Tiraina Nguéto Yambaye sur les 45 ans d’exercice du FAGACE : « Le FAGACE est devenu une institution attractive avec des capacités très élevées »
Le Fonds Africain de Garantie et de Coopération Economique (FAGACE) a lancé le 10 février 2022 à Cotonou, la commémoration de ses 45 années d’activités sur le continent. A l’occasion, le Directeur général du Fonds s’est ouvert à votre média sur le parcours de l’institution, les procédés en matière de garanties et quelques-unes de ses perspectives. Lisez-plutôt…
45 ans de vie du FAGACE, qu’est-ce qu’on peut retenir depuis la création du Fonds ?
45 ans d’une institution de financement le FAGACE, c’est un âge de maturité. Le FAGACE a accumulé des années d’expériences, un savoir-faire qui est reconnu. Parce qu’étant donné que toutes les économies africaines ont besoin d’approfondir et d’accélérer le financement, le FAGACE a essayé de répondre aux attentes de toutes les économies des pays membres. Partant au début de 9 pays, nous sommes à quatorze. Le FAGACE est en train d’accélérer son processus en tirant les leçons du passé. Le FAGACE a mobilisé depuis sa création 2700.000.000.000 FCFA pour le financement des économies africaines. Certains vont penser que c’est peu, d’autres beaucoup, mais c’est un processus. Le FAGACE s’est développé en développant une expertise interne, à renforcer sa gouvernance. Aujourd’hui le FAGACE est noté AA sur le marché financier régional et international. C’est grâce à sa nouvelle gouvernance et le nouveau plan stratégique validé par le conseil de gouverneurs, qui sont les représentants des ministres des finances et des ministres eux-mêmes. Le FAGACE essaie de participer à la promotion des économies du secteur privé en particulier et accompagne les pays dans le financement des Programmes d’appui au développement sur les quinquennats. Une disposition interne du FAGACE qui dit depuis sa création, que 1/3 du capital est réservé aux institutions non étatiques, depuis sa création, 45 ans aujourd’hui, aucune institution non étatique n’a encore souscrit à son capital. Et Le nouveau plan stratégique 2021-2025 a prévu l’ouverture du capital aux institutions non étatiques, des institutions africaines et extra-africaines. On va donc vers un renforcement des fonds propres du FAGACE pour pouvoir augmenter ses capacités d’interventions. Aujourd’hui, le FAGACE ne travaille pas de manière trop centralisée mais de façon déconcentrée. Nous avons créé des bureaux d’informations et de liaisons dans chaque état membre afin que la culture de la garantie soit au rendez-vous. Que les banques et le FAGACE tiennent un même langage. A travers l’institut du FAGACE qui est un centre d’excellence qu’on a créé, nous organisons des sessions de renforcement des capacités et de partage d’expériences entre le FAGACE, une institution de garantie et les banques, les marchés financiers et les chambres de commerce. Le FAGACE innove donc dans ses méthodes de travail.
Le principal produit que vous offrez c’est la garantie. Alors en la matière, quel est le mécanisme qui existe ?
Le mode opératoire en termes de garantie du FAGACE a évolué dans le temps. Depuis le nouveau plan stratégique, le FAGACE qui est un maillon dans le mécanisme du financement du secteur bancaire traite essentiellement avec les banques. Nous encourageons les opérateurs économiques et les porteurs de projet qui veulent bénéficier de la garantie de FAGACE qui est un levier pour que les banques leurs donnent de crédit, de s’adresser d’abord à leurs banques. Dès qu’un porteur de projet s’adresse à sa banque, et les conditions préalables c’est d’ouvrir un compte bancaire. Dès que le compte est ouvert et que la banque examine le dossier, elle saisit le FAGACE et nous apportons systématiquement une garantie financière de 50%. Au cas où le projet fait faillite, le FAGACE rembourse à votre place les 50%. C’est ça le mode opératoire. Mais avec la création de l’institut du FAGACE, on organise chaque deux semaines des sessions d’échanges d’expériences et de renforcement de capacités avec les banques, les promoteurs de projets, l’Etat et les institutions de microfinances pour pouvoir voir comment on peut s’améliorer chaque jour.
