À l’occasion du cinquième Forum International de la Démocratie Participative en Afrique (FIDEPA5), Cotonou a accueilli des figures éminentes de la démocratie participative en provenance de 31 pays. Parmi ces personnalités, Arona Sonko, maire de la commune d’Adeane au Sénégal, a marqué les esprits par son éloquence et sa vision claire sur les enjeux socio-politiques de son pays.
**Une rencontre déterminante pour l’avenir de la démocratie locale**
Interrogé par la presse béninoise, Arona Sonko a souligné l’importance capitale de ce forum pour les élus locaux et les acteurs de la démocratie en Afrique. « Ce forum est une excellente initiative. La démocratie participative est un concept que les politiques africaines commencent à adopter. En effet, tout développement doit partir de la base, avec l’implication des populations locales », a-t-il affirmé avec conviction. Selon lui, cette rencontre mondiale, qui réunit près de 800 participants, dont 500 venus de l’étranger, constitue une plateforme idéale pour échanger des pratiques novatrices et renforcer la participation citoyenne dans la gestion des affaires publiques.
Pour le premier citoyen de la commune d’Adeane, située en Casamance, ce forum est une opportunité de s’inspirer des expériences réussies ailleurs. Arona Sonko a ainsi expliqué que sa commune est déjà engagée dans une dynamique de démocratie participative, notamment à travers l’élaboration du budget communal en étroite collaboration avec les populations locales. « Ma présence ici vise à renforcer cette approche en échangeant avec d’autres communes et pays sur leurs pratiques en matière de démocratie participative », a-t-il déclaré, mettant en avant l’importance de l’implication des citoyens dans le processus décisionnel.
Le Sénégal en mutation : une transformation soutenue par le maire Sonko
L’entretien n’a pas seulement porté sur la démocratie participative. Le maire d’Adeane a également abordé des sujets brûlants de l’actualité sénégalaise, notamment les réformes engagées par le président Diomaye Faye. Arona Sonko, militant du parti au pouvoir, les Patriotes Africains du Sénégal pour le Travail, l’Éthique et la Fraternité (PASTEF), a exprimé un soutien indéfectible au chef de l’État.
« Le Sénégal est en pleine mutation, mais le chemin est difficile. Nous avons trouvé un pays marqué par une mauvaise gestion financière et un manque de ressources. Il est compliqué de relever les défis sans ressources suffisantes », a-t-il expliqué avec une lucidité désarmante. Selon lui, la priorité est de procéder à un audit rigoureux pour comprendre comment les fonds ont été gérés par les précédents régimes, afin de récupérer les ressources mal utilisées et les réorienter vers des secteurs plus productifs.
Arona Sonko a aussi insisté sur la nécessité de revoir les contrats du Sénégal avec les investisseurs internationaux pour garantir que ceux-ci profitent réellement au pays. « Le Président a déjà exprimé sa volonté de conduire le Sénégal vers l’industrialisation et une meilleure gestion des ressources naturelles, ce qui est crucial », a-t-il souligné, ajoutant qu’une révision des accords de partenariat est indispensable pour mieux protéger les intérêts du Sénégal.
Un soutien résolu à la dissolution de l’Assemblée Nationale
L’entretien a pris une tournure politique lorsque le maire d’Adeane a été interrogé sur la stratégie du président Diomaye Faye face à une Assemblée Nationale potentiellement hostile. Arona Sonko, avec la franchise qui le caractérise, a conseillé au président de dissoudre l’Assemblée Nationale pour organiser de nouvelles élections. « Actuellement, il n’a pas encore présenté son programme à l’Assemblée Nationale, car nous n’y avons pas la majorité, ce qui pourrait entraîner des complications. C’est pourquoi il envisage de dissoudre l’Assemblée Nationale et d’organiser de nouvelles élections », a-t-il précisé.
Ce conseil, empreint de réalisme politique, témoigne de la volonté du maire Sonko de voir le président Faye réussir ses réformes et concrétiser sa vision pour le Sénégal. Une vision qui, selon le maire, repose sur une industrialisation accrue, une gestion rigoureuse des ressources naturelles et une décentralisation renforcée.
Une cérémonie d’ouverture marquée par des présences remarquables
La cérémonie d’ouverture officielle du FIDEPA5, qui s’est tenue au Palais des Congrès de Cotonou, a été rehaussée par la présence de personnalités de premier plan, témoignant de l’envergure de cet événement. Parmi elles, Yvon Détchénou, Garde des Sceaux, Ministre de la Justice et de la Législation, le Préfet du Littoral Alain Orounla, le Secrétaire Général de l’Observatoire International de la Démocratie Participative (OIDP) Bachir Kanouté, et le Secrétaire Général de Cités et Gouvernements Locaux Unis (CGLU Afrique) Jean-Pierre Elong Mbassi.
