Taxe sans quittance, renouvellement des autorisations non prévu par les textes : Les transporteurs de l’embarcadère de Calavi manifestent leur ras le bol et dénoncent la DDT/MTCA

Considéré comme l’un des plus importants pôles d’attraction pour le tourisme vers les villages lacustres de Ganvié, Sotchanhoué, Sô-Ava etc…, l’embarcadère d’Abomey Calavi vit depuis quelques temps sous les murmures des transporteurs de touristes accrédités par le ministère du tourisme de la culture et de l’artisanat (MTCA). Deux sujets d’importance capitale fâchent ces transporteurs réunis en association depuis plus de trente ans, il s’agit du paiement des taxes sur touriste et le renouvellement onéreux de leurs autorisations. La Direction du Développement du Tourisme DDT pointée du doigt.

Aux environs de 16h ce lundi 08 janvier 2024, l’embarcadère d’Abomey Calavi grouillait du monde. Des touristes qui revenaient de leurs randonnées sur l’eau et d’autres qui s’apprêtaient pour prendre départ s’entremêlent sur la grande cour qui donne accès à la jetée de l’embarcadère. A l’entrée du site, deux jeunes dames assises au comptoir, recevaient les guides, les transporteurs et les touristes qui viennent payer leurs quittances d’accès aux villages lacustres. Derrière le dit comptoir, un tableau renseigne clairement sur les tarifs qui diffèrent selon la destination, la tranche d’âge et la durée. Ce qui rend la tâche plus facile aux usagers et aux dames qui, une fois informé du nombre de touristes à embarquer, savent déjà combien prendre et délivrent aussitôt une quittance identifiée par les sceaux de la direction générale des impôts. « Nous ne sommes pas autorisé à répondre à vos questions. Allez à la Direction ou bien appelez Mr Adjognon », répliquent-t-elles à propos de la gestion de l’embarcadère et des taxes qui y sont perçu.
En effet, au-delà de ce qui se paie à ce comptoir moyennant une quittance, une autre taxe fait polémique dans le rang des transporteurs. C’est la taxe prélevée aux transporteurs par touriste embarqué. Didier Kahomè est le président de l’association des transporteurs de touristes à l’embarcadère de Calavi (ATTEC). « Depuis quelques années, les choses ne se passent plus comme avant à l’embarcadère de Calavi. Nous, en tant que transporteurs et président de l’association des transporteurs avons fait de notre mieux pour comprendre mais nous sommes face à une administration qui ne veut écouter personne », explique-t-il avant de parler de la taxe sur touriste : « La taxe sur touriste qui est prélevée aux transporteurs ne date pas d’aujourd’hui. C’est 600f Cfa par touriste et on payait cela avant contre une quittance. Mais à un moment donné, ça fait plus de quatre ans déjà les quittances ont disparu et on paie sans justification. On ne sait plus où vont ces sous et comment ils sont utilisés », s’interroge le président de l’ATTEC pour qui le mal est profond à l’embarcadère de Calavi.
Le renouvellement des autorisations non prévues par les textes
« Aujourd’hui, on nous demande de fournir les dossiers pour renouveler nos autorisations alors qu’aucun arrêté n’a prévu le renouvellement des autorisations de transporteurs » ; déclare le secrétaire général de l’ATTEC. Pour ce dernier qui s’essaie dans le transporteur de touristes depuis plus de trente ans, la direction du développement du tourisme (DDT) joue à un mauvais jeu qui risque d’impacter négativement le tourisme à l’embarcadère de Calavi. « Nous sommes face à une administration qui nous fait parvenir les informations de bouche à oreille. Jamais de note administrative et pire, la directrice ne répond jamais aux courriers qu’on lui adresse. Si non, comment comprendre que la DDT nous demande de fournir les pièces pour renouveler nos autorisations et il n’y a aucune note officielle qui le dit », se désole le secrétaire général. Le président de l’ATTEC Didier Kahomè partage cet avis et voit au-delà, une manœuvre : « Depuis plus de dix ans, le ministère a refusé de délivrer les autorisations parce que l’embarcadère est saturé. Nous faisons 41 transporteurs de barques motorisées et 18 de type traditionnel sur le site et le ministère avait remarqué que c’est trop et a suspendu la délivrance des autorisations. Alors, la façon d’obliger les transporteurs à renouveler les autorisations juste pour insérer les leurs sur la liste parait malsaine et peu commode », précise le président de l’association des transporteurs de l’embarcadère.
Il faut rappeler que le bureau de l’association des transporteurs de touristes à l’embarcadère de Calavi avait soulevé ces différentes questions lors d’une rencontre avec le Directeur Général de l’Agence Nationale du Patrimoine et du Tourisme, (ANPT) en novembre 2023, qui a expliqué que son agence n’a aucune compétence dans la gestion de l’embarcadère et que cela relève des prérogatives de la Direction du Développement du Tourisme (DDT) du ministère du tourisme de la culture et de l’artisanat. Mais, toutes les démarches du bureau de l’ATTEC envers la DDT sont restées vaines. La directrice ne répond à aucun courrier, a précisé le secrétaire général de l’ATTEC qui renchérit : « Nous sommes d’accord que les réformes du gouvernement du président Patrice Talon touchent à tous les secteurs et en première ligne celui du tourisme. Mais il est difficile de continuer à payer des taxes dont-t-on ne connais réellement pas la destination et qu’on nous demande en plus de renouveler des autorisations à grand frais (au moins trois millions y compris les frais de l’embarcation) alors que l’arrêté N°18/MTCA/DC/SGM/CTJ/CTTH/DAF/DDT/ANPT/CJ/SA/SGG21 du 29 juin 2021 Portant réglementation commerciale de la visite touristique des sites lacustres et assimilés en République du Bénin ne l’a prévu dans aucun de ses articles. Nous invitons le chef de l’Etat et le ministre de tutelle à nous venir en aide », va-t-il plaider.
Pour l’heure, toutes nos tentatives pour rencontrer la directrice de la DDT en question afin d’avoir sa version des faits sont restées infructueuses.
Nous y reviendrons….

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