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Diffusion des comptes extérieurs 2023 du Bénin : Un déficit de 405.3milliards, des mesures pour inverser la tendance  

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La Direction nationale Bénin de la Banque centrale des Etat de l’Afrique de l’ouest (BCEAO) avec l’appui de l’Institut national de statistique et de démographie (INStaD) a procédé le jeudi 20 Février 2025 à la diffusion des comptes extérieurs 2023 du Bénin. Il se dégage une dégradation de la situation par rapport à l’année précédente. 

Oslo C. WANOU

C’est le Directeur de cabinet du ministre d’État, Ministre de l’économie et des finances en charge de la coopération, Hermann Orou Takou qui a procédé à l’ouverture de la cérémonie de présentation. Dans son intervention, le DC/MEF a rappelé que 2023 a été marquée par des incertitudes croissantes et le Bénin n’a pas été en marge. Au plan local, le gouvernement a-t-il indiqué, poursuit la transformation structurelle économique. A cet effet, priorité a été donnés au la Zone industrielle de Glo-Djigbé (GDIZ). On note aussi l’émergence de deux nouvelles filières (noix de cajou et Soja) et une << très forte résilience aux différents chocs extérieurs>>, ce qui a induit une croissance de 6,4 et 6,7% respectivement en 2023 et en 2024 puis des taux d’inflation de 2,7% en 2023 puis 1,2% en 2023. Place a été ensuite faite à la diffusion des comptes extérieurs présentés par Didier Noukpo et Tamègnon Célestin Semévo. Dans la prestation, Il a été évoqué successivement le contexte en 2023, les principales composantes de la balance des paiements (acquisition nette de titres de créances et de titres de participations inférieures à 10%, émissions nettes de titres de créances par l’acquisition publique 100,4 milliards FCFA, soldes d’investissements de portefeuille -52,6 milliards) ; les recommandations diverses de la BCEAO. Globalement, on note que les échanges extérieurs du Bénin en 2023 se sont déroulés dans un contexte international marqué par la poursuite du ralentissement économique observé en 2022 et le durcissement des conditions financières par les banques centrales en réponse à la crise inflationniste mondiale.

Les conditions d’échanges laissent apparaître un déficit du solde global de la balance des paiements (ensemble des opérations courantes) de 405.314,0 millions de FCFA, après un excédent de 12.708,3 millions enregistré au titre de l’année 2022. Ce déficit en rupture avec le solde excédentaire enregistré depuis 2018 se traduit par une baisse du déficit de la balance des biens, l’accentuation du déficit des services et du revenu primaire et l’amélioration de l’excèdent du compte de revenu secondaire. Ce solde global déficitaire résulte notamment d’une dégradation du déficit des transactions courantes et de capital plus important que l’accroissement de l’excédent du compte financier. En effet, le déficit structurel du solde des transactions courantes, rapporté au PIB, s’est renforcé en ressortant à 8,2% en 2023 contre 5,7% une année plus tôt, en relation avec une forte progression des importations nettes de services (+171,1%) et un accroissement des paiements nets de revenus primaires (+47,0%) faiblement contenues par l’amélioration des entrées nettes de ressources au titre des revenus secondaires (+58,7%) et du compte de capital (+6,2%). La balance commerciale au Bénin en 2023 a été marquée par une progression des importations de biens (+3,9%) moins importante que celle des exportations de biens (+6,1%), ayant induit une diminution du déficit commercial (-8,4%) en 2023. Cette évolution résulte principalement de l’effet conjugué du repli des importations de biens intermédiaires (-14,8%) en lien avec la fin de l’exécution physique au troisième trimestre 2023 des travaux de construction du Pipeline Niger-Bénin, du recul des importations de produits énergétiques (-9,1%) et d’une hausse des importations de biens d’équipements (+43,6%) utilisés dans l’installation des usines au sein de la Zone industrielle spéciale de Glo-Djigbé. L’accroissement des exportations s’explique par une hausse fulgurante des ventes à l’étranger de noix de cajou (+229,6%) et de soja (+889,9%) en lien avec les activités de la GDIZ. Le solde du revenu primaire s’est creusé de 47,0% en 2023 pour s’établir à -114.827,5 millions de FCFA, en relation avec la progression des revenus nets payés aux non-résidents au titre des revenus des investissements (+41.145,2 millions de FCFA). Selon Emmanuel Junior Assilamehoo, Directeur national de la BCEAO pour le Bénin, la forte dégradation notée en 2023 est due au déficit des transactions courantes qui n’ont pas été entièrement compensées par le compte financier. Le problème fondamental au Bénin a-t-il commenté, le déficit du compte courant provient de choix assumés : l’industrialisation qui a induit une forte importation de biens et d’équipements. Il y a eu également en 2023, une dégradation de la balance des services. Toutefois, vue sur le quinquennat, les tendances se sont améliorées. Un focus sur quelques biens indique que l’exportation de cajou (brutes et transformés) a triplé tandis que celle de soja a décuplé. Mais l’élan en cours à Glo-Djigbé devrait permettre d’inverser la tendance très prochainement.

