Microfinance dans l’UEMOA : 533 SFD recensés par la Bceao, près de 20 millions de clients desservis

Au premier trimestre 2025, les Systèmes financiers décentralisés (Sfd) de l’Umoa ont poursuivi leur croissance en matière de dépôts et de comptes ouverts, desservant près de 20 millions de clients. Toutefois, la qualité du portefeuille de crédits s’est dégradée, révélant des fragilités dans la gestion du risque.

La microfinance reste l’un des piliers de l’inclusion financière dans l’espace Umoa. À fin mars 2025, la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) dénombrait 533 Sfd en activité, un chiffre stable par rapport au trimestre précédent. Ces institutions, réparties dans les huit États membres, desservent 19,7 millions de clients à travers un réseau de 4 807 points de service. Un an plus tôt, la Bceao recensait 18,4 millions de bénéficiaires pour 4 962 points de service, confirmant une dynamique d’expansion malgré une contraction du réseau physique. Cette évolution reflète la progression continue de l’ouverture de comptes et de la collecte de dépôts, deux indicateurs clés de la confiance des populations dans le secteur. Un recul du crédit et une hausse des créances en souffrance
Si la mobilisation de l’épargne reste soutenue, le trimestre s’est distingué par un repli des octrois de crédits, phénomène que la Bceao relie à une saisonnalité propre aux débuts d’année. Plus préoccupant, la qualité du portefeuille s’est détériorée, avec un taux brut de dégradation atteignant 9,8 % à fin mars 2025, contre 8,9 % au trimestre précédent. La norme maximale fixée est de 3 %. Cette évolution s’explique par la combinaison d’une baisse des crédits (-65,8 milliards FCFA, -2,4 %) et d’une hausse des créances en souffrance (+19,2 milliards FCFA, +8 %). En comparaison, ce taux s’élevait à 7,6 % en mars 2024, signe que le secteur fait face à une pression accrue sur le recouvrement.

Des institutions fragiles sous administration provisoire

La Bceao indique par ailleurs que 10 institutions de microfinance sont actuellement sous administration provisoire, contre 9 un an plus tôt. Ces structures se répartissent entre le Bénin (4), le Burkina Faso (1), la Côte d’Ivoire (1), le Mali (1), le Niger (2) et le Togo (1). Malgré cette fragilité, la tendance générale reste positive pour les Sfd, qui continuent d’élargir leur base de clients et d’accroître les dépôts collectés. La gestion du risque de crédit apparaît cependant comme l’un des défis majeurs pour consolider la résilience du secteur et préserver la confiance des populations dans la microfinance.

Lawal Rafiou

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