Toffa 2024 : L’échec d’une réforme bien mal pensée

La logique de la pratique du fâ veut que le prêtre consultant explique les tenants et aboutissants du signe révélé par le fâ à son client. Rendons un hommage mérité au professeur David Koffi Aza pour son intégrité. De 2008 à 2023, soit en 15 années de pratique du Toffa, l’homme n’a jamais remis à demain les explications des signes révélés par la consultation. Il a ressuscité le Toffa, une pratique des temps du royaume de Danxomey afin d’éclairer les pouvoirs publics dans la gestion du pays et le fait de façon indépendante et bien organisée. Il a perpétué cette tradition et l’a fait aimer au peuple béninois qui a fini par l’adopter et par y croire quelque soit l’obédience religieuse. Cela est d’autant plus évident parce que les exemples sont légions pour ce qui est de la confirmation des révélations du fâ chaque année par le peuple béninois.
En effet, le gouvernement de la Rupture a étendu ses réformes dans tous les domaines y compris celui endogène. La fête du 10 janvier confiée à un comité formé par le gouvernement qui a transformé cette célébration vielle de 34 ans en « Vodun Days » avec des clichés particuliers, variant de concerts à la participation des pays d’outre mer qui se sentent un peu affiliés au Bénin.

Si pour l’instant le « Vodoun Days » en soit est considéré comme une réussite, elle n’est pas encore évaluée et comparée à ce qui se faisait les années antérieures. De plus, la cérémonie de Toffa ressuscitée et mise en œuvre par le prêtre du fâ, le professeur Koffi Aza a été réformée et transférée du mois de décembre à janvier et plus précisément sur le jour de la fête du Vodun.

L’objectif était d’avoir les moyens adéquats afin de financer les sacrifices qui suivront les révélations du Toffa. Belle initiative dirait-on, mais qui souffre au vu des tâtonnements, d’énormes carences tant dans le fond que dans la forme.
Dans la forme, le Toffa d’habitude fait par le professeur Koffi Aza et son collège de Bokonon n’a jamais été fait en deux phases.

L’explication des signes a toujours été faite surplace devant micro et caméra et ceci, par plus d’une dizaine de prêtres de fâ conviés pour la circonstance. Une organisation qui est la preuve de la sincérité de la consultation et de l’esprit du Fâ: celui de dire la vérité sur l’avenir du peuple.

Mais pour le Toffa 2024, la réforme semble accoucher d’une souris. Résultats, la consultation a été faite à moitié avec une interprétation peu convaincante et une autre date a été choisie pour poursuivre la cérémonie. Qui peut croire en ce scénario savamment orchestré par le comité du gouvernement ?

Dans le fond, la brève explication donnée par le président du comité, l’ancien ministre et député UPR n’a convaincu personne, surtout que dans ses propos, il ressort des prédictions totalement en déphasage avec ce que vivent les béninois et surtout comparé au contexte actuel du pays.

Tout porte à croire que le Toffa dans sa réforme tend à servir les gouvernants que le peuple. Ce qui en réalité serait bien dommage car, cette pratique tant appréciée par les populations finira, à cette allure, par perdre de son sens et de sa notoriété.

Ainsi, à défaut de réformer pour mieux faire que les autres, il vaut mieux la suspendre. Car, elle n’aura aucun sens au yeux du peuple s’il est fait à dessein pour camoufler les tares du pouvoir en place.
A suivre…

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