Presse béninoise:Repenser la profession

 

La presse béninoise reste l’enfant pauvre du régime de la rupture. Les réformes opérées depuis avril 2016 ont enfoncé davantage le quatrième pouvoir. Les acteurs vivent dans un dénuement total. La suspension des contrats de presse tombe comme une épée de Damoclès sur la tête des journalistes désormais contraints à la précarité. Comme si cela ne suffisait pas, l’aide de l’Etat à la presse privée n’est pas une priorité pour les dirigeants politiques au pouvoir qui ont tout simplement décidé de sa mise en veilleuse.

L’autonomie financière pour les entreprises de presse tant souhaiter ne sera qu’un rêve impie voire chimérique. Les journalistes béninois continuent de porter leur croix ceci, parce qu’ils n’ont pas droit à une vie décente. Le malheur pour eux de tenir informer les populations de ce qui se passe dans le pays. A ce titre donc, ils ne sont pas des citoyens qui ont besoin d’un minimum de conditions de vie. Leur rôle n’est pas encore perçu par les pouvoirs publics comme une mission qui nécessite un accompagnement soutenu. Les journalistes béninois continuent d’exercer dans un environnement où règnent la misère et la précarité. Une profession sans lendemain et pleine d’incertitude. Ce mauvais sort que trainent les hommes des médias n’a jamais été conjuré. Or, les diagnostics ont été posés. Mais il manque toujours une volonté politique pour inverser la tendance. Cela pourrait attendre la venue des coquecigrues. Car, rien à l’horizon ne présage d’une perspective heureuse pour les entreprises de presse. Elles qui naissent et disparaissent dans l’anonymat.

Les recommandations et résolutions issues des deux états généraux de la presse sont toujours gardées comme document d’archives. Celles issues de la récente table ronde des médias organisée par le Conseil national du patronat de la presse (Cnpa-Bénin) font actuellement l’objet de lobbying et se promènent dans les bureaux et directions de l’administration béninoise. Pendant ce temps, les animateurs du quatrième pouvoir (abus de langage) comptent leurs morts. Le cas le plus récent est la mort du promoteur de l’hebdomadaire « Le Choix « , Alain Adoun décédé dans les conditions difficiles. Que son âme repose en paix. C’est le moment plus que jamais de faire le bilan et surtout situer les responsabilités.

Premier constat, les dirigeants politiques ne sont pas dans la logique de travailler à une presse libre, financièrement indépendante et véritablement professionnelle. Et cela dure depuis des années. Les régimes politiques qui se sont succédé à la tête du pays ont toujours manifesté cette insouciance envers le quatrième pouvoir. Ils l’utilisent à leur bon gré, l’infantilisent et en faire un tremplin pour leur ascension politique. Difficile d’établir ici une exception. La situation devient de jour en jour critique. Aujourd’hui, il est difficile de réclamer le statut de journaliste.

Au sein de l’opinion publique, le journaliste est perçu comme un miséreux, sinon un nécessiteux dont le quotidien se résume aux perdiems devenus rares. Un mendiant ambulant qui troque sa plume et son micro contre des traitements dérisoires, à la limite, ridiculisant. La satire du président du parti Moele-Bénin, Jacques Ahadji résume tout sur la vie des journalistes et dresse une caricature judicieuse du fonctionnement des entreprises de presse au Bénin. Une presse domptée qui trouve son salut dans les poches corrompues des acteurs politiques.

Les associations professionnelles ont aussi leur part de responsabilité dans ce dénuement dans lequel baigne la presse béninoise. La Haac, L’Upmb, le Cnpa-Bénin et dans une certaine mesure l’Odem ont tout le temps œuvré à la précarité dans laquelle vivent les médias du Bénin. A ce niveau, aucun lobbying pour asseoir une presse responsable et véritablement épanouie. Chacune de ces associations se contentent de leur autorité qu’elles exercent parfois au-delà des limites juridiquement établies. Les nombreuses alertes et propositions individuelles données par les promoteurs d’organes de presse tombent dans les oreilles de souds

Didi coffi

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