Après la marche perturbée du 1er mai, la Confédération Syndicale des Travailleurs du Bénin (CSTB) a organisé, ce mercredi 22 mai 2024, une nouvelle manifestation pour exprimer son mécontentement face à la gouvernance du régime du président Talon. Lors de cette énième marche, qui a mobilisé les travailleurs du secteur public et privé, l’organisation syndicale a exhorté les autorités béninoises à donner la priorité au bien-être collectif.
DECLARATION
TRAVAILLEURS DE TOUTES CATEGORIES
PEUPLE DU BENIN
EXERCEZ VOTRE DROIT LEGITIME AUX MARCHES PACIFIQUES CONTRE LA FAIM, LES LOIS LIBERTICIDES ET ANTI-SOCIALES ET CONTRE LA MAUVAISE GOUVERNANCE
Chers responsables syndicaux en vos rangs et qualités ;
Chers participants de toutes les couches,
Travailleurs de toutes catégories et Peuple du Bénin.
Au nom du Comité Confédéral National (CCN) de la CSTB, je vous remercie et vous félicite pour votre participation active à la marche de ce jour 22 Mai 2024. Cette marche, comme vous le constatez, revêt un sceau particulier. En effet, qu’il vous souvienne, le 1er Mai dernier, alors que le peuple du Travail commémore la Journée internationale de Travail par des manifestations diverses, dont des marches pacifiques, alors que depuis des lustres, la CSTB a toujours célébré cet anniversaire par une marche, et que les formalités d’usage ont été effectuées, le Pouvoir a exercé une répression sans nom contre les manifestants. Les lieux de rassemblements ont été envahis par des hordes de policiers ; des cars transportant des travailleurs vers les lieux de rassemblement ont été kidnappés en pleine rue, et des dizaines de militants de la CSTB arrêtés et conduits en prison. Au mépris du respect de la dignité humaine, et ce, après des jours de détention, on a prélevé leur urine seulement pour se trouver des motifs de condamnation plausible (la drogue), celui de « attroupement non autorisé » étant trop grossier pour tenir.
De façon claire, l’objectif du pouvoir de la Rupture, c’est seulement autoriser les Voix amies et complices, et désormais interdire toute marche, toute manifestation d’opposition à sa gouvernance, c’est faire taire toute voix critique à sa politique anti-humaine, anti-sociale, c’est faire taire la Grande CSTB, porte-voix des « Sans voix », défenseur intrépide et sans compromission ni trahison de la cause des Travailleurs.
Mais la mobilisation de vous tous, travailleurs, la mobilisation de tout le peuple béninois, la mobilisation de toute l’opinion et organisations démocratiques nationales et internationales avec des motions de protestation et de soutien de toutes parts, ont eu raison de l’autocratie.
Les camarades, avec des simulacres de procès et « condamnations » illégitimes par des juges à ordre, ont été tout de même libérés. Le dernier, le camarade DESSOU Fiacre, arrêté dans le cadre de la célébration du 1er mai 2024 vient d’être libéré hier soir, c’est-à-dire à la veille de ce jour.
La CSTB, consciente de cet objectif visé par le pouvoir : à savoir, interdire à jamais les marches de protestation non négociée, ne s’est pas laissée abattre. Elle a appelé à la marche d’aujourd’hui. Les autorités administratives à travers le Préfet du Littoral, n’ont fait qu’avaliser et constater cette détermination à défendre coûte que coûte les libertés syndicales et a pris acte de notre Déclaration de marche.
Il s’agit là d’une Victoire, d’une grande Victoire du peuple travailleur.
Je viens féliciter les travailleurs du Bénin pour leur résolution, en particulier, les travailleurs arrêtés et qui se sont bien comportés lors de leur détention ; mais surtout je viens ici remercier tout notre peuple et les démocrates africains et de par le monde qui, par leur prompte mobilisation ont contraint le pouvoir de la Rupture au recul. Bravo et Merci à tous.
Travailleurs et Peuple du Bénin !
Toute liberté se conquiert ; une liberté conquise doit s’exercer.
Nous voici à un véritable carrefour.
