Servir des « repas de qualité » aux enfants dans le cadre du Programme National d’Alimentation Scolaire (PNASI) recommande une « procédure complexe » de l’achat à l’acheminement des vivres dans les écoles à cantines.
Le Programme Alimentaire Mondial (PAM) fournit le riz, le maïs, le niébé, le pois jaune, le sel, l’huile aux écoles à cantines. Ces vivres sont distribués dans 3 850 écoles environs pour nourrir plus de 650 000 élèves, selon des statistiques données par le Directeur adjoint au Programme Alimentaire Mondial (Pam) Bénin, Guillaume Amuli au démarrage de la rentrée scolaire 2021-2022. Les vivres sont achetés selon une « procédure complexe » car « le PAM attache beaucoup de prix à la qualité parce que ce sont des enfants qui vont être servis. Il faut qu’ils reçoivent la bonne qualité respectant les normes du PAM et aussi les normes du Bénin. Le PAM procède par (…) appels d’offres pour identifier les fournisseurs les mieux adaptés qui ont l’expérience, qui ont les stocks disponibles », indique Désiré N’DA, chargé des achats au PAM. Plusieurs autres acteurs interviennent dans le processus.
Appel d’offres…
Les potentiels fournisseurs de vivres s’inscrivent sur une plateforme. Le PAM a mis en place cette innovation pour assister les fournisseurs lors du processus d’appel d’offres qui ne se fait plus sous pli-fermé. « (…) C’est à travers cette plateforme-là qu’on leur envoie l’appel d’offres et eux (les fournisseurs potentiels, Ndlr) en répondant, nous ramènent l’appel d’offres. C’est pour sécuriser, pour la fiabilité, l’impartialité dans le processus. Il y a un Comité qui évalue les offres dès que nous les recevons, fait des recommandations au Management qui approuve et une fois que c’est approuvé, c’est à ce moment qu’on fait les contrats de bons de commande pour que le fournisseur ou le prestataire commence à faire ce qu’il a à faire (…) Aussi, on fait intervenir notre Superintendant, son rôle, c’est de vérifier la quantité et la qualité de ces produits que nous achetons », explique Désiré N’DA, chargé des achats au PAM. Le PAM travaille en collaboration avec un laboratoire accrédité par l’Etat béninois en l’occurrence l’Agence Béninoise de Sécurité Sanitaire des Aliments (ABSSA) « qui se charge de tester, d’analyser » les échantillons de vivres prélevés auprès des potentiels fournisseurs. « Selon le résultat ou le rapport qu’il nous transmet, c’est en ce moment qu’on informe le fournisseur. Si le produit est bon, on dit vous pouvez livrer, si ce n’est pas bon, on dit vous nous mettez un stock à disposition pour qu’on puisse réévaluer et on évalue une dernière fois », indique le chargé des achats.
Achats de vivres locaux et à l’international
Les vivres notamment le maïs et le niébé sont achetés au niveau local. « Pour les achats locaux, il y a deux types d’incoterms que nous utilisons souvent. Il y a le DAP, c’est en anglais, ça veut dire Delivery At Place qui a remplacé l’ancien DDU c’est-à-dire Delivery Duty Unpaid. Ça veut dire que le fournisseur nous livre dans notre magasin, dans notre entrepôt, la réception est constatée au niveau de l’entrepôt du PAM. Donc les fournisseurs locaux qui nous livrent les vivres locaux fondamentalement le maïs et puis le niébé, nous les recevons au niveau du magasin », explique Joseph Assouto, Chargé de Logistique et chef de l’unité Logistique au Programme Alimentaire Mondial (PAM) Bénin. En ce qui concerne la livraison des vivres achetés auprès des petits producteurs ou de coopératives agricoles, le PAM se charge de l’acheminement des vivres du magasin du fournisseur vers ses propres magasins. « Nous avons un entrepôt à Cotonou, 01 entrepôt à Lokossa, 01 entrepôt à Porto-Novo, 01 entrepôt à Bohicon, 01 à Parakou, 01 à Kandi, 01 à Djougou et puis 01 Natitingou. Donc, selon les aires que chaque entrepôt sert, nous faisons les calculs et nous répartissons les vivres vers les magasins compte tenu de la densité des écoles que ces magasins vont desservir », ajoute Joseph Assouto. Si 60% des achats sont effectués au niveau local, l’huile, le sel et parfois le riz sont achetés à l’international. Pour les achats à l’international, l’unité logistique du PAM « s’occupe du suivi des achats des vivres depuis le fournisseur jusqu’au port lorsqu’il