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Exploitation de forage au Bénin: Les explications du ministre Samou Seidou Adambi

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Le Ministre de l’Eau et des Mines, Samou Seidou Adambi était ce mardi 29 Juin 2021 sur le plateau de Canal 3 Bénin.  L’invité de Christian Adandédjan et d’André Dossa a abordé plusieurs sujets au rang desquels l’exploitation de forage au Bénin. Voici les explications de l’autorité sur ce sujet qui a défrayé la chronique ces derniers jours.

Christian Adandédjan. Vous êtes le Ministre de l’Eau et des Mines. Le premier sujet à aborder avec vous, c’est cette note de service, signée de vous et qui a créé la polémique depuis quelques semaines déjà où on parle de la réalisation et d’exploitation de forages d’eau en République du Bénin. Désormais, il faut aux citoyens béninois une autorisation signée de votre personne. Monsieur le ministre, Pourquoi ?

 

Ministre Adambi : Merci pour l’occasion que vous m’offrez d’expliquer à nos compatriotes de quoi il s’agit effectivement. Vous savez, quand vous êtes aux feux tricolores, vous avez de l’eau dans les sachets. Cette eau qu’on vend, personne ne sait comment ça se fabrique, là où ça se produit. Donc l’obligation que le gouvernement a, c’est de vérifier dans quelle condition cette eau est produite. Et c’est à cette occasion, que chaque année, nous menons une campagne de vérifications dont de l’eau en sachet qu’on vend à nos compatriotes. En 2020, nous avons mené une campagne, d’abord un recensement de 466 unités de production sur l’ensemble du territoire national. Nous savons à peu près que nous en avons 1200. Mais, celles qui se sont déclarées après les communiqués, après toute la sensibilisation du ministère, les directions départementales et des mairies, nous en avons recensé 466. La campagne de vérification, la qualité de l’eau donc, a été menée sur 346, environ 75% donc de ces 466. Et le constat, est que la plupart de ce qu’on nous vend comme eau, ce n’est pas de bonne qualité.

Les conditions de fabrication ne sont pas réunies. C’est dans des zones insalubres, l’environnement laisse à désirer et personne ne contrôle la qualité de cette eau.

 

C.A: Vous parlez de quelle eau ?

 

 

Ministre : L’eau de forage, l’eau de puits et même l’eau de Soneb.

André Dossa: Ça c’est ce qui concerne ce qui est vendu, vous l’avez dit, à la criée dans les feux, à la sauvette. Mais quid des forages dans les maisons ? Les puits dans les maisons ?

Ministre : Je viens à vous Monsieur André. Donc ça nous a amenés à faire ce constat que la plupart de ce qu’on nous vend, environ 58% est de très mauvaise qualité.

Et donc expose nos compatriotes à de graves maladies dans cinq, dix ans. Alors la décision a été prise, ministère de l’eau, ministère de la santé, ministère du cadre de vie, de fermer systématiquement, toutes les unités de production, où nous avons, en fait des eaux avec un taux de fluor supérieur à 2,5 mg par litre ou de nitrate supérieur à 70 mg par litre. Tout ce qui est puits, les puits ordinaires que nous connaissons, il faut les fermer automatiquement. On ne peut pas faire de l’eau, on ne peut pas vendre cette eau aux gens, impossible. Là où l’environnement est insalubre, qu’on peut aménager, on les a fermés, on les a suspendus, le temps que les propriétaires se mettent en règle.

Et là, les directions départementales ont été donc appelées à faire un suivi. Et donc, revenir au bureau, la plupart, environ 80% n’ont aucune autorisation de prélèvement. Or lorsque vous prélevez de l’eau, que vous vendez, vous devez avoir l’autorisation préalable du ministère de l’Eau et des Mines. Et vous êtes suivis par le ministère du Cadre de Vie pour que l’environnement soit sain, pour que l’eau que vous vendez à vos compatriotes soit de l’eau potable. C’est une obligation de l’Etat. On ne peut pas se soustraire à cette obligation. Et donc, ça nous a amenés à dire à la plupart de ceux qui pourront se mettre en règle, de venir vers nous. Et puisqu’on ne peut pas prendre individuellement donc, la note de service a été prise en octobre 2020, et affichée à la DG-Eau, direction générale de l’eau, parce que c’est là qu’on dépose les dossiers, pour dire, pour ces unités, ceux qui viendront, voilà les pièces qu’il faut réunir avant de rouvrir, pour ceux qui pourront rouvrir, ceux pour qui ce n’est pas fermé définitivement, ceux qu’on a suspendu, ils doivent remplir toutes ces conditions pour que le cadre soit sain, l’eau soit réellement analysée et que cette eau soit consommable.

