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Pour un suivi nutritionnel : Activités ludiques et formation s’allient à l’EPP Oukon-Ahlan

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A l’Ecole Primaire Publique (EPP) Oukon-Ahlan sise dans la commune de Ouinhi, département du Zou, la cantine ne sert pas qu’un repas chaud à midi aux apprenants. Le Programme National d’Alimentation Scolaire (PNASI) est orienté vers l’amélioration de l’état nutritionnel des trois cent cinquante élèves mais aussi de toute la communauté.

« Les légumes sont-ils des aliments énergétiques ou de force ? Citez deux vitamines ; Citez deux méthodes pour rendre l’eau potable ; Citez trois aliments à consommer pour éviter la cécité ». Sur la dernière question, les membres de l’équipe des ‘’panthères’’, un groupe de six élèves, se concertent rapidement et un élève répond : « huile rouge, papaye… ». Nous sommes à l’Ecole Primaire Publique (EPP) Oukon-Ahlan lors d’une séance de ‘’J’apprends la nutrition et l’hygiène en jouant’’, un jeu de cartes où les écoliers et écolières (CE2-CM1), se familiarisent avec les catégories d’aliments tout en améliorant leurs connaissances sur les bases de l’hygiène. Au niveau CP-CE1, les élèves apprennent, ce jeudi 31 mars 2022, à travers le puzzle, à reconnaître les trois groupes d’aliments : croissance, protecteurs, énergétiques. Les temps de jeu (15 à 20 minutes pour les cartes et 5 minutes pour le puzzle à arranger) sont déduits de l’horaire de cours une fois par semaine. Ces outils d’apprentissage ludiques du Programme National d’Alimentation Scolaire (PNASI) visent à améliorer l’état nutritionnel des apprenants. « Les séances d’éducation nutritionnelle dans l’école publique Oukon-Ahlan ont permis à nos enfants d’adopter  des comportements hygiéniques adéquats, des savoir-faire en matière de contenus c’est-à-dire les trois aliments qu’il faut dans un plat. Ça leur permet de manger sain et équilibré », témoigne Hervé Zoungan, le directeur de l’Ecole Primaire Publique (EPP) Oukon-Ahlan, une école située à 133 km de Cotonou et à environ 92 km de Porto-Novo, la capitale du Bénin. Le Directeur précise que les connaissances des apprenants s’améliorent également dans la discipline EST (Education Scientifique et Technologique) grâce aux outils ludiques du PNASI. Dans un contexte de carences alimentaires sévères, le PNASI est également axé sur le suivi nutritionnel. En effet, au Bénin, 32% des enfants (moins de 5ans) sont atteints d’un retard de croissance ou de malnutrition chronique, 11% sont atteints de malnutrition sévère, 1% présente une émaciation sévère et 2% sont en surpoids, selon l’Enquête Démographique de Santé (EDS 2017-2018). D’ailleurs, deux (02) cas d’insuffisance nutritionnelle ont été diagnostiqués au cours de l’année scolaire 2021-2022 à l’EPP Oukon-Ahlan.

Un même objectif, plusieurs activités…

 

En décembre 2021, lors de la prise des mesures anthropométriques (poids et taille), séances de suivi nutritionnel initiées dans le cadre de la mise en œuvre du PNASI, à  l’EPP Oukon-Ahlan, l’élève A.B. pesait 13,42 kg et T. J. une autre élève pesait 13,05 kg. La prise des mesures anthropométriques effectuée le 31 mars 2022, révèle que A.B. pèse 1 kg de plus et T. J. fait 1 kg de plus et une taille qui a augmenté de 0,2 cm passant de 1,10 mètres à 1,12 mètres. Cet « état normal » est le résultat de plusieurs actions en matière de nutrition.

