Gestion des déchets solides et ménagers dans le grand Nokoué :Les populations insatisfaites du service de la SGDS-GN  

La politique de gestion des déchets solides ménagers mis en place par le gouvernement dans les communes du Grand Nokoué a désormais du plomb dans l’aile. De plus en plus les plaintes des populations s’élèvent contre le retard de ramassage des ordures pendant des jours et parfois des semaines. La SGDS-GN est-elle à bout de souffle ?

Rue du carrefour Collège Martin Luther King dans le 9ème arrondissement de Cotonou, aux environs de 09 heures, dame Euphrasie sort de l’immeuble qui l’abrite pour jeter à la poubelle ses déchets ménagers, mais en vain. Plus de place, toutes les poubelles sont pleines à craquer, d’autres ordures par terre attirent les mouches, rendant l’atmosphère des encablures de l’entrée de l’immeuble invivable. Elle se désole : « ça fait plus d’une semaine que les camions de la société qui ramasse les ordures sont passés par ici. Nos poubelles sont pleines et on ne sait plus comment gérer les ordures alors qu’on nous fait payer ce service chaque mois sur nos factures d’électricité.  C’est bien dommage pour ce pays », s’exclama-t-elle, l’aire frustrée et désolante, puis retourna dans l’immeuble avec son sachet rempli d’ordure. Au loin à moins de cinq cents mètres, le même spectacle de poubelle plein à craquer s’observe, justifiant les plaintes de dame Euphrasie qui finalement a décidé de se rendre dans le basfond à plus de sept cents mettre de chez elle, pour se débarrasser des déchets de son ménage. Tout comme elle, nombreux sont ces béninois vivant dans les communes du grand Nokoué, qui se plaignent de la rareté des services de ramassage des ordures, ce qui occasionne le trop plein des poubelles domestiques qui parfois puent et rendent à leur tour, l’atmosphère peu vivable. Approché, Frédéric Hansa, conducteur de taxi moto communément appelé Zémidjan, se désole de la situation : «  C’est un système qui était bien organisé au départ en 2020. Les camions ou les tricycles qui ramassent les ordures passaient deux à trois fois la semaine pour vider les poubelles ou ramasser les ordures entassées à des endroits donnés. Mais depuis quelques semaines, c’est un problème. Parfois pendant toute une semaine, on ne les voit pas passer et les ordures sont là à les attendre », renchérit le sieur Frédéric qui pense que le système est en difficulté. « Moi, je ne suis pas dans la société pour savoir ce qui se passe. Mais tout semble croire qu’ils sont en difficulté. Soit des engins qu’ils utilisent sont endommagés et n’ont pas été remplacés, soit c’est un manque de personnel », a supputé le conducteur de taxi qui visiblement, suit l’actualité de très près. Stanislas, mécanicien auto dans son atelier non loin de l’école primaire publique de Godomey Wxlacmey prêche pour son quartier de résidence. « Moi, je réside à Togba. Mais, très peu de gens dans mon quartier connaissent ce système de ramassage des ordures. Soit c’est sur une parcelle vide qu’on jette, soit c’est dans le basfond de l’autre côté, etc… », regrette-t-il tout en se rappelant du marché de Togba qu’il traverse chaque matin et soir en sortant ou en rentrant chez lui. « Parfois quand vous arrivez dans le marché de Togba, vous voyez les tas d’ordures entasser au bord de la voie pendant des jours avant d’être ramassés. Je ne sais pas comment c’est organisé, mais ça perturbe parfois la circulation à ce niveau et si c’est le jour du marché, les bonnes dames s’asseyent autour de ces ordures pour vendre.

Autant de témoignages qui montrent l’état actuel du système de gestion des déchets solides et ménagers dans les villes de Cotonou et d’Abomey Calavi. On est à même de se demander si la SGDN est essoufflée ou si les choses ne se passent pas comme prévu.

 

A l’origine, le projet de modernisation de la gestion des déchets solides ménagers dans le Grand Nokoué

Le projet de modernisation de la gestion des déchets solides ménagers dans le Grand Nokoué, est un grand projet moderne initié par le gouvernement du président Patrice Talon et qui est conduit par l’agence du cadre de vie pour le développement durable. « Ce projet consiste à gérer l’ensemble des déchets produits dans les communes du grand Nokoué que sont : Cotonou, Porto-Novo, Sèmè-Podji, Abomey Calavi et Ouidah », explique Dr Jean Claude Grisoni, Ph D en Géographie Urbaine-Aménagement, responsable chargé de projet à l’Agence du cadre de vie et du développement du territoire dans une interview accordé en 2020 au quotidien l’Evénement Précis. Pour lui, ce projet vise principalement à améliorer de façon durable le cadre de vie des habitants à travers trois composantes, dont la collecte, le traitement et la valorisation des déchets de façon moderne et vertueuse. Dans la mise en œuvre de ces trois volets du projet, « il y a les tricycles qui ramassent les déchets des petites rues qu’ils ramènent en bordure. Les grands camions viennent les récupérer et les amener dans les centres de transfert pour qu’on aille les enfouir », dira Narcisse Cakpo, superviseur dans le dispositif de collecte à l’agence du cadre de vie et du développement du territoire.

« Plus spécifiquement, il s’agit d’atteindre un taux de collecte de 90 % à 7 ans dont 60 % de déchets valorisés », a-t-il expliqué. « Ce qui ressort de ce tri qui ne peut pas être valorisé va être enfoui », avait ajouté Dr Jean Claude Grisoni.

Le pari semble être difficile à la SGDS-GN

Penser et mis en œuvre par l’agence du développement du cadre de vie avant d’être confié à la Société de Gestion des Déchets du grand Nokoué, la gestion des déchets solides ménagers dans les villes du grand Nokoué comment par souffrit de certaines défaillances. Même si elle a été gratuite aux populations (prise en charge par le gouvernement) pendant la première année expérimentale, ce système est depuis peu, financé les populations à travers les ajours observés sur leurs factures d’électricité. Consciemment ou inconsciemment, les populations des villes concernées investissent dans ce système qui rencontre depuis peu, des défaillances qui ne s’expliquent pas. C’est à croire que l’approche globale mise en place souffre d’insuffisance, car… Pour Dr Grisoni dans son interview de 2020 « … nous sommes dans une approche globale, une approche transversale et l’objectif à terme, c’est d’aller vers des villes résilientes des villes durales. Cette durabilité nous impose de réfléchir autrement. C’est-à-dire que nous avons décidé de changer de paradigme. Ce n’est pas pour rien que l’intitulé du projet est : Projet de Modernisation de la gestion des déchets ménagers solides dans le grand Nokoué. Rien que dans ce titre, il y a la question de la modernisation et il y a l’échelle à laquelle nous intervenons. La modernisation, c’est à la foi sur les hommes, le matériel et la structure de portage de ce projet ». Pour dire que le projet est peut-être bien pensé au départ, mais souffre dans sa mise en œuvre au grand désarroi des populations.

Tognissè P.

 

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