« Construire l’avenir », une tribune de Christophe AGBODJI

La jeunesse est une période cruciale de la vie, à la fois pour la construction personnelle et pour l’édification de la société. C’est une phase de découverte, d’apprentissage et de formation, où les individus posent les fondements de leur avenir. Cependant, pour les jeunes Africains, cette période est marquée par des défis colossaux qui mettent en péril leur prospérité et celle du continent tout entier.

Au Bénin et en Afrique, les obstacles liés à l’emploi et à la formation nécessitent une attention immédiate et des actions concertées.

Le chômeur comme enjeu fondamental

Le chômage est l’un des défis les plus pressants auxquels sont confrontés les jeunes en Afrique. En 2020, les données de l’Institut national béninois de la statistique et de l’analyse économique révélaient que 38,9 % des jeunes âgés de 25 à 34 ans étaient au chômage. Cette situation est d’autant plus préoccupante lorsqu’on considère la répartition de ces chiffres entre les sexes : 42,1 % des hommes et 35,4 % des femmes se trouvaient dans cette situation difficile. Ces statistiques alarmantes reflètent une réalité où l’accès à un emploi stable est devenu une denrée rare, même pour ceux qui ont poursuivi des études supérieures avec ardeur et détermination.

À l’échelle continentale, la situation est tout aussi préoccupante. L’Afrique subsaharienne accueille chaque année entre 10 et 12 millions de jeunes sur le marché du travail. Cependant, selon l’Organisation internationale du travail, seulement 3,1 millions d’emplois sont créés chaque année. Cette disparité entre l’offre et la demande d’emplois souligne l’ampleur du défi auquel sont confrontés les jeunes Africains, qui doivent naviguer dans un environnement économique souvent hostile et saturé.

Le problème de l’emploi est exacerbé par les lacunes dans le système éducatif. En effet, l’éducation reçue par une grande partie des jeunes ne répond pas toujours aux besoins réels du marché du travail. Beaucoup d’entre eux se retrouvent donc sans compétences adéquates pour se lancer avec succès dans le monde professionnel. Cette inadéquation est particulièrement préoccupante dans un monde en constante évolution, où l’innovation et la polyvalence sont des compétences clés pour se démarquer.

Recommandations :

1. Réformer le système éducatif : Il est impératif d’adapter les programmes éducatifs aux besoins du marché du travail. Cela implique de renforcer la formation professionnelle, d’encourager les partenariats entre les établissements d’enseignement et les entreprises, et d’intégrer les compétences pratiques et techniques dans les cursus académiques. L’objectif est de préparer les jeunes non seulement à trouver un emploi mais à être innovants et adaptables dans un environnement en constante mutation.

2. Promouvoir l’entrepreneuriat : Les initiatives entrepreneuriales peuvent offrir une alternative précieuse à l’emploi salarié. Des programmes de soutien à l’entrepreneuriat, comprenant des formations, des financements et des conseils, doivent être mis en place pour encourager les jeunes à créer leurs propres entreprises. Les incubateurs et les accélérateurs d’entreprises peuvent jouer un rôle clé dans ce processus, en fournissant un encadrement et un soutien aux jeunes entrepreneurs.

3. Développer des programmes de mentorat et de stages : Les programmes de mentorat peuvent offrir aux jeunes un accompagnement précieux pour naviguer dans le monde professionnel. Les stages et les expériences de travail réels sont essentiels pour acquérir des compétences pratiques et pour établir des contacts dans l’industrie. Les partenariats entre les établissements d’enseignement et les entreprises peuvent faciliter l’accès à ces opportunités.

4. Renforcer les politiques de création d’emplois : Les gouvernements doivent mettre en œuvre des politiques économiques favorisant la création d’emplois, en soutenant les secteurs clés de croissance et en encourageant les investissements dans les infrastructures et les technologies. Les programmes de soutien aux petites et moyennes entreprises (PME) et aux startups peuvent également contribuer à la création d’emplois.

5. Encourager l’éducation continue et la formation tout au long de la vie : Dans un monde en évolution rapide, il est crucial de promouvoir l’éducation continue et la formation tout au long de la vie. Les jeunes doivent être encouragés à acquérir de nouvelles compétences et à se recycler régulièrement pour rester compétitifs sur le marché du travail. Les plateformes d’apprentissage en ligne et les cours de formation continue peuvent offrir des opportunités d’apprentissage flexibles et accessibles.