 

Du poids de l’informel et engagements des non-résidents

La présentation a insisté sur le poids de l’informel notamment dans les exportations (74%) avec deux destinations en tête, le Nigeria et l’Asie. Au niveau des flux financiers, les entrées nettes de capitaux s’établissent à 3,8% du PIB contre 4,7% en 2022, principalement sous l’effet du reflux des émissions de titres de créance par les administrations publiques (-43,5%) atténué par l’amélioration des investissements directs étrangers reçus (+27,1%) et les tirages publics effectués (+40,4%). Les entrées nettes d’investissements directs sont ressorties à 260.831,4 millions (2,2 % du PIB), en hausse de 27,1% par rapport à 2022 où ils s’étaient établis à 205.199,3 millions (1,9% du PIB).

L’engagement des non-résidents, a progressé selon la BCEAO. Cette évolution reflète une augmentation des engagements extérieurs plus forte que celle des actifs extérieurs. Il en est de même des passifs financiers portés par les investissements de portefeuille. A fin décembre 2023, le Bénin a un passif financier net de 5.247 milliards FCFA.

Des mesures pour contenir le déficit

Afin de contenir l’aggravation du déficit structurel du compte courant et de renforcer les entrées de ressources au niveau du compte financier, la BCEAO a suggéré une série d’actions à engager par le gouvernement et le secteur privé. Il est ainsi recommandé au premier de poursuivre le programme d’industrialisation du Bénin, en particulier dans la transformation des produits agricoles et la production d’emballages ; de poursuivre les réformes visant l’amélioration de l’environnement des affaires, créant notamment les conditions pour une mise en œuvre satisfaisante des nouveaux projets portés par les investisseurs privés nationaux et étrangers; d’intensifier l’appui de l’ADPME aux entreprises, notamment celles fournissant des offres de services spécialisés (informatique, télécommunication, maintenance,…) ; de poursuivre la promotion d’industries culturelles et touristiques, à travers le renforcement de l’attractivité des sites touristiques et l’amélioration de la qualité des œuvres artistiques et culturelles ; de poursuivre le renforcement de la gestion de la dette, en continuant de viser la réduction du coût et des risques de change dans la stratégie d’endettement. Quant au second, le secteur privé, il est invité à se positionner sur les opportunités offertes par le Gouvernement, en investissant notamment dans la zone économique spéciale de Glo-Djigbé ; des relations financières extérieures.

Le rapatriement des recettes d’exportation, un enjeu

Le rapatriement des recettes d’exportation a fait objet de longs échanges à l’occasion de cette édition de la diffusion des comptes extérieurs du Bénin. Pour cause, s’il est vrai qu’il y a de la croissance, cela ne ressort pas dans les avoirs de ressources des États. C’est pourquoi, la BCEAO a lancé un appel pour la prise en compte des enjeux de rapatriement des recettes. La BCEAO a appelé à des propositions dans ce cadre. Des participants ont invité la BCEAO a intensifié la sensibilisation et les ateliers de réflexions, ce qu’elle ne manque pas de faire déjà selon le DN. Nombreux de participants semblent cependant ignorer les nombreux efforts. La BCEAO a promis donc une meilleure vulgarisation des actions et surtout des textes en la matière comme elle a entamé depuis un moment déjà. <<C’est l’occasion de partager nos textes avec tous>> a précisé le DN/BCEAO Bénin. La séance s’est achevée par les mots de remerciement du Directeur général de l’INStaD, modérateur des débats.

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