiques et thérapeutiques en l’absence de certaines technologies avancées.
L’après-midi a été consacré à la visite du Centre Hospitalier International de Calavi. Les participants ont été impressionnés par la modernité des installations, les blocs opératoires équipés, la logistique fluide et les conditions de prise en charge. Une immersion concrète qui a nourri l’imaginaire collectif et ouvert des perspectives enthousiasmantes.
Jour 3 : orthopédie, innovation et reconnaissance
La journée du samedi 26 juillet a ouvert ses portes avec une session consacrée à l’orthopédie et à la traumatologie. Les présentations ont abordé les fractures complexes, les luxations récurrentes, la pose de prothèses, et la gestion des infections post-opératoires. Les discussions ont révélé l’urgence d’une meilleure coordination entre les services de chirurgie et les services de rééducation pour améliorer les suites opératoires.
En fin de matinée, une session sur les communications libres a permis à des jeunes chercheurs, internes et étudiants en doctorat de présenter leurs travaux sur des sujets variés, allant de la chirurgie réparatrice à la prise en charge des brûlures graves.
L’après-midi s’est terminée par une cérémonie de clôture empreinte de solennité, marquée par la remise du prix de la meilleure thèse de doctorat au sein du département de chirurgie. Cette distinction vise à encourager l’excellence académique, la rigueur méthodologique et la pertinence clinique dans les travaux de recherche.
Moment particulièrement fort : la reconnaissance de mérite décernée au Professeur Soulé Alamou, figure emblématique de la chirurgie béninoise. Ovationné par ses pairs et par les jeunes générations, le Professeur Alamou a reçu cette distinction comme un hommage à son parcours exceptionnel, à sa générosité pédagogique et à son engagement indéfectible pour l’avancement de la chirurgie au Bénin.
Une dynamique à poursuivre
Ces trois jours de rencontres scientifiques ont démontré, une fois encore, que le Bénin dispose de ressources humaines compétentes, de jeunes chercheurs talentueux, et d’une volonté partagée de faire progresser la pratique chirurgicale.
À travers ces sessions, débats, communications et gestes symboliques, la FSS s’impose comme un véritable carrefour du savoir médical, prêt à relever les défis de demain. Les organisateurs ont donné rendez-vous pour une troisième édition, avec l’espoir de voir les acquis se renforcer et les ambitions collectives se concrétiser dans les hôpitaux, les laboratoires et les salles d’opération.
R.E