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Réforme carcérale : Le Bénin humanise ses prisons 

-Ce que dit vraiment le décret du 9 octobre 2024 -Une réglementation mal comprise mais salutaire

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Le décret n°2024-1153 du 9 octobre 2024 portant organisation et régime intérieur des établissements pénitentiaires marque une véritable avancée humaine dans la gestion du système carcéral béninois. Loin des polémiques et interprétations erronées, notamment au sujet des visites en milieu carcéral, il vient moderniser les règles de détention tout en plaçant l’humain au centre des préoccupations.

C’est une réforme salutaire, inspirée du Code de procédure pénale, qui répond à des préoccupations de fond : dignité des détenus, réinsertion sociale, sécurité, et respect des droits fondamentaux. Signé par le chef de l’État, le décret n°2024-1153 du 9 octobre 2024 portant organisation et régime intérieur des établissements pénitentiaires s’offre comme une réglementation à visage humain. Et pour cause, les nouvelles dispositions placent la récupération de l’individu au cœur de la gestion. On le sait, l’un des points les plus débattus de ce décret concerne la réorganisation des modalités de visite aux détenus, régie désormais par les articles 107 à 122. À partir du 1er août 2025, les visites sont autorisées uniquement sur présentation d’un permis de visite ou d’une autorisation délivrée par une autorité compétente. Cette exigence, loin d’être une volonté de restreindre l’accès aux détenus, vise au contraire à garantir la sécurité des établissements et à mieux structurer les liens sociaux entre les détenus et l’extérieur. Le texte prévoit plusieurs types de visites : judiciaires, affectives, conjugales, ou dans le cadre de la réinsertion. Pour les visites conjugales, par exemple, des assouplissements sont prévus, notamment la possibilité pour un enfant du détenu d’accompagner son parent en détention, sans permis additionnel.

La réinsertion au cœur de la réforme

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Au-delà des visites, le décret s’attèle à un enjeu majeur : la réinsertion socio-professionnelle des détenus. Entre les articles 130 à 138, le texte précise les modalités d’organisation du travail en milieu carcéral. L’objectif est clair : permettre aux détenus d’acquérir des compétences professionnelles, valorisables une fois leur peine purgée. Une démarche essentielle pour prévenir la récidive, réduire la délinquance et offrir une véritable seconde chance. C’est dans cette optique que des centres de formation technique, des fermes pénitentiaires et des établissements hospitaliers pourront être créés, en fonction des besoins des détenus et de leur profil. Une révolution silencieuse mais déterminante, qui redéfinit la finalité même de l’incarcération au Bénin : non pas uniquement punir, mais surtout réparer, réinsérer et reconstruire.

 

Trêve de polémiques 

Face aux interrogations, parfois légitimes, relayées notamment sur les réseaux sociaux ces dernières semaines, une équipe de votre journal a mené des investigations à la prison civile de Cotonou, Missérété et Abomey-Calavi. Le moins qu’on puisse dire, est que les directeurs d’établissements n’inventent rien. Ils ne font qu’appliquer la loi. Le décret n°2024-1153, consultable par tous, mérite une lecture attentive pour mieux en saisir les avancées et la logique. Les familles, les avocats, les détenus eux-mêmes, pourront s’en rendre compte. Ce décret s’inscrit dans un chantier plus large de modernisation des institutions béninoises. Il consacre la volonté du chef de l’État de hisser le Bénin parmi les nations respectueuses des droits humains, même dans ses prisons. En réorganisant les établissements selon la nature des peines et le profil des détenus (maisons d’arrêt, centres de détention, camps pénaux) le Bénin se dote d’un outil de gestion moderne, adapté aux réalités sécuritaires et humaines du moment. Au final, le décret n°2024-1153 n’est pas une contrainte, mais une opportunité. Celle de bâtir un système pénitentiaire plus juste, plus humain, et résolument tourné vers l’avenir.

Rafiou Lawal

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