Depuis 2016, donc pendant Huit ans déjà, le peuple travailleur a subi des humiliations les plus diverses ; le pouvoir de la rupture a voté des lois scélérates et anti sociales pour soumettre le peuple et les travailleurs à la faim et à la misère. On peut citer entre autres, la loi fixant les conditions et la procédure d’embauche, de placement de la main d’œuvre et de la résiliation de contrat de travail, la loi portant exercice de droit de grève qui criminalise la grève pour les secteurs de la santé, du transport et des hydrocarbures, le statut général de la fonction publique, le code d’éthique et des valeurs de l’administration, etc. ont rendu l’emploi précaire. Pour museler le peuple, arracher des acquis sociaux et empêcher la jouissance des libertés syndicales et démocratiques les lois sur le numérique, des dispositions liberticides ont été introduites dans le code pénal et des lignes rouges ont été tracées dans la ville de Cotonou et aux alentours. Le pouvoir de la rupture a progressivement instauré un Etat policier en lieu et place de l’Etat de droit. Conséquence : les citoyens sont réprimés sauvagement par la police à ordre. Le cas de la répression des motocyclistes pour non port de casque en est une illustration.
La mauvaise gouvernance installée depuis 2016 avec tout pour le privé a occasionné la fermeture des entreprises d’Etat (SONAPRA, ONASA, ONS, BENIN-TELECOM, SONACOP et beaucoup d’autres, ont conduit des milliers de travailleurs au chômage. Sous le pouvoir du président patrice TALON, les contrats sont à durée déterminée et renouvelable à vie. Tout est fait pour que le patron licencie les employés du privé à tout moment. On n’a pas hésité à mettre des milliers des agents en uniformes à la retraite d’office
Le peuple travailleur a été systématiquement affamé, appauvri par de multiples taxes et rançonnements. La multiplication et l’augmentation des taxes et impôts ont contribué au renchérissement des prix des produits de première nécessité.
La fermeture de la frontière avec le Niger est une mauvaise politique du pouvoir du Président TALON Patrice qui a conduit à la réduction drastique des activités au port autonome de Cotonou et à la mise au chômage de plusieurs dockers, conducteurs et transporteurs. La présence des bases militaires notamment française dans le Nord du pays est source d’insécurité pour les travailleurs et le peuple dont certains sont assassinés régulièrement par des terroristes qui seraient formés et protégés par des troupes étrangères.
Pendant 8 longues années, les travailleurs ont subi et courbé l’échine. Mais désormais ils relèvent la tête pour secouer les chaînes d’un véritable esclavage instauré par le pouvoir de la Rupture.
Ils disent « On n’en peut plus ! On meurt de faim ! On meurt de misère ! »
Quelques mouvements réussis ont ponctué ce réveil des travailleurs. On peut citer entre autres -la grève de la FéSEN/CSTB des 07, 26 mars 2024 et celle de 48heures des 23 et 24 avril, le sit-in de la même organisation au ministère de l’enseignement secondaire le 20 mars 2024 ; des sit-in du personnel des ministères de la petite et moyenne entreprise et de la promotion de l’emploi, ceux des travaux publics et des transports, ceux du ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche par le SYNATRADER pour exiger la réintégration des 1045 agents qui ont été radiés etc. sans oublier la lutte des fonctionnaires territoriaux.
Travailleurs de toutes catégories du Bénin, comme nous vous le disons la marche d’aujourd’hui constitue une Victoire. C’est la consécration que plus jamais, aucune entrave ne pourra être mise ni tolérée à ce droit de manifestation pacifique.
Voilà pourquoi, La CSTB lance un appel à tous les travailleurs pour qu’ils poursuivent le combat pour déchirer les autres lois anti sociales et liberticides à travers des marches pacifiques, des grèves, des sit-in, des journées ville morte pour la satisfaction de nos revendications matérielles contre la faim, la misère, pour les libertés démocratiques syndicales et pour une nouvelle Gouvernance ;
TOUS ENSEMBLE !
TOUS ENSEMBLE !
CONTRE LA FAIM ET LA MISERE
POUR LES LIBERTES ET LA LIBERATION DES DETENUS POLITIQUES.
POUF LE DEPART DES TROUPES FRANCAISES DU BENIN.
Fait à Cotonou le 22 mai 2024.
Pour les manifestants,
Le Secrétaire Général Confédéral de la CSTB
Nagnini M. KASSA MAMPO.-