Marchés céréaliers africains : Les achats de produits agricoles français en baisse, 114 millions $ de pertes en 2024
Les livraisons françaises de produits agricoles et agroalimentaires vers l’Afrique ont chuté de 2 % en 2024, selon France Agrimer. Un repli alimenté par la baisse des achats de blé en Afrique subsaharienne, dans un contexte de compétition géopolitique et de diversification des fournisseurs.
Le paysage commercial agricole entre la France et l’Afrique se redessine. En 2024, les exportations françaises vers le continent africain ont généré 5,1 milliards d’euros, soit environ 5,8 milliards de dollars, affichant une baisse de 2 % comparée à 2023. Ce recul, révélé par le rapport annuel de France Agrimer, se traduit par un manque à gagner de près de 114 millions de dollars pour les filières agricoles et agroalimentaires hexagonales. L’Afrique reste toutefois le troisième débouché hors Union européenne des exportations françaises dans ce secteur. Mais sous cette stabilité relative, se cachent de fortes disparités. En Afrique subsaharienne, les achats français ont chuté de 3,4 %, affectés notamment par la baisse de 16 % des commandes de blé, un produit historiquement dominant dans les échanges. Cette tendance reflète une mutation plus large du marché, marqué par la montée en puissance de la Russie et d’autres fournisseurs plus compétitifs sur le plan tarifaire, particulièrement dans les pays d’Afrique de l’Ouest. La Côte d’Ivoire se distingue par sa progression, avec des achats atteignant 444 millions d’euros (+3 %), alors que l’Afrique du Sud, le Sénégal et le Cameroun affichent une légère contraction de leurs importations. L’ensemble de la région subsaharienne concentre encore près de 54 % de la valeur des exportations françaises vers l’Afrique, mais sa dynamique ralentit. À l’inverse, l’Afrique du Nord présente un visage plus stable. Les expéditions françaises y ont totalisé 2,36 milliards d’euros, tirées par le Maroc, dont les importations ont franchi le cap du milliard d’euros. L’Algérie, deuxième importateur de la zone, affiche un léger recul, notamment dans les produits laitiers, affectés par les tensions diplomatiques entre Alger et Paris. Cette situation a favorisé le réajustement des approvisionnements algériens au profit de pays comme la Pologne ou la Belgique. Le recul africain s’inscrit dans une dynamique plus globale : les exportations agricoles françaises hors UE ont décliné de 0,8 %, et de 4 % pour les produits bruts. Face à une concurrence plus affirmée sur les marchés africains, la France est poussée à repenser ses stratégies, particulièrement sur les produits de base comme le blé, désormais moins compétitifs face à une offre diversifiée.
S.E
