Cryptomonnaies : Ce qu’en dit la BCEAO 

 

Dans une interview accordée à des médais, le gouverneur de la BCEAO, Tiémoko Meyliet KONE s’est intéressé à la prolifération des cryptomonnaies dans la zone Uemoa. Lisez-le

La cryptomonnaies fait son chemin auprès du grand public.  De la même manière que certaines banques centrales, la BCEAO va-t-elle créer sa cryptomonnaies ?

« La BCEAO est garante de la stabilité financière, de la sécurité et de l’intégrité des systèmes de paiement dans l’Union. A ce titre, elle doit toujours anticiper pour mieux relever le défi de l’accélération des innovations numériques et technologiques, qui transforment progressivement nos pratiques en matière d’utilisation des moyens de paiement, d’épargne et d’échange. En effet, les nouvelles technologies offrent d’immenses possibilités et des avantages certains aux consommateurs, aux entreprises et aux institutions financières. Mais elles sont porteuses également de risques pour notre système financier.

En conséquence, le défi pour la Banque Centrale consiste à trouver un équilibre entre, d’une part, la nécessité de promouvoir ces vecteurs d’innovation et de progrès et, d’autre part, celle de préserver les populations contre les risques qui y sont associés.

Je vous fais remarquer que les cryptomonnaies ou monnaies virtuelles privées, en particulier, sont plus proches des actifs spéculatifs que de la monnaie à proprement parler. Elles ne présentent aucune des caractéristiques généralement associées à une monnaie, à savoir une réserve de valeur ou un cours légal.

Cela étant dit, pour l’heure, la BCEAO n’est pas favorable à la prolifération de ces actifs financiers dans l’Union, notamment en qualité d’instruments de paiement. Notre approche de prudence s’explique par les risques attachés à ces actifs notamment, la volatilité de leur cours, leur faible niveau de liquidité, de même que leur utilisation potentielle à des fins frauduleuses. Enfin, les cryptomonnaies emportent également des conséquences en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme du fait de l’anonymat relatif qu’elles confèrent aux utilisateurs. Dans les faits, nous avons recensé très peu d’initiatives de cryptomonnaies dans notre zone. Cette situation est certainement liée au contexte de faible niveau d’éducation financière des populations de l’Union, qui ne favorise pas le développement de ce type d’actifs dans notre zone.Mais je voudrais réaffirmer que la promotion de nouvelles technologies propices à l’amélioration de l’inclusion des populations et de la stabilité financière reste notre priorité. C’est la raison pour laquelle, la BCEAO a mis en place en son sein un Comité Fintech pour  promouvoir le développement et la prise en charge harmonieuses des innovations technologiques. Dans ce cadre, des réflexions sont en cours sur les monnaies numériques de banque centrale et leur éventuelle prise en compte comme moyen de paiement supplémentaire dans la zone. Cette approche nous permet de mieux nous familiariser avec la technologie et d’être prêts, le moment venu, pour en tirer les meilleurs bénéfices ».

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