Accès universel à l’eau : Le Bénin à pas de charge avec des prouesses  

Le dernier rapport sur le développement durable, publié en 2025, consacre le Bénin comme un pays qui réalise des efforts. Dans des secteurs clés tels que la santé, l’éducation, l’énergie, et surtout l’accès à l’eau potable, un pilier fondamental pour le bien-être des populations, le pays émerveille. S’il n’a pas pu réaliser son objectif d’accès pour tous à l’eau potable en 2021 comme annoncé, des efforts sont constatés dans ce secteur. 

Avec une augmentation spectaculaire de 14,5 points sur l’indice des ODD, le Bénin surpasse largement les moyennes régionales africaines (+5,4) et mondiales. Le point a été fait à divers  échelles et le Bénin s’est illustré comme un excellent élève dans le monde. L’un des points fort a été l’accès à l’Eau Potable en Milieu Urbain  où le pays a réalisé une Avancée notable. Le Programme d’Actions du Gouvernement (PAG) 2021-2026 place l’accès universel à l’eau potable en milieu urbain au cœur de ses priorités. La Société Nationale des Eaux du Bénin (SONEB) dessert désormais 69 des 77 chefs-lieux communaux, contre 61 en 2016, avec un taux de desserte qui a bondi de 54 % à 74,7 % en seulement huit ans. 349 343 abonnés enregistrés fin 2024, soit une hausse de 41,5 % depuis 2016. Un réseau d’eau étendu à plus de 8 376 km, en croissance de près de 39 % sur la même période avec une production moyenne journalière de plus de 168 000 m³, en hausse de 24 %. Plus de 5,4 millions de personnes  sont desservies, soit trois personnes sur quatre en milieu urbain ayant désormais accès à l’eau potable. Quant aux infrastructures, on note une modernisation avancée et une desserte accrue en milieu rrbain. Des équipements modernes de production, de traitement et de distribution d’eau potable ont été installés dans de nombreuses villes, notamment Porto-Novo, Abomey-Calavi, Parakou, Abomey, Bohicon, Djidja, Zogbodomey, Savè, et Glazoué. D’autres zones urbaines comme Cotonou (Akpakpa et zone Ouest), Sèmè-Kpodji (Agblangandan), Ouidah, Savalou, Bantè, Bassila, Azovè, Dogbo, Lokossa, Covè, Zagnanado, Djougou, Toucoutouna, Copargo, Banikoara, Bembèrèkè, Nikki, et Allada sont également prises en compte. Fin décembre 2024, le nombre d’abonnés est passé de 246 908 en 2016 à 349 343, soit une progression de 41,5 %. Le réseau s’est étendu à 8 376 km contre 6 032 km en 2016. Le volume annuel d’eau produite atteint 61,34 millions de m³, contre 49,5 millions de m³ en 2016, soit une augmentation de 23,9 %. Au total, 5,46 millions de personnes sont desservies sur une population urbaine estimée à 7,3 millions, portant le taux de desserte en milieu urbain à 74,7 % contre 54 % en 2016.

Perspectives Structurantes à l’Horizon 2025 en milieu urbain

D’ici fin 2025, plusieurs chantiers majeurs devraient s’achever : les travaux d’urgence dans les zones d’Akpakpa et Agblangandan seront livrés en août 2025 ; les forages dans les villes de Karimama, Cobly, Gogounou, Natitingou, Toucountouna et Copargo, réalisés avec le financement du partenaire néerlandais Invest International, prendront fin en septembre. À cela s’ajoutent le démarrage des travaux d’infrastructures hydrauliques dans les villes de Lokossa et Athiémé, la finalisation des installations pour l’alimentation en eau des infrastructures touristiques de Ouidah et Avlékété, ainsi que des études techniques pour les villes de Comè, Grand-Popo, Houéyogbé, Bopa et Kpomassè. En Milieu Rural, le gouvernement vise à atteindre une desserte universelle d’eau potable d’ici 2026. En témoigne le taux de couverture qui a grimpé de 42 % en 2016 à 82,1 % fin 2024, grâce au déploiement massif de Systèmes d’Alimentation en Eau Potable multi-Villages (SAEPmV), de Postes d’Eau Autonomes et de raccordements dans les écoles. Un soutien récent de la Banque Africaine de Développement (BAD) permet d’accélérer la construction de 20 nouveaux systèmes, avec 144 chantiers déjà ouverts à fin 2024. Plus de 32 % des ouvrages sont d’ores et déjà achevés. Pour l’année 2025, quinze nouveaux chantiers sont ouverts. Ce programme d’accès universel à l’eau potable d’envergure a pour ambition de desservir 5 millions de personnes supplémentaires dans les zones rurales. Ces résultats remarquables sont portés par l’Agence Nationale d’Approvisionnement en Eau Potable en Milieu Rural (ANAEPMR), bras opérationnel de l’État dans la mise en œuvre de la réforme du secteur de l’eau en milieu rural. Créée pour piloter une stratégie centralisée et efficace, l’agence s’est distinguée par une gouvernance orientée vers la performance et la transparence. Depuis sa mise en place, l’ANAEPMR a mis en œuvre plusieurs innovations majeures. Entre autres,  le déploiement de 123 Postes d’Eau Automnes solaires amovibles au profit des écoles, réduisant les coûts d’exploitation et améliorant la fiabilité des installations ; la mise en place d’un dispositif de supervision électronique en temps réel des ouvrages hydrauliques, permettant de détecter les pannes à distance et d’intervenir rapidement, le déploiement d’un modèle de gestion déléguée avec des opérateurs privés professionnels, garantissant un meilleur service aux populations rurales, l’uniformisation du tarif social à 15 FCFA les 25 litres d’eau dans toutes les localités rurales du Bénin, pour rendre l’eau potable accessible à tous, sans discrimination territoriale, la promotion des branchements particuliers à domicile à 10 000 FCFA….Avec l’objectif clair d’atteindre 100 % de couverture rurale d’ici à la fin de l’année 2026, l’Agence entend  finaliser plus de 300 nouveaux systèmes multi-villages déjà planifiés, étendre les raccordements aux écoles, centres de santé, marchés ruraux et foyers isolés ; consolider la maintenance préventive et la gestion durable des infrastructures, intensifier la digitalisation du suivi des services et la mise à jour continue des bases de données hydrauliques. Le modèle béninois à travers l’ANAEPMR s’impose ainsi aujourd’hui comme un modèle institutionnel africain de partenariat avec le niveau local pour le pilotage du service public de l’eau en milieu rural, combinant rigueur technique, transparence budgétaire, équité territoriale et innovation sociale. À l’horizon 2026, elle ambitionne de faire du Bénin le premier pays d’Afrique à garantir un accès universel à l’eau potable en milieu rural. Malgré ces progrès impressionnants, le rapport mondial sur les ODD souligne qu’aucun pays ne parviendra à réaliser pleinement les 17 objectifs d’ici 2030. Les contraintes économiques, la saturation des capacités fiscales et les chocs mondiaux fragilisent la trajectoire des pays, y compris le Bénin.

Crespin N.

 

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