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Financement de la planification familiale : Le Bénin doit tenir ses promesses

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Le respect des engagements financiers du Bénin en faveur de la planification familiale est primordial pour consolider et amélioration les gains âprement acquis ces dernières années en matière de santé de la reproduction et de planification familiale.
Alors que la planification familiale constitue l’une des interventions les plus bénéfiques pour l’amélioration de la santé et du développement en général, le Bénin accuse un retard conséquent dans le domaine avec des indicateurs peu reluisants car le pays possède encore un taux de fécondité parmi les plus élevés et les femmes et leurs nouveau-nés continuent de mourir en vain. Selon la 5e Enquête démographique et de santé, la dernière en date (Eds 2017-2018), l’Indice synthétique de fécondité est de 5,7 enfants par femme ; le taux de prévalence contraceptive moderne piétine à 12,4% pour les femmes en union, et 5,6% pour les moins de 20 ans et les besoins non satisfaits en s’élèvent à 32%. En matière de santé maternelle, néonatale et infanto-juvénile, malgré les progrès de ces dernières années, le fardeau reste lourd avec jusqu’à 391 décès pour 100 000 naissances vivantes, un taux de mortalité néonatale de 30‰, ou encore un taux de mortalité infantile de 55‰ selon l’Eds 2017-2018.

L’accès aux méthodes de contraception modernes, qui permettent aux femmes et aux familles d’espacer et de limiter leurs naissances, réduit le risque de mortalité maternelle et infantile. La planification familiale sauve des vies en prévenant les grossesses non désirées, en réduisant le nombre d’avortements à risque, ainsi qu’en diminuant l’incidence des décès et des maladies liés aux complications de la grossesse et de l’accouchement
Depuis la Conférence internationale pour la population et le développement (Cipd) du Caire en 1994, le Bénin a pourtant inscrit la santé de la reproduction comme l’un des axes prioritaires de sa politique sanitaire. Pour témoigner de l’engagement politique, une ligne spéciale est allouée depuis 2006 à l’acquisition de produits contraceptifs. En 2011, le Bénin a signé le Partenariat de Ouagadougou qui vise le repositionnement de la planification familiale dans les politiques et stratégies. En novembre 2013, lors de la Conférence internationale sur la planification familiale tenu à Addis-Abeba en Ethiopie, le pays avait souscrit à huit engagements dont celui de sécuriser et augmenter d’au moins 10% par an, la part contributive du gouvernement dans le budget alloué à l’achat des produits contraceptifs. Il avait aussi pris l’engagement (engagement confirmé à Londres en 2017), d’augmenter le budget alloué par le gouvernement à l’achat des produits contraceptifs de 100 millions à 250 millions de FCFA.
D’après le « Document de position des organisations de la société civile pour le repositionnement de la planification familiale en 2021 » publié en décembre 2020 par Social Watch Bénin avec l’appui de Pai, ce dernier engagement n’a été honoré qu’en 2019, puis, ce budget a dégringolé, tombant à 100 millions en 2020 avant de chuter à 50 millions en 2021. Cette même année, le Bénin a pris un nouvel engagement financier, plus ambitieux à savoir, « à partir de 2022 et sur la base des 250 millions de francs CFA affectés en 2019, augmenter de 10 % chaque année le budget alloué par le gouvernement à l’achat des produits contraceptifs pour porter la part contributive de l’Etat à 403 millions en 2026 ».

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Ne pas perdre les gains âprement acquis
Pour la Coalition des Organisations de la société civile pour la planification familiale (Coalition OSC/PF) le respect de ces engagements est un défi que le Bénin devra nécessairement relever pour éviter le pays perdre les gains âprement acquis ces dernières années.
Dans son rôle de veille, la Coalition OSC/PF monte régulièrement au créneau pour appeler le gouvernement à tenir ses promesses. Après sa sortie de septembre dernier, la Coalition est revenue à la charge le 22 décembre 2022. A l’occasion, Jérôme Chatigre, son coordonnateur a insisté sur la nécessité de maintenir la veille, assurant que la société civile ne baissera pas les bras tant que le gouvernement ne tiendra pas ses promesses, même s’il a salué la volonté politique affichée au profit de la promotion de la planification familiale au Bénin. Il faut dire que le non-respect de cet engagement pourrait avoir des implications dramatiques, notamment l’accroissement du nombre de décès maternels liés aux grossesses, l’accroissement du nombre de décès d’enfants liés aux grossesses à haut risque, l’accroissement du nombre de grossesses non désirées ou encore un nombre important d’avortements à la suite de grossesses non désirées.
Même si la volonté politique affichée au profit de la promotion de la planification familiale au Bénin est à saluer, la Coalition OSC/PF continuera le plaidoyer pour le respect non seulement de l’engagement financier mais de tous les engagements pris par le Bénin, a annoncé son coordonnateur.
Pour rappel, en plus de revoir à la hausse son engagement financier, le Bénin a pris trois autres engagements. Il s’est engagé à assurer la gratuité de la planification familiale à toutes les filles et femmes en âge de procréer d’ici à fin décembre 2022 ; à accroître la prévalence contraceptive à travers l’amélioration de l’accès et de l’offre des services adaptés, et à réduire le taux de rupture de stock de 78% en 2019 à 35% en 2026 à travers l’amélioration de la disponibilité des produits contraceptifs jusqu’au dernier kilomètre.
Il urge donc que le gouvernement traduise ces engagements en actes afin de relever les indicateurs, sortir le Bénin du bas du classement dans la sous-région et capturer le dividende démographique. A titre de comparaison, en 2022, le taux de prévalence contraceptive moderne à atteint 25% en Côte d’ivoire et 31% au Burkina-Faso, deux pays membres du Partenariat de Ouagadougou.

F.N

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