La diffusion des comptes extérieurs du Bénin au titre de 2022, la 16è édition et de la balance des paiements au titre de la même année ont eu lieu hier jeudi 22 février 2024 à Cotonou. C’est le Directeur de cabinet du ministre d’Etat, ministre de l’économie et des finances, Hermann Orou Takou qui a prononcé l’ouverture de la séance qui a connu la participation d’organisations et acteurs du secteur privé, banques et autres sous la supervision du Directeur général de l’Institut national de statistique et de démographie (InStaD), Laurent Hounsa et du Directeur national de la BCEAO pour le Bénin, Emmanuel Assilamehoo.
«Le solde global de la balance des paiements du Bénin affiche un excédent de 9.653,2 millions à la suite des 597.462,3 millions enregistrés en 2021». C’est l’une des conclusions issues de la diffusion des comptes extérieurs du Bénin au titre de 2022. Cet excédent traduit selon la BCEAO, un surplus de couverture du déficit des transactions courantes par les ressources du compte de capital et les entrées nettes de flux financiers. Quant à la diminution de l’excédent, elle est la résultante du choix fait par le Bénin de de ne pas émettre d’eurobonds sur le marché international en 2022. Dans les transactions courantes, le déficit structurel de la balance s’est accentué, atteignant 662.795,9 millions en 2022 contre 407.447,7 millions FCFA l’année précédente. Cette évolution s’explique par une progression du déficit de la balance des biens et celui des services, ainsi qu’une réduction de l’excédent du compte de revenu secondaire. Quant au déficit de la balance des biens, on note un écart de 201.164,7 millions, comparativement à 2021. Ainsi, elle est ressortie à 396.598,6 millions en liaison avec une hausse plus importante des importations de biens comparativement aux exportations. Cette évolution est en relation avec les besoins de l’économie liés aux différents projets en cours d’exécution. Au titre des services nets, le déficit s’est accru de 20.412,3 millions, se situant à 252.984,9 millions en 2022. Ceci, en raison de la hausse du fret. Le revenu primaire n’est pas du reste. Le déficit à ce niveau s’est accentué de 7.183,6 millions pour se situer à 112.173,8 millions en 2022 en relation avec les intérêts payés sur les titres de créance, les investissements directs et la dette publique. Selon le document, l’importation a pris le pas sur l’exportation en 2022. Cela est justifié par le projet de la Zone industrielle de Glo-Djigbé en cours avec l’importation de divers matériaux. « La hausse des importations a notamment été enregistrée au niveau des composantes Biens intermédiaires (+62,5%) et Produits énergétiques (59,4%). Les biens intermédiaires sont destinés à couvrir les besoins des industries, dont celles de la zone industrielle de Glo-Djigbé » a souligné la BCEAO. Ce hub industriel unique en son genre à terme, devrait permettre d’inverser la tendance. Globalement, les résultats sont satisfaisants a souligné le Directeur national de la BCEAO pour le Bénin, Emmanuel Assilamehoo qui a noté que depuis 2018, les performances de la balance satisfont. On note un déficit structurel du compte courant de la balance des paiements dû à la baisse des appuis des comptes particuliers. Dans l’exportation, l’informel domine avec 75,8% contre seulement 24,2% d’exportations officielles constituées du coton, du cajou, des produits de fer…Les clients sont surtout des pays africains (80,7%) avec le Nigéria en tête. En procédant l’ouverture de la cérémonie de présentation, Hermann Orou Takou, Directeur de cabinet du ministre d’Etat, ministre de l’économie et des finances a rappelé l’intérêt de cet exercice. La diffusion des comptes extérieurs du Bénin offre l’opportunité d’apprécier les effets des décisions sur la performance macroéconomique au Bénin pour sa compétitivité. Il n’a pas manqué de rappeler le contexte économique de la période sous revue, marquée par diverses crises. Mais le Bénin table sur de bonnes perspectives avec les réformes engagées dans le PAG 2 et qui ont permis la transformation structurelle de l’économie grâce au DGIZ, le soutien à des filières agricoles via la facilité d’accès au financement avec des perspectives optimistes. A l’en croire, c’est une nouvelle occasion pour présenter les performances du Bénin marquée par une croissance économique de 6,3% en 2023 avec un taux d’inflation de 2,7% et une croissance économique attendue à 6,5% en 2024.
