Learder de l'information

“BOAD Development Days” : A Lomé, la BOAD redéfinit ses ambitions pour le financement du développement

0 72

Face à la vulnérabilité énergétique et alimentaire de la région, la BOAD engage une mue. Au forum de Lomé qu’elle a tenu du 12 au 13 juin 2025, l’institution bancaire a réaffirmé sa volonté d’innovation dans les outils de financement, l’agriculture durable et la finance climat, sous l’impulsion du Plan Djoliba.

Face aux pressions climatiques, l’insécurité et les limites des approches conventionnelles dans la sous région, la Banque ouest-africaine de développement (BOAD) entend faire basculer son modèle. Réunis à Lomé pour la première édition des BOAD Development Days, près de 200 décideurs venus d’Afrique de l’Ouest, d’Europe, du Maghreb et de la diaspora ont réfléchi sur “Comment réinventer le financement du développement pour répondre aux urgences d’aujourd’hui”. « Nous nous trouvons à un carrefour stratégique de l’histoire de notre monde », a lancé d’entrée Serge Ekué, président de la BOAD. Un message assumé : le statu quo n’est plus une option. En toile de fond, deux chantiers majeurs : l’accès à une énergie propre et la relance d’une agriculture résiliente. Depuis 2021, la BOAD a activé son virage stratégique à travers le Plan Djoliba. Le forum a permis d’en dresser un premier bilan : à mi-2025, 98,8 % des engagements sont réalisés. Sur quatre ans, 39 % des financements énergie sont allés aux renouvelables. Résultat : 1 440 MW de capacités solaires supplémentaires dans plusieurs pays comme le Togo, le Burkina Faso ou la Côte d’Ivoire. En parallèle, 163,4 milliards FCFA ont été consacrés à l’atténuation climatique, et 79 milliards à l’adaptation. « L’avenir ne peut plus être piloté avec les instruments d’hier », soutient Ekué, qui voit dans cette mutation une opportunité d’autonomie économique pour l’UEMOA.

Des outils financiers à géométrie régionale

Related Posts

Refus des avis de taxe foncière : La DGI dénonce et met en…

Au cœur de cette stratégie, la création de nouveaux instruments : un Fonds Climat de 50 milliards FCFA, une ligne de dette verte de 500 millions USD, et des prêts dits « catastrophes » (PACAN), expérimentés au Bénin, au Togo, au Sénégal et en Côte d’Ivoire. L’objectif : absorber les chocs, accélérer la transition énergétique et rendre les territoires plus agiles face aux aléas. « Il nous faut sortir des sentiers battus pour imaginer et concevoir des solutions nouvelles », martèle le président de la BOAD, qui veut faire de l’institution un « orchestrateur systémique du développement régional ». Autre levier : la relance d’une agriculture mieux structurée. Malgré l’emploi de 60 % de la population dans le secteur, les rendements peinent à décoller. Pour la BOAD, il faut refondre les chaînes de valeur autour de l’irrigation, de l’agro-industrie locale et de l’agriculture climato-intelligente. Plus de 23 000 PME ont déjà bénéficié de financements sur la période 2021–2025. Ambroise Kafando, directeur de la stratégie à la BOAD, souligne un impact concret : « 3 800 km de routes rurales ont été construites ou réhabilitées. Cela change l’accès au marché, cela change le quotidien des producteurs. » Une approche intégrée qui vise à réduire les fractures économiques entre les zones urbaines et rurales.

Sécurité et cohésion régionale : un enjeu transversal

Dans les débats, une autre réalité s’est imposée : sans stabilité, aucune dynamique de développement ne tient. Le ministre togolais de l’Économie, Essowè Georges Barcola, a rappelé que les conflits et tensions politiques freinent les investissements et fragilisent les acquis. D’où l’intérêt de créer un écosystème régional de confiance, articulé autour de la collaboration et de la mutualisation des efforts. Avec 3 300 milliards FCFA injectés dans les économies de l’UEMOA sur quatre ans, et 4 510 milliards si l’on compte les ressources mobilisées auprès de partenaires extérieurs, la BOAD affirme désormais un rôle de levier collectif. À Lomé, les Development Days ont posé les bases d’une nouvelle posture : plus offensive, plus expérimentale, plus territorialisée. Reste à inscrire cette volonté dans la durée, au plus près des réalités locales.

S.T

Leave A Reply

Your email address will not be published.