Entretien sur la Journée Mondiale de l’Environnement (JME) 2022 : « Malgré nos avancées technologiques, nous dépendons entièrement d’écosystèmes sains…» dixit Dr Landrique  E. BRUN

A l’occasion de la célébration  de la 50ème édition de la journée mondiale de l’environnement, docteur Landrique Estelle  Brun, spécialiste du sujet s’est prêté aux questions de nos reporters venus à sa rencontre. Ici, elle lève un coin de voile sur les défis liés à l’environnement, la législation y afférente notamment au Bénin et ses enjeux.  Lisez-plutôt

Dr Landrique  Estelle BRUN fait le bilan des   célébrations  et propose.

A l’occasion de la journée mondiale de l’Environnement, célébrée chaque 05 juin, la rédaction de notre journal est allée entretenir avec une spécialiste  en Géosciences de l’Environnement et Aménagement de l’Espace et Experte en Gestion des Zones Humides. Il s’agit du  Docteur Landrique Estelle BRUN qui a fait l’historique de l’instauration et le bien-fondé de la dite journée consacrée à l’environnement et en a profité pour faire des  propositions.

Le 5 juin de chaque année, la communauté internationale célèbre la Journée Mondiale de l’Environnement (JME). Quel est l’intérêt d’une telle célébration ? 

La Journée Mondiale de l’Environnement (JME) célébrée chaque 5 juin est la plus grande journée consacrée exclusivement à l’environnement. Dirigée par le Programme des Nations-Unies pour l’Environnement (PNUE) et organisée chaque année depuis 1974, cet événement est devenu la plus grande plateforme visant à encourager la sensibilisation et la prise d’initiative pour répondre aux défis urgents qu’ils s’agissent de la pollution marine, du réchauffement climatique, de la consommation durable ou de la criminalité contre la vie sauvage. Des millions de personnes y ont participé au fil des années et ont contribué à modifier nos habitudes de consommation, tout comme les politiques environnementales nationales et internationales à travers des actions mondiales en vue de la protection de la planète terre.

La JME marque le 50ème anniversaire de la création du PNUE à l’issue de la Conférence de Stockholm de 1972. Elle coïncide également avec la réunion internationale de haut niveau Stockholm+50. Ces événements emblématiques sont l’occasion pour la communauté internationale de renforcer la coopération et de faire preuve de leadership dans la transformation vers une société plus durable. Ladite journée vise à susciter des changements positifs en faveur de l’environnement.

C’est ici donc que le rôle des particuliers s’avère nécessaire car, ils sont les moteurs du changement positif observé en soutenant les entreprises et les gouvernements. Les actions de ces entités plus importantes peuvent avoir un impact transformateur, et potentiellement entraîner des comportements de consommation et de production durables pour les décennies à venir.

Il est important de signaler que l’année 2022 est une étape historique pour la communauté environnementale mondiale. Elle marque les 50 ans de la Conférence des Nations unies sur l’environnement humain de 1972, largement considérée comme la première réunion internationale sur l’environnement. La Conférence de Stockholm de 1972 a donné lieu à la création de ministères et d’agences de l’environnement dans le monde entier et a donné le coup d’envoi à une série de nouveaux accords mondiaux visant à protéger collectivement l’environnement. C’est également à cette occasion que les objectifs de réduction de la pauvreté et de protection de l’environnement ont été associés, ouvrant la voie aux Objectifs de Développement Durable (ODD).

Le thème de l’édition 2022 de la Journée Mondiale de l’Environnement (JME) se résume juste à trois mots : «Une Seule Terre ». Que peut-on comprendre de cette thématique?

Si en 1974 l’’ONU a officialisé l’idée de cette journée célébrée pour la première fois sous le slogan « Une seule planète Terre » et 50 ans après cette même thématique revient exactement pour la campagne de l’édition 2022 : «Une Seule Terre ». La campagne mondiale 2022 souligne la nécessité de vivre durablement en harmonie avec la nature en apportant des changements transformateurs, vers des modes de vie plus propres, plus verts et durables. Cette  thématique invite à réfléchir aux possibilités de passer à un mode de vie plus écologique par le biais de politiques et de choix individuels. Ceci voudra dire que nous n’avons qu’une Seule Terre et nous devons en prendre soin à tout prix malgré vents et marrées. C’est dont un message fort pour montrer à quel point la dégradation de l’environnement reste cruciale et demeure inquiétante sur l’échiquier international. Ce qui appelle donc à des actions plus urgentes en faveur de l’environnement car dans l’univers il y a des milliards de galaxies, dans notre galaxie il y a des milliards de planètes, mais il n’y a qu’Une Seule Terre.

Le slogan «Une Seule Terre » était la devise de la Conférence de Stockholm de 1972. Si 50 ans plus tard, cette devise reste d’actualité, cela signifie que cette planète est notre seule maison, dont l’humanité doit préserver les ressources limitées. La campagne de la JME 2022 appelle donc à une action collective et transformatrice à l’échelle mondiale pour célébrer, protéger et restaurer notre planète-Terre.

Cette thématique de la JME 2022 « Une Seule Terre » rime bien avec celui de la Journée Mondiale de la Biodiversité (JMB) de cette année (2022) « Bâtir un avenir commun à toutes les formes de vie» qui appelle à réexaminer notre relation avec le monde naturel car malgré nos avancées technologiques, nous dépendons entièrement d’écosystèmes sains et dynamiques pour notre eau, notre nourriture, nos médicaments, nos vêtements, notre carburant ou notre énergie. Il s’inscrit dans la continuité de l’élan généré par la décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes qui rappelle à quel point la biodiversité représente la réponse à plusieurs défis du développement durable.

