Le gouvernement du président Patrice Talon ne cessera jamais de surprendre le peuple béninois. Et pour cause, des actes de hauts portés dont la compréhension échappe au commun des Béninois ne cessent de se succéder. Alors que tout le monde rumine et espère un remaniement ministériel au lendemain de l’élection et de l’installation des députés de la 9e législature, c’est la nomination d’un rwandais à la tête de l’Agence Nationale d’Identification personnelle (ANIP), cette structure chargée de la gestion de toutes les données personnelles des Béninois qui défraie la chronique.
En effet, le Belge Joris Albert THYS est Directeur général du Port autonome de Cotonou depuis 2018. Gérard ZAGRODNIK, est Directeur général de la Société béninoise d’Énergie électrique en remplacement de Jacques Paradis depuis janvier 2022, nommé une seconde fois le 07 décembre 2022 à la tête de l’Agence béninoise d’Électrification rurale et de Maitrise d’énergie (ABERME). Il devient donc le patron des deux grandes structures chargées de la fourniture, de la distribution et de l’électrification du pays que ce soit en zone urbaine que rurale. Le sénégalais Boubacar Camara lui est Directeur général adjoint de la douane béninoise et depuis hier, le rwandais Pascal Nyamulinda, est nommé Directeur général de l’Agence Nationale d’Identification personnelle (ANIP). Richard Dada nommé quelques semaines avant à la tête de la direction générale de l’Agence nationale des transports terrestres (ANATT) serait également un expatrié. A la tête du premier réseau global béninois, Celtis, c’est encore le cas. Des nominations qui suscitent bien d’interrogation chez le Béninois lambda. N’y a-t-il plus de Béninois capables de gérer ces structures. Et tous ces enfants du pays qui émergent à l’extérieur et qui font la fierté du Bénin dans presque tous les domaines ? Ne peut-on pas faire appel à quelques-uns ? Ou bien, comment se fait-il qu’on confie à des expatriés, des postes de responsabilités stratégiques qui relèvent parfois de l’intégrité des Béninois ? Autant de questions qui circulent sur les lèvres, dans les débats autour d’un pot, dans les bus de transport en commun ou parfois même sous forme de blague lors des échanges téléphoniques.
Ce qui en réalité est tout à fait normal puisque depuis l’avènement du renouveau démocratique en février 1990 où les régimes ont commencé par se succéder régulièrement et de façon démocratiques à la tête du pays, il n’y a jamais eu autant de promotions de cadres expatriés à la tête des sociétés et agences spécialisées du pays. Le pays serait-il à ce point un désert de compétence ? Ou carrément, ce sont des nominations qui cachent d’autres réalités pour l’instant inconnues.
À tort ou à raison ?
Le port autonome de Cotonou reste et demeure le poumon de l’économie béninoise. Le gouvernement béninois a décidé depuis 2016 d’engager des réformes pour sa modernisation et sa compétitivité. Une réforme qui a abouti à un contrat de gestion délégué avec le port d’Anvers. Ce qui sans doute a donné lieu à la nomination de monsieur Joris Albert THYS en tant que Directeur général qui s’est fait entourer par une équipe composée majoritairement de Belge à la direction du port autonome de Cotonou. Cette réforme aussi compréhensible et logique qu’elle puisse être depuis 2018, il se constate également une stabilité et une amélioration dans la gestion du poumon de l’économie béninoise.
Parlant du cas de la SBEE, c’est également sous la base d’une réforme structurelle que la Banque Mondiale, l’un des partenaires financiers dans le secteur de l’énergie a, de commun accord avec le gouvernement béninois, décidé de la gestion déléguée de la société béninoise d’énergie électrique avec une société canadienne. Ainsi, la société Manitoba Hydro International a démarré ses activités avec Jacques Paradis, qui n’a pas fait long feu à la tête de l’entreprise. Gérard ZAGRODNIK antérieurement directeur des études, projets et planification de la SBEE sous Jacques Paradis a été ensuite nommé directeur général. Il aurait certainement fait ses preuves en quelques mois seulement pour bénéficier d’un bonus de la part du gouvernement béninois qui lui confie cumulativement à ses fonctions de directeur général de la SBEE, la direction de l’Agence béninoise d’Électrification rurale et de Maitrise d’énergie (ABERME). Une succession de nomination que les Béninois n’ont pas critiquée autant surtout que le secteur de l’énergie constitue l’un des secteurs où le gouvernement du président Patrice Talon a le plus réussir.
Alors, si la nomination du sénégalais Boubacar Camara au poste de Directeur général adjoint des douanes et droits indirects n’a pas fait autant de bruit, celle du rwandais Pascal Nyamulinda à la tête de à l’Agence nationale d’Identification des Personnes (ANIP), reste incomprise. D’abord, le nommé serait un ancien maire démissionnaire de Kigali au Rwanda ou il aurait occupé également le poste de Directeur général de l’Agence nationale d’identification du Rwanda. Preuve de compétence ou nomination politique, pourrait-on se demander. Toujours est-il que cette nomination, loin de prouver son caractère réformiste puisqu’il n’est pas établi que le gestionnaire mandataire gérait mal, donne l’aire de l’abandon des donnés personnels de tous les Béninois dans les mains d’un expatrié qui plus, est d’un pays soupçonné d’être l’arrière-cour de l’actuel locataire de la marina. Cette politique reste encore incomprise de bon nombre de Béninois qui se demandent à quoi cela rime-t-il de confier une agence aussi sensible que l’ANIP à un expatrié, si depuis la mise en place du projet de l’agence jusqu’à sa mise en œuvre, tout a été conduit et exécuté par un Béninois qui pour l’instant n’a pas démérité.
A suivre…
Tognissè SOMALON