La Colonisation, source de l’émiettement programmé de l’Afrique
Dans la rubrique « Regard sur… » du 1er février 2022, où nous publions la réflexion « A quoi sert l’Union Africaine ?», nous annoncions, en cette année 2022, le 20ème anniversaire d’existence opérationnelle de l’U.A. Mais il s’agit également de l’anniversaire de l’Organisation de l’Unité Africaine défunte (O.U.A), cet ancêtre qui est dans sa 59ème année : C’est par l’O.U.A. que les pères fondateurs ont proclamé l’Unité Africaine, une stratégie conduisant à la création des Etats-Unis d’Afrique.
L’Union Africaine, les 05 et 06 février 2022, a tenu son 35ème Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement, au siège de l’organisation à Addis-Abeba, en Ethiopie. Le Président du Sénégal Macky Sall, succède au Président sortant, Félix Tshisekedi, Président de la République Démocratique du Congo (RDC). La R.D.C. a été longtemps aux prises de graves crises internes et multiformes, de la sorte que les résultats de cette présidence panafricaine tournante sont mitigés : l’absence remarquée dans les crises en Afrique de l’ouest et dans la gestion des défis sécuritaires du G5 Sahel…Toutefois, cette présidence de l’U.A. par la R.D.C. a eu le mérite de repositionner cet important Etat du continent africain sur la scène internationale mais, surtout a ouvert de vastes chantiers de reconstruction de la R.D.C.
Quel avenir pour l’Unité Africaine ?
L’hypothèse réaliste et de sagesse consiste à admettre que l’Unité Africaine est la solution aux difficultés actuelles de l’Afrique, vu que dans notre monde globalisé, seuls les blocs constitués présentent des perspectives de prospérité pour leurs populations. Ainsi, l’Union Africaine et ses 08 Communautés Economiques et Régionales (C.E.R.) ne disparaîtront pas. Mais, l’Afrique est un continent atypique : il existe l’Afrique du jour et l’Afrique des ténèbres. C’est pourquoi le scénario catastrophe n’est pas à exclure de la réflexion des Intellectuels et autres Décideurs africains.
En vérité, il existe une solution spirituelle. Ce que Notre Dieu Créateur demande aux hommes, et aux africains, c’est la confiance en son amour pour l’homme. Les Croyants s’exprimeront en disant qu’il faut une foi inébranlable pour le salut de notre âme ; et sur la terre pour permettre à Dieu miséricordieux de transformer notre situation de manque, en expérience de surabondante grâce. (Sainte Bible Jean, Chapitres 3 et 6).
De l’Afrique morcelée par la colonisation, on relève des dysfonctionnements dus plutôt aux faits politiques : l’Absence constante d’unité et de stratégie. C’est l’exemple des ex-colonies de la France (A.E.F. et A.O.F.) qui appartiennent à la même zone monétaire, la zone Franc, avec la même monnaie, le Franc CFA ; en circulation selon les règles de chaque « Zone », le bloc des ex-colonies, et placée sous l’autorité de deux Banques Centrales distinctes : La Banque des Etats de l’Afrique Centrale (B.E.A.C.) et la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (B.C.E.A.O.) ; au lieu d’une Banque Centrale unique, fédérale, prélude à la création des Etats fédérés, non plus avec des voiles de colonisés mais dans la perspective de l’Unité africaine.
On a vu également, en Afrique orientale, l’existence des souverainetés confondues en la personne du Chef de l’Etat, dans sa manifestation de « Homme-Etat », qui décide seul : le refus, dès 1971 de Nyéréré, le Président de la Tanzanie de rencontrer le Président de l’Ouganda, AMIN Dada, a conduit à la Communauté de l’Afrique orientale qui existait depuis 1917, de cesser de fonctionner en 1977. Les exemples sont nombreux et expliquent pourquoi l’Afrique a connu diverses tentatives d’union avortées. A ces Unions politiques d’échec, il convient de mentionner les autres initiatives plus élaborées et, qui ont néanmoins connu un échec. De 1952 à 1995, on relève que 13 principales organisations interafricaines ont été dissoutes et, la durée de vie de ces Institutions d’intégration n’excède que rarement 10 années (Cf les Politiques d’intégration en Afrique, 2ème édition parue en 2017 à Cotonou). L’Afrique compte plus de 200 organisations de coopération régionale dont 160 sont intergouvernementales. C’est en Afrique de l’ouest que l’on trouve le plus grand nombre d’organisations intergouvernementales (O.I.G.) à vocation de coopération économique.
Le Conseil de l’Entente, créé en 1959, est caractéristique avec son Fonds. Dans la pratique, c’est le Secrétariat du Fonds qui est devenu le secrétariat du Conseil de l’Entente. Après l’échec du Président Houphouët sur sa volonté politique d’ouvrir la double nationalité aux citoyens des quatre (04) autres Etats membres, aucun de ces Etats n’a jugé utile de prendre des initiatives plus politiques d’intégration. Le Conseil de l’Entente devient une organisation discrète. On a constaté ensuite que les Cimenteries d’Afrique de l’Ouest (CIMAO), cette unité industrielle a fermé ses portes en 1982, à Lomé au Togo. Mais, il y a plus surprenant, la Compagnie Multinationale Air Afrique appartenant à plusieurs Etats, un bel exemple d’intégration inclusive des peuples africains, a été ruinée par les mêmes Etats fondateurs, sans cependant prévoir une autre structure plus efficace !
Que le Seigneur, Dieu de miséricorde, mette à la disposition de l’Afrique, un homme à part, comme le ROI David, pour solutionner les problèmes du Continent africain. (Sainte Bible, Ben Sira le Sage 47,2-11).
Ce qu’il faut craindre, en plus des effets néfastes de la colonisation, c’est l’approfondissement de l’émiettement programmé depuis la colonisation, par les africains eux-mêmes, comme ce fut le cas de l’organisation Africaine et Malgache de Coopération Economique (O.A.M.C.E.), créée en 1961 et transformé en 1962, en Organisation Commune Africaine et Malgache (O.C.A.M.) qui est tombée en léthargie dès juin 1972, et n’a été dissoute que le 23 Mai 1985 à Lomé, en République du Togo.
Voici une autre forme de désagrégation rampante, qui pourrait menacer l’Afrique du 21ème siècle qui hésite à fonder les Etats-Unis d’Afrique. Oui, l’Union Africaine et ses 08 Communautés Economiques Régionales (C.E.R.) ne disparaitront pas, pour préserver la bonne conscience politique, mais sous quelles formes existeront-elles et, pour quels résultats au profit des peuples africains ?
Attention, au 35ème Sommet, le Président de la Commission de l’U.A., Moussa Faki Mahamat a prévenu : face aux nombreux défis à relever si des dispositions appropriées ne sont pas prises pour renforcer la Commission, « l’U.A. va sombrer dans un sommeil… »
Sylvestre T. & Crespin N.