Un avenir prometteur pour la démocratie participative en Afrique
La participation d’Arona Sonko à ce forum international témoigne de l’engagement du Sénégal dans la promotion de la démocratie participative. Sous la houlette du président Diomaye Faye, le pays semble résolument engagé sur la voie des réformes, malgré les défis à relever. Le maire d’Adeane, par son intervention, a rappelé l’importance d’une gestion rigoureuse et d’une implication active des citoyens pour le développement durable des territoires. Cotonou, le temps d’un forum, s’est ainsi transformée en une véritable agora où se dessine l’avenir de la démocratie participative en Afrique.
Lisez l’intégralité de l’entretien
Journaliste : Bonjour Monsieur le Maire, pourriez-vous vous présenter et nous parler de votre commune ?
Sonko Arona : Bonjour, je suis Sonko Arona, maire de la commune d’Adeane, située au Sénégal. Notre commune se trouve dans le département de Ziguinchor, dans la région de Ziguinchor en Casamance. Adeane s’étend sur une superficie de 42 km², avec une façade maritime, un front fluvial, et est adossée à la forêt des Bissines. C’est une zone où la majeure partie de la population, en particulier celle des Bissines, a été déplacée pendant de nombreuses années. Aujourd’hui, les habitants commencent à revenir pour reconstruire le village, et d’autres villages voient également leurs populations retourner progressivement. Adeane comprend neuf villages, dont le principal est celui d’Adeane. Nous sommes situés à 25 km de Ziguinchor, sur la Route Nationale 6.
Journaliste : Vous participez au cinquième Forum International de la Démocratie Participative en Afrique, qui se tient à Cotonou. Pouvez-vous nous parler de l’importance de cet événement pour vous ?
Sonko Arona :
Ce forum est une excellente initiative. La démocratie participative est un concept que les politiques africaines commencent à adopter. En effet, tout développement doit partir de la base, avec l’implication des populations locales. Ce forum revêt donc une importance capitale pour nous, les maires, les présidents des conseils départementaux, ainsi que pour les experts qui nous conseillent et analysent les opportunités de développement de nos communes
Journaliste : Concrètement, qu’est-ce que votre commune retire de ce forum ?
Sonko Arona : Concrètement, notre commune est déjà engagée dans cette dynamique de démocratie participative. Nous élaborons notre budget en étroite collaboration avec la population. Ma présence ici vise à renforcer cette approche, en échangeant avec d’autres communes et pays sur leurs pratiques en matière de démocratie participative. Le budget que nous élaborons est issu des propositions de la base, lesquelles sont ensuite soumises au conseil municipal pour validation.
Journaliste : Vous avez été un acteur clé dans la transformation du Sénégal. Comment évaluez-vous la situation actuelle du pays ?
Sonko Arona : Le Sénégal est en pleine mutation, mais le chemin est ardu. Nous avons trouvé un pays en difficulté, marqué par une mauvaise gestion financière et un manque de ressources. Il est difficile de relever les défis sans argent dans les caisses de l’État. C’est pourquoi nous devons d’abord faire un audit rigoureux pour comprendre comment les fonds ont été gérés, et essayer de récupérer les ressources mal utilisées pour les rediriger vers des secteurs plus productifs.
Journaliste : En tant que défenseur de la décentralisation, que souhaitez-vous voir dans le programme du prochain Président issu de votre parti politique ?
Sonko Arona : Le Président a déjà exprimé sa volonté de conduire le Sénégal vers l’industrialisation et une meilleure gestion des ressources naturelles, ce qui est crucial. Il est également nécessaire de revoir les contrats avec les investisseurs internationaux pour s’assurer qu’ils profitent réellement au pays. Une révision des accords de partenariat est indispensable pour mieux protéger les intérêts du Sénégal.
Journaliste : Le Président semble prêt à avancer, mais l’Assemblée Nationale pourrait poser des obstacles. Quel conseil lui donneriez-vous ?
Sonko Arona : Le Président sait ce qu’il fait. Actuellement, il n’a pas encore présenté son programme à l’Assemblée Nationale, car nous n’y avons pas la majorité, ce qui pourrait entraîner des complications. C’est pourquoi il attend un peu pour voir comment dissoudre l’Assemblée Nationale et organiser de nouvelles élections, ce qui pourrait être une priorité pour lui et pour le pays.
Journaliste :Donc, vous conseillez au Président de dissoudre l’Assemblée Nationale ?
Sonko Arona : Oui, c’est le conseil que je lui donnerais. Il y a plusieurs éléments à considérer, notamment les règlements intérieurs de l’Assemblée Nationale, mais une dissolution pourrait permettre de renforcer la représentation du parti au pouvoir et de faciliter la mise en œuvre du programme présidentiel.
Josaphat A