Bancaire africaine de développement : Akinwumi Adesina dresse un bilan positif et fixe le cap pour son successeur
(« 565 millions d’Africains impactés » en 10 ans)
En marge des Assemblées annuelles 2025 de la Banque africaine de développement à Abidjan, Akinwumi Adesina a présenté le bilan de ses dix années à la tête de l’institution. Avec 565 millions de vies impactées, le dirigeant sortant transmet un héritage exigeant à son successeur, dans un contexte géopolitique et économique plus tendu.
L’heure est au passage de témoin à la Banque africaine de développement (BAD). Président sortant, Akinwumi Adesina a profité d’un échange avec les médias, en marge des Assemblées annuelles 2025 à Abidjan, pour exposer les fruits d’une décennie de pilotage marquée par les résultats des « High 5 », les priorités stratégiques de l’institution. Un exercice de vérité, mais aussi une feuille de route implicite pour celui ou celle qui prendra la relève dans un environnement de plus en plus fragmenté. « Plus de 565 millions d’Africains ont vu leur quotidien transformé », a rappelé Adesina, chiffres à l’appui. Derrière ces indicateurs, des projets emblématiques : l’usine de traitement des eaux usées de Gabal El Asfar en Égypte, le pont Senegambia, ou encore le programme alimentaire d’urgence de 1,5 milliard USD, devenu un rempart face à la vulnérabilité agricole. Mais plus encore que les infrastructures, le président sortant a souligné la portée humaine de l’action de la BAD : électricité, eau potable, assainissement, mobilité… autant de secteurs dans lesquels l’institution s’est inscrite comme un levier tangible de transformation. Le bilan est aussi financier. Entre 2015 et 2025, le capital de la BAD est passé de 93 à 318 milliards de dollars. Le Fonds africain de développement a été reconstitué à hauteur de 8,9 milliards de dollars, et de nouveaux instruments comme la titrisation synthétique ont renforcé la résilience institutionnelle. Ces innovations ont valu à la Banque d’être saluée comme référence parmi les institutions multilatérales mondiales. Cependant, l’héritage est aussi un défi. Le futur président hérite d’un contexte mouvant : retrait partiel de certains bailleurs, instabilité climatique, dépendance alimentaire, fiscalité fragile et pression démographique. Si le cap stratégique est posé, sa mise en œuvre demandera agilité, conviction et coalition d’intérêts. L’initiative « Mission 300 », visant à électrifier 300 millions de personnes d’ici 2030, illustrera la capacité du prochain dirigeant à maintenir le niveau d’ambition. La suite se joue désormais dans les couloirs. Le profil recherché devra conjuguer technicité, diplomatie, vision de long terme et compréhension des nouvelles dynamiques du développement. Un défi à la hauteur de l’empreinte laissée par Adesina.
A.E