s’agit des denrées que nous recevons au Port de Cotonou. La logistique s’occupe des formalités au niveau de la douane, des formalités administratives et puis aussi du transport du Port vers les magasins, de l’entreposage de ces vivres, d’assurer la qualité de ces vivres et puis le transport de ces vivres de nos magasins vers les écoles ou vers les autres centres de distribution des vivres », précise Joseph Assouto. En plus des fournisseurs, les transporteurs commerciaux sont sélectionnés à travers des « procédures de manifestation d’intérêt » dans la distribution des vivres dans les écoles à cantines. « Pour avoir ces transporteurs sur la liste restreinte, chaque année nous lançons l’avis à manifestations d’intérêt et les transporteurs potentiels qui sont intéressés répondent à notre avis à manifestation d’intérêt. Il y a un Comité qui est mis en place par le Représentant Résident qui assure la régularité du dossier puis étudie les dossiers envoyés par ces transporteurs. On les visite pour voir s’ils sont capables, s’ils ont les moyens pour pouvoir faire ce travail parce que c’est un travail très difficile surtout pour aller dans les écoles, ce n’est pas facile. Les écoles sont très difficiles d’accès et aujourd’hui pour accéder à ces écoles, il ne suffit pas d’avoir de gros camions mais il faut avoir des moyens adaptés parce que les camions n’arrivent pas à accéder à toutes les écoles. Donc, les transporteurs sont obligés d’utiliser des moyens adaptés. Ils sont des fois obligés d’utiliser des tricycles, même des barques, des pirogues, même des motos pour pouvoir livrer les écoles qui sont très difficiles d’accès », informe le chef de l’unité Logistique au Programme Alimentaire Mondial (PAM) Bénin. La répartition des vivres dans les écoles bénéficiaires se fait sur la base d’ « effectifs actualisés » et suivant un plan d’allocation. Selon Joseph Assouto, Chargé de Logistique et chef de l’unité Logistique au Programme Alimentaire Mondial (PAM) Bénin, le PAM fait le suivi de ses activités sur le terrain grâce à ses ONG qui circulent sur le terrain, qui visitent les écoles et actualisent les effectifs des écoles. C’est par rapport à ces effectifs que le plan d’allocation de vivres est établi et c’est par rapport à ce plan qui est signé par le PAM et le Ministère des Enseignements Maternel et Primaire que les vivres sont distribués dans les écoles à cantines.
Entre entrepôts du PAM et magasins des écoles
Dans les écoles bénéficiaires du Programme National d’Alimentation Scolaire (PNASI), la conservation des vivres se fait en plusieurs étapes. Lors de la réception, les sacs de vivres sont disposés par catégorie de denrées (maïs à part, riz à part, légumineuses à part, et sel à part) sur des palettes de manière à ce que les denrées ne soient pas collées contre le mur. « Les légumineuses (pois jaune ou haricot blanc) sont conservées avec la plus grande prudence. On procède régulièrement à leur séchage et leur reconditionnement dans des bidons d’huiles vides de 25kg avec du piment rouge communément appelé « DANHOMÈ TAKI qu’on ferme hermétiquement, cette méthode empêche l’oxydation et l’envahissement des légumineuses par les charançons (insecte rongeur, Ndlr) », explique Anicette Houngnon, médiatrice de la zone Zè. Le sel est reconditionné dans des plastiques à couvercle pour éviter qu’il ne suinte, coule ou que l’iode qu’il contient ne se volatilise. Une méthode particulière de conservation des vivres est utilisée dans les écoles menacée par les insectes et autres rongeurs. « Des feuilles fraîche de Neem sont disposées dans les magasins les plus dérangés par les chauves-souris. Les feuilles sont aussi utilisées au niveau des toits des magasins pour boucher les trous donnant accès au magasin. Leur odeur chasse les chauves-souris », confie la médiatrice.
Selon Désiré N’DA, chargé des achats au PAM, le défi du PAM, est d’atteindre environ 90% d’achat de produits pour les cantines localement. « (…) Nous sommes à environ 60 % parce que l’huile, le sel ne sont pas achetés localement et parfois le riz aussi. Mais si nous arrivons à avoir le riz localement en fonction des tonnages que nous avons besoin et que nous avons aussi l’huile et le sel, on sera à 100% », projette-t-il.
Par Marc MENSAH