6. Lutter contre la pauvreté : Pour aborder la question de la pauvreté, il est nécessaire d’améliorer l’accès aux ressources de base telles que l’éducation, la santé et les services sociaux. Des programmes de soutien pour les familles défavorisées et des politiques de protection sociale renforcées peuvent aider à réduire la pauvreté et à offrir des opportunités aux jeunes.

7. Encourager la participation politique et démocratique des jeunes : Le rôle de la politique dans la transformation des sociétés ne peut être ignoré. Une démocratie dynamique et inclusive repose sur l’engagement actif de toutes les composantes de la population, y compris les jeunes. L’implication des jeunes Africains dans les processus politiques est essentielle pour faire entendre leurs voix et influencer les décisions qui affectent leur avenir. Trop souvent, les jeunes se sentent marginalisés ou exclus des débats politiques, mais ils détiennent en réalité un pouvoir énorme pour changer les choses.

L’engagement politique permet aux jeunes de participer activement à la construction de l’avenir qu’ils souhaitent. En votant, en rejoignant des organisations politiques, ou même en se présentant comme candidats aux élections locales et nationales, les jeunes peuvent devenir des acteurs clés de la prise de décisions qui façonnera leur société. La participation à la vie politique ne se limite pas aux élections. Elle inclut également le plaidoyer pour des réformes économiques, sociales et éducatives qui répondent aux besoins des jeunes et créent un environnement propice à leur épanouissement.

La démocratie, lorsqu’elle est véritablement participative et inclusive, offre aux jeunes la possibilité de faire valoir leurs intérêts et leurs préoccupations. C’est aussi un mécanisme pour réclamer la redevabilité des gouvernements. Par exemple, les jeunes peuvent exiger des réformes éducatives pour un système plus adapté au marché de l’emploi, ou encore des mesures concrètes pour lutter contre la corruption, qui freine le développement économique et l’épanouissement des opportunités pour tous.

De plus, les jeunes doivent comprendre que leur avenir ne dépend pas uniquement des politiques mises en place, mais aussi de leur engagement pour influencer ces politiques. En tant que force démographique importante sur le continent africain, ils ont le potentiel de remodeler les institutions et de faire pression pour des politiques qui favorisent une croissance économique inclusive, une meilleure gestion des ressources et la promotion des droits fondamentaux.

L’une des principales clés du succès de cette implication est l’éducation civique. Il est impératif de renforcer les programmes d’éducation civique pour permettre aux jeunes de mieux comprendre les mécanismes de la démocratie, leurs droits et responsabilités, ainsi que les moyens par lesquels ils peuvent participer à la gouvernance de leur pays. Le développement de plateformes numériques et d’initiatives de mobilisation citoyenne peut également jouer un rôle majeur en facilitant l’accès des jeunes aux informations politiques et en leur permettant de s’organiser pour un impact collectif.

En définitive, l’avenir des jeunes Africains repose non seulement sur leur formation académique et professionnelle, mais également sur leur capacité à prendre part aux décisions politiques qui orientent le développement de leur pays. La démocratie, loin d’être une simple théorie, est un outil puissant pour créer les conditions favorables à l’emploi, à la prospérité économique et au respect des droits de tous. En s’impliquant activement dans la vie politique, les jeunes peuvent être les catalyseurs d’un avenir meilleur pour eux-mêmes et pour les générations futures.

La prise de conscience collective et individuelle est un impératif pour maximiser ce potentiel. Les jeunes doivent comprendre que leur force réside dans leur capacité à s’adapter, à innover et à s’engager activement pour créer des opportunités là où elles semblent faire défaut. La jeunesse est une période d’immense potentiel, et il est crucial que les jeunes saisissent cette opportunité pour façonner leur avenir et celui du continent.

Le choix est maintenant entre vos mains : laisserez-vous les circonstances dicter votre destinée, ou prendrez-vous les rênes pour transformer votre avenir et celui de l’Afrique ? C’est un choix déterminant qui définira non seulement votre trajectoire personnelle mais aussi l’avenir de tout un continent. La jeunesse, avec sa vitalité et son dynamisme, possède les ressources nécessaires pour relever ces défis et construire un avenir meilleur.

Christophe AGBODJI

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