MOIS DU CONSOMMONS LOCAL AU BENIN: Et si le gouvernement revoit l’initiative pour mieux impacter les populations ?

(Il faut plus qu’un seul mois pour promouvoir cette diversité de produits béninois)

« Le mois du consommons local est une idée géniale du moment où nous avons  longtemps été déconnectés de nos valeurs par le colonisateur qui dit que c’est tout ce qui vient de l’extérieur qui est meilleur » dixit Julienne Akuete, transformatrice agroalimentaire.

Au Bénin, le ‘’Mois du Consommons Local’’ a été initié suite à une recommandation de l’UEMOA. Ainsi en 2020 une première édition a été organisée. L’objectif de cette initiative dit-on, est de  faire adopter les produits béninois par les béninois. Mais aujourd’hui, la question est bien présente, est-ce qu’après une première édition en 2020, un bilan a été fait pour savoir si les objectifs ont été atteints afin de mieux penser une deuxième édition ? La réponse à cette question pour ma part, aurait pu nous emmener à répondre à une autre problématique importante qui est de savoir si un seul mois suffit-il pour valoriser les nombreux efforts de nos valeureux transformateurs agroalimentaires ? Particulièrement  moi, j’en doute et mon avis est partagé par certains transformateurs béninois. Il y en a dans le rang des consommateurs, certains à Cotonou qui ne savent même pas le nom d’un seul ‘’Jus de Fruit’’ fait par un béninois. Pas la peine donc de prétendre qu’un habitant de contrée lointaine du Bénin puisse prouver le contraire. « Cette journée de lancement,  se passe entre les quatre murs d’une salle ou espace dite foire du consommons local et n’est suffisamment pas médiatisée pour nous faire prendre conscience  des réels problèmes qui nous arrièrent dans le développement de notre pays car ce sont nos devises qui vont ailleurs et nous en subissons les affres » laisse entendre Julienne Akuete.

Est-ce qu’en instaurant ce mois du consommons local qui à mon goût ne suffit d’ailleurs pas, l’idée c’est de faire connaître les produits par les Cotonois ou par les Béninois ? On a comme l’impression que toutes les initiatives sont concentrées à Cotonou et deux ou trois autres communes environnantes.

Quelles stratégies il y a-t-il derrière, pour impacter les autres communes et les derniers villages du Bénin. On ne va pas juste parler de consommons local, sans véritablement toucher les réels problèmes. Car c’est vraiment à cause de ces problèmes que la mayonnaise tarde à prendre. Nos populations, du moins pour ceux qui savent de quoi parle-t-on quand on dit ‘’consommons local’’ se plaignent de la cherté des produits. C’est un fait qu’il faut corriger ou sensibiliser pour changer les mentalités. On pourrait déjà partir de là.

Il faut des actions terrain pour avoir des résultats concrets

Pour régler ce problème je pense déjà que l’Etat doit d’abord penser à régler les problèmes basiques. Au Bénin il n’y a pas à ma connaissance, une seule entreprise qui peut produire les capsules de bouteilles plastiques, le souffler et le commercialiser à un coût comparatif , les capsules sont importées et c’est déjà un problème. Quand je prends les emballages en verre, on les importe. L’Etat aujourd’hui devrait penser à la mise en place des industries qui produisent des emballages. Ensuite il faut un cadre réglementaire pour tout ce qui est matière première, cela permettrait à un entrepreneur d’aller acheter sur un marché équitable. Que l’Etat pense à ressusciter les unités de production qui ont été mises en place mais qui n’ont jamais fonctionné pour la transformation histoire de soutenir les producteurs. Et le dernier volet c’est la communication. Quand on ne communique pas sur un produit, on ne peut pas s’attendre à ce que quelqu’un l’achète « l’initiative devrait être revue. J’estime qu’on devrait beaucoup plus penser à travailler sur un semestre ou déclarer carrément une année pour la promotion du consommons local axée sur des valeurs. Il faut aller au-delà de la littérature et être plus pragmatique afin d’offrir un service plus ou moins adapté à tous les acteurs »propose Dona Hazoume.

Julienne Akuete, quant à elle, laisse entendre qu’« il n’y a pas un seul jour où quelqu’un ne mange, ne serait-ce qu’une seule fois. La solution est plus dans les mains de nos dirigeants qui devront accompagner  le processus en donnant d’abord eux-mêmes l’exemple à travers leurs repas quotidiens, des séances régulières de sensibilisation et de dégustation fortement médiatisées par département pour faire changer les habitudes, le vote de lois pour réduire l’importation de certaines denrées alimentaires (le riz par exemple, les jus importés subventionnés qui viennent concurrencer notre jus d’ananas naturel), investir davantage, renforcer et suivre la production locale pour un meilleur rendement afin d’atteindre l’autosuffisance alimentaire et l’exportation ».

Octobre le mauvais mois peut-être…

Octobre est un mois difficile pour beaucoup de parents. C’est le mois de la rentrée des classes. Entre achat de fournitures scolaires, frais de scolarité, uniforme,  transport, argent de poche etc., il serait difficile pour tout parent d’aller penser se procurer des produits locaux dont le coût fait deux fois celui des produits importés. Tout ceci à mon goût, aurait dû être pensé. La stratégie mise en place derrière ce ‘’Mois du Consommons local’’ le mois, et plusieurs autres facteurs de cette initiative doivent être revus. Cela permettra un meilleur impact de cette noble initiative de promotion du consommons local.

Prudence KPODEKON

 

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