Au-delà des discours, quelles actions phares souhaiteriez-vous qu’on puisse poser pour mieux marquer positivement cette journée dédiée exclusivement à l’environnement surtout dans les pays en voie de développement comme le Bénin ?

Il faut d’abord amener les gens à un changement de mentalité et de comportement en passant par le citoyen lambda (de la base) jusqu’aux gouvernants (au sommet). Car comme le disait le feu cinéaste béninois  Dah BADOU (paix à son âme) à travers son slogan : « Il faut corriger la tête de la tête, les membres de la tête et les pieds de la tête» Et c’est ce que le Chef de l’Etat, SEM Patrice Talon veut inoculer à tout citoyen béninois en appliquant les textes sur les taxes sur impôts lors de son second mandat en le mettant sous le « hautement social». Là tout le monde va participer au développement du pays, et ceci passe par l’assainissement du cadre de vie, la protection de l’environnement et autres comme le stipule l’article 27 de notre constitution.

Où en est-on au Bénin en matière de l’atteinte des Objectifs du Développement Durable (ODD), volet environnemental ?

En matière de l’atteinte des ODD, le volet environnemental à travers l’ODD 4, 11, 13, 14 et 15 « Education de qualité » pour tous, « Villes et communautés durables », « Lutte contre les changements climatiques » qui reste d’actualité,  «Vie aquatique» et «Vie terrestre» tout comme les autres volets (social, politique et institutionnel) ont connu une très grande avancée notable par le biais du développement des infrastructures sociocommunautaires. Ceci pour signifier que les multiples actions menées en vue d’accompagner le développement socio-économique relevant de l’environnement contribue aux ODD où les trois dimensions à savoir : la responsabilité environnementale ou écologique (vivable), la responsabilité sociale (équitable) et la responsabilité économique (viable) visent la connaissance de l’environnement, sa gestion et sa préservation par le biais d’une Education Relative à l’Environnement (ERE) et d’une Education au Développement Durable (EDD).

Quelles appréciations faites-vous du décret réglementant la pollution sonore en République du Bénin qui exige même des poursuites judiciaires à l’encontre des propriétaires dont leurs chiens vont émettre du bruit au-delà d’un certain nombre de décibels?

En attendant la promulgation du décret portant réglementation de la pollution sonore en République du Bénin, je pense à mon humble avis que ce décret vient à point nommé. Car, les citoyens béninois ne respectent pas la liberté des autres. Et si « ma liberté commence là où s’arrête celle des autres » alors il faut donc une application rigoureuse pour ce décret. Le chapitre IV énonce les normes d’application pour ce décret.  L’article 7 de ce décret stipule que les niveaux de bruit sur toute l’étendue du territoire de la République du Bénin sont fixés en décibels (dB) et varient en fonction des types de zone et des tranches horaires. Trois (03) classes sont définies à savoir (classe 1 : zone d’habitation, classe 2 : zone commerciale et classe 3 ; zone industrielle) et les tranches horaires varient comme suit : 6 h à 13 h, 13 h à 15 h, 15h à 22 h et 22 h à 6 h.

En effet, les propriétaires de chiens doivent faire tout possibles pour que leurs chiens ne perturbent point la tranquillité de leur entourage. Car, le manque de sommeil peut  entraîner des maladies cardio-vasculaires (AVC), des troubles psychiques, l’hypertension artérielle, des maux de tête conduisant à la migraine. Nonobstant les poursuites judiciaires, le décret est allé loin en proposant des sanctions pour quiconque enfreint la loi.  Par ailleurs, je signale qu’il faut d’abord passer par la sensibilisation à outrance (au moins 6 mois) à travers les crieurs publics, les émissions radios et télévisions, les panneaux publicitaires, les affiches en expliquant aux populations dans leurs langues respectives l’importance que revêt ce décret avant de passer à la phase répressive proprement dite.

Avec les panoplies de lois que dispose notre  pays le Bénin,  en plus de ce décret qui réprimande sévèrement la pollution sonore sur toute l’étendue du territoire  national, le Bénin peut-il se vanter d’être un pays où les normes environnementales seront dorénavant respectées ?

Rire….. ! A mon humble avis, c’est une réponse mitigée. Car, il tout ne suffit pas d’avoir une panoplie de lois, de décrets ou de textes. Mais il faut faire tout possible pour que le peu dont nous disposons soit réellement appliquer et respecter sans faille. Voilà l’idéal ! Pour ma part, je plaide pour que la mise en œuvre de ce décret soit vraiment effective car, cela dépend de l’Etat,  qui est le  garant de la protection de l’environnement. Ce qui importe, c’est  que l’Etat doit jouer le rôle régalien qui est le sien.

Quel message avez-vous à lancer aux dirigeants et aux citoyens béninois en cette journée spéciale dédiée à l’environnement au plan mondial?

L’appel que j’ai à lancer aux gouvernants et à la population est que la protection de l’environnement est d’abord une lutte individuelle avant d’être collective. Il faut que l’Etat joue son rôle régalien en assurant un cadre de vie sain, satisfaisant et durable à ses paisibles populations pour une gestion durable, efficiente et efficace de l’environnement dans son Programme d’Actions Gouvernemental II (PAG 2) pour une continuité des actions menées dans le PAG I. Et que la population prenne conscience en accompagnant l’Etat dans cette lutte quotidienne pour un cadre de vie propre et respectif de l’environnement. Ensemble, restons dans la dynamique de protéger notre environnement !

                                        Par Hypolyte Dossou HOUANOU

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