De la Position Extérieure Globale (PEG)
À la clôture de l’exercice 2022, la Position Extérieure Globale (PEG) présente un passif financier net de 3 461 890,0 millions, comparé à 2 863 405,3 millions à la même période en 2021. La position extérieure du Bénin s’est accrue de 598 milliards en raison de l’accroissement des engagements. C’est l’ensemble des engagements des non-résidents au profit des résidents. Le montant total des actifs s’établit à 5 102 287,7 millions au 31 décembre 2022, en hausse par rapport à 4 717 069,5 millions l’année précédente. Ces actifs se répartissent principalement entre des investissements de portefeuille (57,9%), comprenant notamment des titres publics acquis sur le marché régional de la dette publique, des avoirs de réserve (16,0%), et des prêts (9,8%). La majorité de ces actifs est concentrée dans la zone UEMOA (65,8%). En ce qui concerne les passifs, ils sont constitués de 41,8% d’emprunts extérieurs, 26,4% d’investissements directs et 20,7% d’investissements de portefeuille. « Ils sont contractés auprès des autres pays (57,7%), des pays de l’UEMOA (28,2%) et de la Zone euro (14,1%). Les variations nettes induites par les autres changements d’actifs et de passifs se sont élevées à -37.465,2 millions, imputables essentiellement aux variations du taux de change » renseigne la BCEAO. «La Position Extérieure Globale (PEG) dégage un passif net de 3.461.890,04 millions contre 2.863.405,3 millions de fcfa au 31 décembre 2021. Les variations nettes induites par les autres changements d’actifs et de passifs se sont élevées à -37.465,2 millions, imputables essentiellement aux variations du taux de change sur l’encours de la dette extérieure et sur les droits de tirage spéciaux » a souligné la BCEAO.
Des points de satisfaction et des recommandations
La balance des paiements 2022 table sur des succès à savoir, un excédent de près de 10 milliards, une grande capacité du Bénin à se projeter sur le marché extérieur pour des mobilisations, l’accroissement des exportations d’environ 15%, ce qui équi²vaut à environ 300 milliards. Nonobstant, il y a lieu d’augmenter et de diversifier la production pour réduire le déficit du compte courant. Une série de recommandation a été donc faite à l’endroit de l’Etat et du secteur privé. Au premier, la BCEAO recommande d’intensifier la mise en œuvre du programme d’industrialisation du Bénin avec un focus sur l’agro-alimentaire et le textile en vue de la transformation des produits de base encore exportés à l’état brut, en vue de l’élargissement de la base des exportations ; poursuivre les réformes visant l’amélioration de l’environnement des affaires, notamment en créant les conditions pour une mise en œuvre des nouveaux projets portés par les investisseurs privés nationaux et étrangers ; poursuivre la mise en place des politiques visant à promouvoir les industries culturelles et touristiques, à travers le renforcement de l’attractivité des sites touristiques et l’amélioration de la qualité des œuvres artistiques et culturelles. Le secteur privé est invité à se positionner sur les opportunités offertes par le Gouvernement, en investissant notamment dans la zone industrielle spéciale de Glo-Djigbé; encaisser et rapatrier les recettes d’exportation conformément aux dispositions du Règlement des relations financières extérieures. Pour rappel, la balance des paiements retrace les flux des transactions (opérations courantes, opérations en capital et opérations financières) entre les résidents d’une économie et le reste du monde durant la période sous revue. Pour recueillir les informations, un questionnaire a été adressé à 317 unités économiques. Les réactions sont évaluées à 80,1% et la BCEAO a invité les cibles, en l’occurrence le secteur privé (CIPB, CCI-Bénin, le CNP-Bénin à plus réagir à l’avenir pour une sensible amélioration de la collecte de données.
O.w