Selon Antoine Amossou, président de l’Association des Parents d’Elèves (APE) d’Oukon-Ahlan, une démarche a été menée à l’endroit des parents des deux écoliers. « A l’école, comme nous avons les outils qu’il faut pour parer à ce mal, bous devinons clairement que c’est dû aux parents à la maison qui n’arrivent pas peut-être à suivre correctement les enfants sur le plan nutritionnel. Donc on a fait appel aux parents et avec les agents du PAM (Programme Alimentaire Mondial, Ndlr). Des consignes sont données aux parents. Ces agents vont même dans les villages, les maisons pour suivre les parents par rapport à quoi donner aux enfants pour qu’ils se portent mieux », explique le directeur de l’école. A l’endroit des autres acteurs de l’école (cuisinières, membres du comité de gestion de la cantine et de la communauté), des dispositions ont été également prises. Virginie Zossougbo est médiatrice de la cantine scolaire. Elle tient des séances d’éducation sur les bonnes pratiques d’alimentation, de nutrition et d’hygiène avec les cuisinières et les membres du comité de gestion de la cantine. Pour ce faire, un recueil de mets basés sur les produits locaux ayant des valeurs hautement nutritionnel a été élaboré par le PAM et mis à disposition de toutes les écoles bénéficiaires du programme de cantine scolaire. Plusieurs outils dont les affiches, les boîtes à image sont utilisées lors des séances qui se déroulent une fois par semaine et durent 20 à 25 minutes. « D’abord, le PAM forme les médiateurs et les médiateurs restituent (…) Le PAM identifie également des cuisinières qui se chargent de restituer la formation reçue aux autres cuisinières », ajoute la médiatrice de la cantine scolaire d’Oukon-Ahlan. « Avant l’avènement des séances d’éducation nutritionnelle et la prise des mesures anthropométriques, les enfants tombaient régulièrement malades si bien qu’à chaque fois dans une semaine, on peut avoir 5, 6 ou 7 enfants absents dans une classe pour cause de maladie », se remémore Hervé Zoungan, le directeur de l’Ecole Primaire Publique (EPP) Oukon-Ahlan. « On a remarqué une nette amélioration par rapport au cas de maladie », ajoute-t-il. Selon Albert Kakpo magasinier et Constante Gnonlonfin, présidente cantine de l’EPP Oukon-Ahlan, les enfants de l’école prennent de la bouillie de maïs enrichie au soja à 10 heures avant le repas chaud de midi depuis environ 3 à 4 mois. Une initiative possible grâce à la souscription de la communauté qui a pu collecter plus de 300.000 FCFA.

Les activités de la cantine sont également orientées dans la promotion de jardin scolaire et petit élevage qui permettent d’apporter des protéines animales aux repas des enfants chaque jour d’école.

Jardin et étang piscicole mis à contribution

Sur appui du Royaume des Pays-Bas qui soutient la mise en œuvre du PNASI, l’EPP Oukon-Ahlan sise dans la commune de Ouinhi, département du Zou, a mis en place un jardin scolaire et un étang piscicole. Dans le jardin d’une superficie de plus de 700 m2, poussent plusieurs spéculations dont la Marante, la Grande Morelle (‘’Gbo man’’ en langue locale fon), le Vernonia (‘’Aman vivê’’en langue fon), le Moringa, de la patate douce, des tubercules d’igname et des arbres fruitiers (bananier et papayier). « L’installation du jardin permet aux apprenants de manger des légumes », explique Albert Kakpo, magasinier. Le surplus de production est parfois vendu et permet à la cantine de disposer de ressources pour l’achat de condiments et moudre le maïs. L’étang piscicole fournit des tilapias qui apportent des protéines animales aux repas des enfants chaque jour d’école.

Le Royaume des Pays-Bas apporte une contribution complémentaire de plus de 11 millions de dollars US soit environ 6 milliards 500 millions FCFA au Programme National d’Alimentation Scolaire (PNASI) financé par le gouvernement du Bénin et mis en œuvre par le Programme Alimentaire Mondial, ses partenaires et ONGS.

Marc MENSAH

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