Depuis les législatives de 2019, le Bénin peine à organiser des élections sans tensions. L’élection présidentielle au Bénin a été marquée elle aussi par de violents affrontements entre population et les forces de défense. Des arrestations massives de leaders politiques, militants et sympathisants de l’opposition ont suivi. Enlevés presque, sans convocation, ils sont accusés et détenus pour terrorisme ou atteinte à la sûreté de l’Etat. De graves atteintes aux libertés fondamentales qui inquiète aussi bien au Bénin qu’à l’étranger où de nombreuses voix se font entendre pour tirer la sonnette d’alarme et condamner. Professeur de droit et membre du comité des droits de l’homme des Nations Unies, Hélène Tigroudja à elle aussi donné de la voix le mercredi 02 juin 2021. Elle a dit ses inquiétudes sur la série de faits qui témoignent d’un recul démocratique, des libertés et droit fondamentaux aux Bénin ces dernières années.
Extraits
« Du point de vue du droit international et régional, ce qui se passe est tout à fait inattendu de la part du Bénin qui a été la plupart du temps un Etat pris en modèle. Ce que l’on voit depuis deux ou trois ans, ce sont des attaques à la fois extrêmement dure vis-à-vis des structures de protections des droits de l’homme dont la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples, mais également la cour de justice de la CEDEAO. Mais là encore ce qui est assez inédit est que ces attaques ne sont pas simplement des attaques qui viennent du pouvoir exécutif. Ce sont aussi des remises en cause qui viennent de la Cour Constitutionnelle du Bénin elle-même qui, par exemple, en 2020 a considéré que le Bénin n’avait pas à suivre, n’avait pas a exécuter les décisions de la cour de justice de la CEDEAO. Ça c’est quelque chose de très inquiétant parce que sur la scène internationale on est habitué à ce que les Etats rechignent à exécuter les décisions internationales mais en revanches on est beaucoup moins habitué à voir ce type d’attaque frontale.
La cour africaine des droits de l’homme et des peuples a été très claire par rapport à la révision constitutionnelle qui n’est pas du tout conforme aux obligations du Bénin et en particulier à l’obligation de consulter le peuple béninois en respectant ce qu’on appelle en droit régionale, le consensus national. Elle analyse cette révision constitutionnelle au regard de la charte de 2007, à laquelle le Bénin est partie. La CADHP dit que le consensus n’est pas respecté parce que le peuple béninois n’a pas été consulté. Seule l’Assemblée nationale a participé à la procédure. Une assemblée monocolore parce que tout le processus électoral (ayant conduit à son élection, ndlr) a été verrouillé.»
R.J