Relations commerciales Afrique–États-Unis : Les pays africains s’organisent avant l’échéance de septembre

Alors que Washington vient d’imposer un tarif douanier minimum de 10 % sur les importations d’Afrique subsaharienne, des négociations sont attendues d’ici juillet 2025 pour discuter de l’avenir de l’AGOA. Les États africains entendent défendre un dispositif qui leur a permis d’exporter plus de 1800 produits vers les États-Unis sans droits de douane depuis 2000.

Le climat commercial entre l’Afrique subsaharienne et les États-Unis s’assombrit à mesure que l’échéance de septembre 2025 approche. C’est la date à laquelle expire officiellement l’African Growth and Opportunity Act (AGOA), régime de préférences commerciales en vigueur depuis 2000. Le récent virage protectionniste pris par l’administration Trump, marqué notamment par l’instauration d’un tarif douanier plancher de 10 %, sonne comme un coup d’arrêt pour ce dispositif. Face à cette nouvelle donne, les pays africains ne comptent pas rester inactifs. Le ministre sud-africain du Commerce, Parks Tau, a annoncé que des discussions formelles entre les États africains et les États-Unis se tiendront en juin ou juillet, afin d’envisager l’avenir de ce pacte. Il s’exprimait le jeudi 10 avril sur les ondes de Radio 702. « Les pays africains et les États-Unis discuteront en juin ou en juillet du pacte commercial », a-t-il déclaré, tout en reconnaissant qu’il « sera difficile de sauver le programme de préférences commerciales ». Depuis sa mise en place, l’AGOA a permis à de nombreux pays de l’UEMOA et d’ailleurs d’exporter des milliers de produits vers le marché américain sans payer de droits de douane. Un levier stratégique pour l’accès à l’un des plus grands marchés au monde, notamment pour des secteurs comme le textile, l’agroalimentaire ou encore les produits artisanaux. Mais le cadre vient de basculer. Le 2 avril 2025, Donald Trump a ordonné des droits de douane allant jusqu’à 50 % sur les importations en provenance de 51 pays africains, avant d’annoncer une suspension temporaire de ces mesures, tout en maintenant un tarif uniforme de 10 %. Pour de nombreux analystes, ce niveau de taxation rend de facto l’AGOA inopérant. Les ministres du Commerce du continent africain se réuniront le 15 avril en République démocratique du Congo pour convenir d’une stratégie commune. Au cœur des discussions : la possibilité de renégocier un nouvel accord commercial ou de défendre la prorogation de l’AGOA, soutenue par un projet de loi bipartisan au Congrès américain sous l’administration Biden, visant une extension jusqu’en 2041. Le contexte reste néanmoins marqué par une forte incertitude. Si le projet de loi est encore en discussion à Washington, la rhétorique protectionniste affichée actuellement, similaire à celle du premier mandat Trump, ne rassure pas les partenaires africains. Pour l’heure, l’enjeu consiste à préserver un cadre favorable aux échanges et à éviter une rupture brutale qui affecterait des milliers d’emplois et de filières économiques dans la région.

A.E

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