110ème Conférence Internationale du Travail (CIT) : A Génève, Kassa Mampo dénonce « la restriction des libertés syndicales » au Bénin 

Ouverte le 30 mai, la 110ème session de la Conférence internationale du travail (CIT) qui se déroule jusqu’au 10 juin 2022 à Genève, a enregistré, mercredi 08 juin, la déclaration du Secrétaire Général de la CSTB, Nagnini Kassa Mampo, délégué des travailleurs du Bénin à cette rencontre. Une adresse dans laquelle le syndicaliste a présenté devant la communauté internationale plusieurs aspects de la gouvernance du président Talon. Lisez-plutôt !

 

Déclaration du  délégué des travailleurs du Bénin à la 110 CIT à Genève.

–       Monsieur le  Directeur Général de l’OIT ;

–       Madame la Présidente du Conseil d’Administration de l’OIT ;

–       Madame la Présidente   de la  CIT ;

–       Honorables invités des gouvernements, des organisations de patronat et des travailleurs,

Après la célébration du centenaire de l’OIT en 2019 où nous avons adopté une déclaration à la  108ème session de la CIT  qui prônait une approche de l’avenir centrée sur l’humain, trois ans après, nous faisons tous,  l’amer constat qu’avec l’avènement de la pandémie de COVID 19 , toutes  les conditions de vie de l’homme sont aggravées. Un rapport de l’OIT qui date du 02 juin 2021 annonce : »La crise économique créée par la pandémie devrait provoquer le chômage de plus de deux cents millions (200 000000) de personnes dans le monde entier ». Cela signifie qu’on assiste à une fragilisation à l’extrême des conditions d’existence avec la famine à travers toute la planète et au renforcement plus que jamais de l’exploitation et de l’oppression capitaliste sur les hommes. D’un côté on assiste à la perte de nombreux acquis sociaux : perte de droits et de libertés individuelles et collectives, perte dans le droit de travail et dans le droit sanitaire. De l’autre, on constate un enrichissement scandaleux des grandes multinationales comme l’indique un rapport de la banque UBS et d’un cabinet de conseil PWC intitulé » Comment les super riches se sont enrichis pendant la pandémie », publié le 07 octobre 2021.

Dans les pays à économie arriérée comme le Bénin, en Afrique de l’ouest, la pandémie de COVID 19 a fait moins de dégâts que la faim.

Au Bénin les travailleurs sont confrontés aux problèmes de manque criard des libertés démocratiques notamment syndicales. Savez-vous que sur l’initiative du gouvernement du président Patrice Talon, le parlement a fait voter des lois liberticides qui limitent le droit de grève  à un maximum de 02 jours de grève par mois et de 10 jours de grève par an ?! Une loi modifie le code du travail et permet aux employeurs, du public et du privé  de renouveler indéfiniment les contrats de travail de leurs employés dans le précaire statut de contractuels  à durée déterminée(CDD).  Une troisième loi permet à tout employeur du public comme du privé de licencier de façon abusive ses employés sans qu’aucune structure d’arbitrage (tribunal de travail ou l’inspection du travail) ne les rappelle à l’ordre. On peut retenir qu’au Bénin, avec la restriction des libertés syndicales  l’emploi est précarisé à outrance.

Le gouvernement, en opérant des réformes, a fermé plusieurs sociétés d’État renvoyant ainsi des milliers de travailleurs  au chômage de 2016 à 2021. Plus de 10 milles agents de l’État ont été licenciés dans la même période. 305 enseignants qualifiés de l’État  et une trentaine  d’agents paramilitaires (policiers et forestiers), ont été arbitrairement radiés de la fonction publique.

A l’heure où nous nous réunissons ici à Genève, au Bénin les travailleurs souffrent et se plaignent de la famine généralisée à cause de divers impôts et taxes élevés qui écrasent les populations qui, pour la plupart, ont un faible  pouvoir d’achat.

Malheureusement des  responsables syndicaux du Bénin, d’une part de la CSTB et d’autres part de  la CSA -BENIN, la COSI-BENIN et de 04 autres centrales syndicales  , ont respectivement déposé des plaintes dans des structures  de l’OIT depuis 2019 contre des violations des conventions 87, 98 et d’autres textes internationaux , par le gouvernement et le parlement du Bénin et qui sont restées sans suite jusqu’à ce jour.

Nous espérons vivement que l’OIT se saisisse de ses dossiers pour que le gouvernement du Bénin soit interpellé, condamné et rappelé à l’ordre pour le bonheur des travailleurs et des populations de notre pays.

Je vous remercie.

Genève le 08 Juin 2022.

Pour les travailleurs du Bénin

Le délégué titulaire.      

Nagnini M. KASSA MAMPO.

Secrétaire Général de la CSTB

+22967086114 (WhatSapp)

nmkassamampo@gmail.com.

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