Lancée en janvier 2024, la troisième phase du projet AC 3.0, soutenue par le Ministère de la Santé, Jhpiego et la Fondation Bill & Melinda Gates, a été clôturée le 12 juin à Royal hôtel de Cotonou. Du bilan, l’objectif de départ : élargir l’offre contraceptive avec le DMPASC et promouvoir l’autoinjection, aura été atteint en particulier auprès des femmes, des jeunes et des zones rurales.
Dans un contexte où la santé reproductive demeure un enjeu majeur pour l’autonomisation des femmes au Bénin, la cérémonie de clôture du projet DMPASC Phase 3 (AC 3.0) s’est tenue le 12 juin 2025 au Royal Hôtel. Fruit d’un partenariat entre le Ministère de la Santé, Jhpiego et le Consortium Access Collaborative, avec le soutien financier de la Fondation Bill & Melinda Gates, ce projet visait à amplifier l’accès au contraceptif injectable souscutané Sayana Press et à l’autoinjection. Depuis son introduction en 2017, le DMPASC bénéficie d’une approche communautaire soutenue par l’ANSSP, les Directions départementales de santé, le secteur privé, les ONG locales et les jeunes ambassadeurs. Cette troisième phase a permis entre autres : un renforcement des services de qualité et des capacités des prestataires ; une extension de l’accès à l’autoinjection ; l’engagement croissant de jeunes dans la promotion de la santé reproductive ; la mise à disposition du produit en pharmacie avec formation des pharmaciens et auxiliaires, via l’ABMS/PSI. Selon Jean A. Affo, Program Manager à JhpiegoBénin, « Ce projet a permis d’élargir la gamme de méthodes contraceptives au Bénin et de rapprocher les services de contraception des populations tout en impliquant activement les jeunes. ». Ces propos ont été renforcés par Célestin Compaoré, Directeur régional du projet Access Collaborative, qui a souligné l’impact de l’autoinjection sur l’autonomie des femmes, notamment rurales.
Résultats et enseignements : vers une consolidation durable
La rencontre a réuni une soixantaine de partenaires : représentants ministériels, acteurs de terrain, pharmacies privées, ONG et jeunes ambassadeurs. Les échanges ont porté sur les résultats clés (notamment une progression de l’adoption du DMPASC, avec des fluctuations liées à des ruptures de stock), les leçons tirées, les bonnes pratiques, et les recommandations pour la pérennisation et la mise à l’échelle du dispositif. Entre le premier trimestre 2022 et le premier trimestre 2025, la part du DMPASC au sein des méthodes de planification familiale a oscillé autour de 23 %, culminant à 18 % au début de 2025 malgré des interruptions d’approvisionnement. L’autoinjection, bien que perturbée, a maintenu une proportion constante dans les consultations. Portant la voix du DG de l’ANSSP, Dr Thierry Lawale, Directeur de la Santé de la mère et de l’enfant à l’ANSSP a, tout en saluant les parties prenantes, indiqué que la “prévalence contraceptive au Bénin s’est améliorée”. Saisissant l’occasion, il n’a pas manqué d’appeler à renforcer les acquis et étendre le projet à plus de localités, pour les prochaines phases.
Une phase III tournée vers l’avenir
Trois phases ont jalonné l’évolution de ce projet. De 2019 à 2021, on note l’introduction et l’accès au DMPASC, suivi du lancement de l’autoinjection. De 2022 à 2023, il a été enregistré l’institutionnalisation avec intégration de la méthode dans les directives nationales. Depuis 2024, il est observé l’extension au secteur privé, notamment via les associations professionnelles et pharmaceutiques. Dans son allocution, Virginie Ouedraogo, Représentante de la Directrice régionale de Jhpiego, a salué les résultats concrets obtenus : capacités renforcées des agents de santé communautaires ; plaidoyers fructueux auprès du Ministère et des instances nationales ; révision participative du tableau d’acquisition des contraceptifs ; et déploiement effectif de l’offre dans le secteur privé. Elle a rappelé que la réussite de ce projet repose sur « la mobilisation collective entre public, privé, partenaires techniques et communautés, prenant en compte les besoins des femmes, y compris en zones rurales ». Aujourd’hui, le cadre réglementaire, les compétences et les canaux de distribution sont en place pour garantir une offre durable du DMPASC. La clôture d’AC 3.0 marque le passage à une phase de consolidation, axée sur la pérennisation des acquis et l’autonomisation reproductrice, avec un engagement fort du Bénin pour des services contraceptifs accessibles, éclairés et équitables.
Angelo DOWINHAN