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Economie : «Les investissements directs étrangers et le revenu national», selon Pr Amath Ndiaye

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L’Investissement Direct Etranger (IDE) se définit comme un investissement réalisé par une entité résidente d’un pays donné dans une entreprise résidente d’un autre pays, dans le but d’acquérir un intérêt durable. La notion d’intérêt durable suppose qu’il existe une relation à long terme entre l’investisseur direct et l’entreprise, et que l’investisseur exerce une influence notable sur la gestion.  Exemple : Toyota une entreprise japonaise implante une usine en France pour fabriquer des voitures de marque Toyota. 

L’IDE comporte plusieurs avantages pour le pays hôte dont:
– l’accès aux capitaux surtout pour les pays en voie de développement qui ont des besoins de financement chroniques
– l’accélération de la croissance économique puisque l’IDE apporte de nouvelles technologies, crée des opportunités d’emploi et donne accès à de nouveaux marchés mondiaux.
– le transfert de connaissances et de compétences au pays hôte.Cela peut aider à développer la qualité de main-d’œuvre localeet à augmenter productivité des facteurs de production.
– le développement des infrastructures notamment à travers le Build Operate and Transfer (BOT). Ainsi,  l’IDE permet la construction de routes, de ports et d’autres installations qui vont également bénéficier à l’économie locale.
L’Afrique est le continent qui attire le moins les investisseurs étrangers
Contrairement aux idées reçues, les firmes multinationales ont une faible préférence pour l’Afrique. Leurs destinations privilégiées sont les économies développées et les économies émergentes. Le Rapport sur l’Investissement dans le Monde 2024, publié par la CNCED, montre que l’Afrique n’a reçu en 2023 que 4% des investissement directs étrangers (42 sur un total mondial de 1332 milliards d’US Dollars). Le Graphique ci-dessous est assez éloquent quant à la marginalisation de l’Afrique en matière d’IDE.

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Mesure de l’impact de l’IDE sur le PIB
La Société européenne Schengen Pétrolium  et l’Etat de la République du Sahel ont créé, pour l’exploitation des puits de pétrole du Sahel,  une société pétrolière dénommée Sahel Hydrocarbures (SH) dans laquelle Schengen Pétrolium détient 82% des actions et l’Etat du Sahel 18%.
Pour l’année 2023, Sahel hydrocarbures a réalisé une production de 1500 milliards CFA hors taxes et a payé à ses fournisseurs de biens et services 600 milliards CFA. Les 600 milliards représentent donc la valeur des consommations intermédiaires (CI) de SH (matières et matériaux divers, eau, électricité, communication, sous-traitance et consultance, fournitures de bureau et informatiques, transport et déplacement, etc.).
A partir de ces données agrégées, on peut calculer la valeur ajoutée brute (VAB) de SH en 2023.  VAB = Production – CI = 1500 – 600 = 900.
Donc SH a créé directement une richesse économique de 900 milliards CFA en 2023. Par ailleurs, SH a payé des droits de douane de 5 milliards et versé 90 milliards de TVA les ventes  destinées au marché intérieur. Donc, indirectement SH a créé 95 milliards de richesse économique au bénéfice de l’Etat duSahel.
Si on fait la somme des richesses créées directement etindirectement, nous obtenons une richesse économique totalede 900 + 95 = 995 milliards CFA.
Rappelons qu’il ne faut pas confondre richesse créée (995) et Production ou chiffre d’affaires (1500). En effet, ce sont les 995 milliards qui vont être comptabilisés dans le PIB du pays et que vont se répartir SH, les travailleurs et l’Etat du Sahel.
Si on considère que les 40% de la VAB vont aux travailleurs comme salaires, alors la répartition primaire de la richesse totale créée se fera comme suit : salaires 240, Excédent Brut d’exploitation (EBE) 360, Etat (impôts indirects) 95.
Si on s’arrête à la répartition primaire, on peut considérer que l’économie nationale de la République du Sahel obtiendra au moins 335 milliards CFA de revenu, c’est à 48, 20% de la richesse totale créée grâce aux activités de SH. A ce niveau,l’on se rend compte que la République du Sahel gagne plus que ce que les actions de l’Etat, 18% du capital de SH, vont rapporter !

Notice:
Le grand public a besoin de connaître certaines notions de base de l’économie. Cela facilitera la compréhension des problèmes économiques et contribuera, nous l’espérons, à la « convergence » d’idées sur les politiques économiques. Nous ne sommes pas des donneurs de leçons. Nous pensons en toute modestie que nous devons nous rendre utiles comme tout le monde en partageant du peu que nous savons.
A propos du Pr Amath Ndiaye
Prof. Amath Ndiaye est un éminent économiste sénégalais, titulaire d’un Doctorat d’État en Sciences Économiques de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (2001) et d’un Doctorat de 3e cycle en Économie du Développement de l’Université de Grenoble, France (1987). Depuis 1987, il enseigne à la Faculté des Sciences Économiques et de Gestion de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Expert reconnu, il a collaboré avec des institutions prestigieuses telles que la Banque Africaine de Développement, la Banque Mondiale, et le FMI, se spécialisant notamment dans les domaines des taux de change, de la croissance économique, et du développement institutionnel. Il a également participé au projet de mise en place de la Banque Centrale Africaine sous l’égide de l’Union Africaine. Prof. Ndiaye est l’auteur de nombreuses publications influentes, notamment sur les régimes de change et la croissance économique en Afrique de l’Ouest. Trilingue, il maîtrise le wolof, le français et l’anglais.

Par Pr Amath Ndiaye

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