Réunie pour la troisième réunion trimestrielle de concertation au titre de l’année 2023 le 28 septembre 2023 à Cotonou, le Directeur National de la BCEAO et les Directeurs Généraux d’établissements de crédit, ont apprécié la situation du Benin dans le rapport 2022 de la Commission Bancaire de l’UMOA. Il s’avère que le Bénin est ressorti deuxième meilleure portefeuille dans l’Uemoa avec les principaux indicateurs du secteur inscrits dans une dynamique haussière.
Examen des faits saillants du rapport 2022 de la Commission Bancaire de l’UMOA et compte-rendu de la mission de vérification du respect par les banques de l’Union des dispositions du règlement relatif aux relations financières extérieures de l’UEMOA. Ce sont là les principaux points qui ont meuble la troisième réunion trimestrielle de concertation 2023 entre le Directeur National de la BCEAO et les Directeurs Généraux d’établissements de crédit au Bénin. Examinant le rapport 2022 de la commission bancaire, l’assise a noté que, l’activité bancaire dans l’Union en 2022 est restée soutenue dans son ensemble, en dépit des contraintes liées aux effets de la guerre russo-ukrainienne. A preuve, les principaux indicateurs du secteur se sont inscrits dans une dynamique haussière. Le total bilan s’est consolidé, de même que les ressources mobilisées et les emplois. « Les résultats nets de l’exercice 2022 sont en progression au niveau de tous les Etats de l’Union et la plupart des établissements de crédit sont en règle vis-à-vis des normes prudentielles en vigueur ». Toutefois, le déficit de trésorerie propre du système bancaire régional s’est sensiblement creusé, ce qui a conduit les établissements de crédit à un recours accru au refinancement de la BCEAO. Dans cette atmosphère, le Benin est parvenu à se distinguer. « Les fonds propres des banques se sont consolidés, contribuant à l’amélioration de la solvabilité de la place avec un ratio ressorti à 16,2% à fin décembre 2022 pour une norme de 11,25% requise. Une nette amélioration de la qualité du portefeuille des banques béninoises a été observée en 2022, avec un taux brut de dégradation du portefeuille en baisse et ressorti en moyenne, à 7,1% contre 12,5% un an plus tôt, faisant du Bénin la deuxième meilleure place en matière de qualité de portefeuille dans l’Union. De même, ce taux est ressorti pour la première fois en dessous de la moyenne régionale de 8,4% » renseigne la BCEAO. Toute chose qui permet de conclure de la bonne santé du secteur bancaire béninois. Au fait, « Si on devrait émettre un avis sur le système bancaire béninois, après notre réunion, c’est une place qui se porte bien, qui continue de financer l’activité économique, même s’il y a encore des progrès à faire» a témoigné Emmanuel Assilamehoo, Directeur national de la BCEAO (DN/BCEAO Bénin).
Nécessité d’harmoniser les ressources et les emplois
S’il est vrai que le rapport laisse voir assez de point positifs sur le système bancaire béninois, il urge que le les banques au Bénin adresse deux défis majeurs à savoir: une meilleure adéquation entre les ressources et les emplois sachant que les banques béninoises ont enregistré le déficit de trésorerie propre le plus important dans l’Union en 2022 puis le renforcement des capacités des établissements de crédit de la place en vue d’une meilleure conformité de la place aux exigences réglementaires. « Il faudrait que la place bancaire du Bénin puisse renforcer sa trésorerie propre » (Ce que nous appelons trésorerie propre, c’est ce que possède la banque elle-même, sans refinancement de la Banque centrale), a instruit le Directeur national de la BCEAO. Il a y ainsi lieu pour les banques de miser plus sur ce qu’elles génèrent, ce que les actionnaires ont mis comme ressources dans la banque, les autres capitaux longs ou les produits qu’elles ont pu générer…Les banques doivent améliorer l’adéquation entre leurs ressources et leurs emplois». Quant à la conformité de la place aux exigences réglementaires, les banques béninoises doivent faire davantage d’efforts. Pour cause, Une mission effectuée du 13 au 23 mars 2023 auprès de 57 banques de l’Union, dont 5 au Bénin a révélé des infractions au principe de centralisation des réserves de change, des défauts de rapatriement des recettes d’exportation, la non-cession d’excédents d’avoirs sur les besoins courants, la vente à des intermédiaires agréés de devises qui auraient dû être rétrocédées à la BCEAO et des cas de non-conformité dans l’exécution des paiements sur l’étranger. Nonobstant, elles font d’importants efforts et sont en aptitudes de continuer par financer l’économie. Prenant part à cette rencontre, Jean-Jacques Golou, Premier vice-président de l’APBEF Bénin a reconnu qu’il y a des défis mais les banques béninoises travaillent à y faire face. «Le Bénin est en projet, et ça met la pression sur la liquidité des banques. Nous sommes dans un environnement où nous sommes en plein investissement» a-t-il fait savoir. L’autre défi auquel travaillent les banques béninoises selon lui est l’inclusion financière. Cela permettra de ramener «le maximum d’opérateurs dans le formel, de manière à ce que la liquidité soit davantage renforcée pour financer les projets des entreprises». Pour finir, la crise au Niger avec la fermeture des frontières a préoccupé les médias. Mais le représentant de l’Apbef a souligné que l’impact à ce jour, sur le secteur bancaire béninois est mineur.
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