Autonomisation de la femme : Ces leviers à impacter selon Dr Harry VIDEROT

La journée internationale de la femme s’approche. Une fois encore, des festivités sous couvert de pagne et autres glamours s’annoncent pour se voiler la face. Mais la réalité est là. L’autonomisation de la femme reste un enjeu important. Certains leviers importants sont à cet effet à  impacter pour des résultats satisfaisants.  Dans cette réflexion, Dr Harry VIDEROT, Consultant senior en management des entreprises et organisations, expert en ODD et Directeur du cabinet TALENT INCUBATOR s’y penche dans cette analyse.  Lisez…

Tous les jours, les femmes participent de façon importante à l’économie mondiale. Le salaire d’une femme contribue au revenu de son ménage. En moyenne, la femme investit une part plus élevée de ses ressources dans le bien-être de sa famille que l’homme. De plus, le travail domestique non rémunéré des femmes – s’occuper des enfants, des personnes âgées ou malades, par exemple – constitue un apport fondamental, et pourtant ignoré, pour l’économie. Cependant, le travail des femmes dans la plupart des régions du monde, en particulier dans les pays en développement, n’a pas mené au même degré d’autonomisation économique que le travail des hommes. Selon certaines estimations, un milliard de femmes – environ le septième de la population mondiale –n’arrive pas à atteindre leur plein potentiel économique et à assurer leur propre bien-être, en raison d’obstacles qui les empêchent d’accéder au marché du travail et de contribuer à l’économie de façon productive. Travailler à l’autonomisation économique des femmes, c’est leur fournir non seulement les ressources nécessaires, mais également les occasions de les utiliser de façons qui mènent à la réussite économique. De meilleurs emplois, des possibilités plus nombreuses de créer et de gérer des entreprises viables, un accès accru à la terre, à l’éducation et à l’acquisition de compétences, des occasions de participer aux processus décisionnels : voilà ce qui permettra aux femmes de sortir de la pauvreté et d’améliorer leur qualité de vie, ainsi que celle de leur famille et de leur collectivité.

Il est essentiel de renforcer la capacité des femmes à s’engager de façon significative dans l’activité économique. Un tel engagement est non seulement un droit fondamental pour chaque être humain, mais également une façon de stimuler le développement économique et de réduire la pauvreté. L’amélioration du bien-être d’une femme a des répercussions qui vont bien au-delà de sa personne : en effet, sa famille, sa collectivité et son pays en bénéficient. La plupart des femmes et des filles, particulièrement celles qui vivent dans les pays en développement, continuent d’être confrontées à des obstacles et des préjugés dans les domaines de l’emploi, de la propriété et de la participation à l’activité économique. Ces obstacles se traduisent par un accès inégal à l’emploi, aux ressources de production et à l’éducation supérieure, ce qui a ultimement pour effet d’enfermer les femmes dans un cycle de pauvreté et de marginalisation économique. L’autonomisation économique des femmes nécessite des mesures à tous les niveaux de la société – local, national et mondial. Aucune initiative ne peut par elle-même remplir toutes les conditions de l’autonomisation, et aucune stratégie ne peut produire de résultats dans tous les contextes. Les programmes les plus efficaces tiennent compte des besoins des femmes potentiellement affectées et évaluent soigneusement leurs ressources, leurs forces et leurs vulnérabilités. Ces programmes transformeront les relations de pouvoir entre les hommes et les femmes en donnant aux femmes une façon de promouvoir leur propre réussite économique. Il existe de nombreuses façons de bâtir des fondations favorables à l’autonomisation économique des femmes, par exemple :

Promouvoir les occasions d’apprentissage et de formation

 Selon l’Organisation internationale du travail, le travail productif et décent se caractérise généralement par des occasions d’emploi constructives et équitables, des revenus adéquats, des horaires de travail raisonnables et des conditions de travail sécuritaires. Pour les pauvres partout dans le monde qui souhaitent améliorer leur situation, il s’agit de l’avenue la plus accessible. Si l’on souhaite rehausser la participation des femmes au marché du travail et favoriser leur accès à des emplois acceptables dans l’économie formelle, il faudra leur offrir plus d’occasions d’apprentissage et de formation afin de développer leur capital humain.

Améliorer l’accès des femmes aux ressources de production et aux avoirs

Les initiatives qui favorisent un accès plus équitable aux ressources de production sont essentielles pour l’autonomisation économique des femmes, surtout les entrepreneures et les agricultrices. Le fait de posséder des biens comme une terre, de l’équipement ou du bétail peut être très constructif pour les femmes, puisque cela facilite les activités de production, offre une sécurité physique, confère une identité sociale et sert de source de revenus et de garantie pour le crédit.4 Sans ressources adéquates, les femmes dépendent de leur mari ou d’autres membres de leur famille pour leur sécurité économique.

Au service de l’entrepreneuriat féminin

 Comme les entreprises appartenant à des femmes sont relativement nombreuses dans les pays en développement, le fait de soutenir leur réussite produira forcément des résultats positifs de plus grande portée pour le développement du secteur privé. Afin que les activités économiques des femmes passent du niveau de subsistance au niveau d’entreprises solides, il faudra mettre en place des réformes stratégiques qui s’attaquent aux obstacles discriminatoires en matière de droit et de réglementation. Ces défis varieront certainement d’un pays à l’autre, mais l’objectif ultime est de créer un climat d’affaires dans lequel les hommes et les femmes entrepreneures ont le même accès aux ressources économiques et financières. En particulier, les femmes d’affaires ont besoin d’un meilleur accès aux services financiers, dont le crédit,

 

Au service de l’action collective des femmes

Chaque femme est un puissant moteur de développement; ensemble, les femmes peuvent conjuguer leurs moyens de pression pour s’attaquer aux obstacles structurels qui entravent leur autonomisation économique. Les associations de femmes et les groupes de la société civile ont le potentiel de relever le profil des enjeux des femmes dans les secteurs public et privé. Ils peuvent ainsi contribuer à changer les lois, les institutions et les normes sociales. Lorsqu’elles se regroupent, les femmes sont mieux placées pour obtenir des prêts collectifs, pour devenir propriétaires de différents avoirs et pour renforcer leurs activités génératrices de revenus.

Réduire le fardeau du travail non rémunéré

 La capacité des femmes de générer des revenus stables et de travailler dans de meilleures conditions au sein du marché est minée par le lourd fardeau de travail non rémunéré qu’elles portent. En effet, elles doivent souvent gérer leur ménage et s’occuper des enfants et des personnes âgées ou malades. Si l’on souhaite éliminer les normes sociales discriminatoires qui perpétuent la division du travail selon le sexe, il faudra réduire et redistribuer le fardeau de travail non rémunéré que portent les femmes. Il faudra également investir dans des infrastructures comme l’eau et l’assainissement, ainsi que dans les services publics comme les cliniques de santé et les services de garde; tout cela contribue à réduire le fardeau quotidien des femmes.

 

                                                                     Dr Harry VIDEROT

                                                    Directeur du cabinet TALENT INCUBATOR

                                              Consultant senior en management des entreprises et organisations

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