Clap de fin du programme POCAO à Cotonou : Un atelier d’exposition des recherches, pluie d’hommages au professeur Alary
Lancé depuis 07ans, le programme de recherche interventionnelle sur la santé sexuelle et l’équité pour les Populations Clés en Afrique de l’Ouest (POCAO) a connu son épilogue. C’est par un atelier de trois jours d’exposition et de dissémination des différents travaux de recherches du 6 au 8 décembre 2022 suivi d’une grande soirée d’hommage au Professeur Michel Alary, cheville ouvrière du POCAO.
Ils sont une cinquantaine de chercheurs venus du Bénin, du Burkina-Faso, du Mali, du Congo, d’Angleterre et du Canada à prendre part à l’atelier de clôture du Programme de recherche POCAO financé par les Instituts de recherche du Canada (IRSC).
Durant trois jours, les participants ont passé en revue, les résultats des travaux des recherches durant les sept années qu’a duré le projet POCAO dans chacun des pays de mise en œuvre. Présente à la clôture de l’atelier, Flore Armande Gangbo, coordonnatrice du Programme
national de lutte contre le Sida (PNLS) est revenue sur la pertinence de cet atelier. « Cette rencontre a offert le double avantage d’une coopération entre le Nord et le Sud et entre les chercheurs de l’Afrique de l’Ouest et des différentes cibles représentées ici » a témoigné la coordonnatrice du PNLS qui a poursuivi : « Au regard du bilan du programme POCAO exposé par le professeur Michel Alary, nous
pouvons dire grand merci aux IRSC, à l’Université Laval, au Centre de recherche du CHU du Québec, aux différentes institutions que nous représentons ici impliquées d’une manière ou d’une autre dans les différents résultats de recherche et à tous les participants. Un grand merci au professeur Michel Alary, cheville ouvrière de cette gigantesque œuvre scientifique mais également
humaine ». Sachant que le professeur Alary est appelé à faire valoir ses droits à la retraite, la coordonnatrice a invité l’équipe de recherche à poursuivre l’œuvre du « maître » qu’il a été. Unanimement, les membres de l’équipe de recherche ont salué l’œuvre de Michel Alary qui s’est dévoué depuis une trentaine d’année à la cause de la santé publique et de la recherche action dans ce domaine dans plusieurs pays africains. Pour le récipiendaire, c’est un plaisir de travailler avec les jeunes.
« Ça a toujours été un plaisir de travailler avec les jeunes car, c’est avec les jeunes qu’on est jeune. Merci aux étudiants qui ont daigné me choisir comme superviseur mais également à toute l’équipe du Bénin, aux amis du Burkina-Faso, du Mali que je porte aussi bien dans mon cœur et à toute l’Afrique où j’ai vécu des expériences formidables depuis mon premier voyage» a déclaré professeur Michel Alary.
Soirée d’hommages et de reconnaissance ; Alary, le maître aux multiples disciples
Pour témoigner leur reconnaissance au Maître, l’équipe de recherche a initié en hommage au Professeur Michel Alary, une soirée festive. A cette occasion, des témoignages aussi bien des étudiants de l’homme que de ses collèges de promotions lui ont été rendus. Ancien vice-recteur de l’Université d’Abomey-Calavi, Président de la médecine hospitalière au Ministère de la santé, Professeur Djimon Marcel Zannou, Médecin interniste qui a collaboré avec Michel Alary témoigne : « J’ai retrouvé avec Michel Alary, une famille de chercheurs dans laquelle j’ai passé plusieurs années et nous avons travaillé main dans la main avec une bonne ambiance et l’amitié qui ne finit pas ». C’est le même son de cloche chez les membre de l’équipe de recherche du POCAO qui ont reconnu le sens de l’humain de ce maître qui a d’ailleurs trouvé des opportunités de bouses à nombre d’entre eux pour faire leurs thèses. Avec plus de 70 voyages au Bénin, Michel Alary a réussi à intégrer la culture béninoise au service de la santé, ce qui lui a valu des attributs de la culture royale d’Abomey qui témoignent qu’il est non seulement un fils du terroir mais également un guide exemplaire pour la communauté de chercheurs encadrés dans plusieurs pays et continents et qui forme une famille. Diverses autres marques de reconnaissance lui ont été témoignées. Très heureux, Professeur Michel Alary n’a pu cacher ses émotions. « Ça me touche énormément. Je me sens vraiment comme chez moi. Comme je le dis souvent, ma deuxième nationalité, c’est le Bénin. J’essayais l’autre jour de compter le nombre de fois que je suis venu au Bénin, je n’arrive pas à trouver un chiffre précis mais ça avoisine 70 voyages. Toutes les fois, j’ai toujours été accueilli de façon fantastique» a-t-il déclaré plein de gratitudes, l’initiateur du programme de recherche POCAO. Il faut signaler que Michel Alary a été un acteur important dans les interventions des projets Sida 1 et Sida 2 au Bénin.
Témoignage du Professeur Djimon Marcel ZANNOU, Médecin interniste, ancien vice-recteur UAC/Bénin.
« Michel Alary, un don de soi pour la recherche »
Michel Alary, notre histoire date de très longtemps. En 2005, j’ai été coordonnateur du Programme national de lutte contre le Sida. C’est à cette occasion que nous avons commencé par travailler ensemble. Il était déjà sur les projets Sida 1 et Sida 2 au Bénin. Le projet Sida 3 avait commencé à l’époque et nous avons collaboré en ce moment-là. Ce qui m’a surtout intéressé chez Michel Alary, ce sont ses interventions dans le domaine de la recherche qui a permis de lutter efficacement contre cette maladie. C’est par la recherche qu’on a connu les déterminants de la transmission et d’agir sur ces déterminants et de réduire surtout dans le monde des personnes à haut risques pour le VIH/Sida, les travailleurs de sexe, il avait commencé par travailler là et on voit l’impact de ses interventions sur la prévalence dans cette populations. Plus tard, on a vu le développement des hommes ayant des relations avec des hommes, une poche pour la transmission du VIH et Michel Alary a poursuivi ses travaux de recherche dans ce domaine. Les fruits sont là. Lorsqu’on prend les travailleurs de sexe, au moment où il a commencé avec le projet Sida 1, 2 et 3, la prévalence de l’infection à VIH chez les travailleurs de sexe (TS) était à 50% puis ce taux est descendu progressivement jusqu’à 15% grâce à ses interventions. C’est une personne qui a beaucoup de cœur et qui sait donner. C’est un don de soi pour la recherche et pour la génération montante. Grâce à lui, plusieurs jeunes chercheurs ont pu grandir et obtenir les diplômes et grades. Ces projets de recherche comportent toujours un volet formation dans lequel il trouve des bourses pour que des jeunes aillent en se faire former. C’est tant de choses qui nous ont marquées…».
O. B. W.