Il est ressorti que vous privilégiez certains domaines notamment l’importation ou la construction. Pour ceux qu’il y a de l’agriculture, le domaine de l’agro-business en général. Nous avons observé que vos actions ne vont pas trop dans ce domaine-là. Qu’est-ce qui pourrait justifier cela et qu’est-ce qui se fait déjà pour améliorer le modus operandi ?
Nous couvrons tous les domaines. Les entrepreneurs ruraux, c’est là où en Afrique, il y a plus de potentiels. Aujourd’hui, le Bénin donne un bel exemple, parce que 12,5% du budget de l’État va au financement de l’agriculture et de l’économie rurale. Le FAGACE travaille avec les banques et surtout les institutions de microfinances et les fonds nationaux de garantie pour pouvoir faire la promotion de l’économie rurale à travers les entrepreneurs ruraux. Il n’est pas normal que l’Afrique ait faim. Nous avons tous les potentiels. Nous avons la terre, une bonne pluviométrie et la modernisation de l’élevage et de l’agriculture permettra à tous les pays membres du FAGACE de garantir une sécurité alimentaire et même d’exporter la nourriture qui va rapporter de l’argent. Donc, nous, nous travaillons beaucoup avec les entrepreneurs ruraux et nous les accompagnons pour moderniser le secteur. On ne va pas seulement compter sur la pluie pour pouvoir faire l’agriculture et l’élevage mais avec la nouvelle technologie comme l’énergie solaire, on fait les forages afin que tous les entrepreneurs ruraux puissent produire toute l’année. En plus, les entrepreneurs ruraux ont aussi droit à une retraite, à une pension, à une couverture médicale (…) et nous travaillons également dans ce sens.
Quelle est la capacité d’intervention aujourd’hui du FAGACE ? On entend dire que ce n’est pas consistant et l’augmentation du capital privé, quelle est la perspective dans ce domaine ?
Les capacités du FAGACE compte tenu de la réglementation sont très élevées parce que l’effet multiplicateur est de 12,5 par rapport à nos fonds propres. Cela nous donne donc une capacité énorme d’intervention. Mais le problème, le FAGACE ne peut pas s’autosaisir d’un dossier tant qu’il n’y pas une demande. Nous sommes là pour répondre aux demandes. Si vous n’avez pas un projet d’investissement, nous on ne saurait pas par exemple pour vous accompagner et c’est cela que nous suscitons. Nous, dans la règlementation, nos capacités, et la crédibilité de nos signatures. Nos engagements, c’est par la signature et l’effet de levier est de 12,5. C’est énorme. Mais tant qu’on ne reçoit pas la demande, on ne peut pas intervenir. C’est pour ça que le rôle de l’institut du FAGACE qui est un centre d’excellence, c’est de sensibiliser, de former, de susciter l’entrepreneuriat. Vous savez, selon certains livres, la meilleure façon d’être pauvre, c’est d’être salarié. Et il y a certains pays où les gens ne veulent pas du tout être du tout salarié mais préfèrent créer des entreprises. Des professionnels du droit et décideurs ont compris et ont promis améliorer la règlementation pour que les gens aient envie de créer des entreprises. Nos capacités ne sont donc pas limitées. Nous participons même à la levée de fonds sur le marché financier régional et international. Donc ce n’est pas seulement la garantie. Le FAGACE participe également à la levée de fonds pour pouvoir accompagner le financement des Etats et des entreprises publiques
En 2026, le capital pourrait se chiffrer à combien ?
Nous sommes ne train de travailler techniquement sur le processus d’augmentation du capital. Peut-être d’ici à la fin de cette année, ce sera validé par les instances. Parce que 45 ans, nous révisons tous les textes du FAGACE pour les mettre aux standards internationaux et les dispositifs du plan stratégique, c’est le renforcement de la gouvernance du FAGACE et les textes de l’institution doivent être revisités. Ça dépendra donc parce que l’appétence des autres pays et instituions non étatiques à adhérer et être actionnaire du FAGACE peut être énorme. Le FAGACE est devenu une institution attractive et beaucoup d’institutions et Etats veulent adhérer. Le capital actuellement est de 350 milliards mais on va aller très loin. Pourquoi pas 1000 milliards !
Propos recueillis par Crespin N’SODAI