Voilà donc comment, comment nous sommes partis à cette note de service qui concerne donc, ceux qui vendent l’eau. Et la loi le dit clairement. Maintenant, pour les ménages…

 

 

 

A.D: En réalité, ça ne concerne pas les ménages.

 

 

Ministre : Je viens… Pour les ménages, on parle de consommation domestique. Lorsque vous voulez faire votre forage, dans votre maison, vous n’avez pas cette obligation au prime abord d’aller demander l’autorisation, non ! Mais par la suite, vous êtes obligés d’aller déclarer, j’ai un forage chez moi. Parce qu’au moment où vous avez construit votre maison, vous n’avez pas de fosses septiques. Vous avez un forage, peut-être vous avez eu de l’eau, vous n’avez jamais analysé. Parce que c’est clair, pour vous, c’est de l’eau potable. Vous avez commencé par boire. Mais entre-temps, vous avez commencé par remplir vos fosses septiques. Pour ceux qui sont à Calavi, nous savons bien que pendant dix ans, souvent les gens ne vident pas. L’eau des chasses que vous envoyée tous les matins, ça part où ?

Ça part dans le forage. Un an après, il faut aller analyser, est-ce que cette eau est une eau qu’on peut toujours utiliser même pour la lessive, la vaisselle ainsi de suite, il faut vérifier ça. C’est ça en fait une obligation, l’état doit accompagner les ménages à vérifier cette eau régulièrement.

 

 

A.D: Monsieur le ministre, les forages et les fosses septiques n’ont pas les mêmes dimensions. Généralement les forages sont bien plus profonds que les fosses septiques.

 

 

Ministre : Exactement ! L’eau pèse. L’eau a un poids, vous savez bien. Alors quand on aspire, l’eau coule partout au sol. Nous sommes dans le sédiment ici, je prends précisément la partie méridionale. Nous sommes dans le sédiment.

Quand on dit sédiment en fait ce n’est pas du sol, ce n’est pas du caillou. C’est beaucoup plus de sable entassé. Donc l’eau circule comme nous le voyons dans les barrages ici, dans le sous-sol. Vos fosses septiques envoient l’eau qu’il y a dedans dans le forage. Parce que le forage aspire, les pompes aspirent. Quand on aspire, quand l’eau finit donc, ça tire de partout. Un an après, si vous analysez, vous allez voir que ce n’est plus la même eau que vous avez il y a un an. Donc normalement, pour votre bonne santé, vous devez pouvoir dire je veux analyser mon eau. C’est peut-être 5000 francs par an ou 10000 maximum. On ne vous demande rien. Si vous ne vendez pas; mais si vous commencez par donner cette eau à quelqu’un qui est à côté de votre maison, vous avez l’obligation de faire analyser cette eau régulièrement, mais si vous ne donnez pas, vous êtes libres. Mais pour votre bonne santé, on recommande à ce que chaque année vous faites analyser.

 

 

A.D: Et analyser l’eau chaque année, ça implique des dépenses monsieur le ministre, qui prend ça en charge ?

 

 

 

Ministre : C’est 5000f pour votre santé, pour votre bien-être. C’est 5000 par an. Faites le calcul, combien ça vous fait.

A.D: Alors, lorsqu’on analyse l’eau, c’est à quelle fin? Lorsqu’on analyse par exemple et qu’on constate qu’il y a des anomalies, quelle est la suite ?

Ministre : On va vous recommander. Parce que si c’est une eau qui était une eau consommable au début, ça veut dire qu’il y a des gènes coliformes dus à l’eau de vos fosses septiques, ça veut dire liés aux déchets de vos fosses septiques. Là, avec rien que l’eau de javel, on peut corriger le tir, pour vous permettre donc de continuer par utiliser votre eau. Mais si c’est une eau, qui à la source déjà, dès le premier prélèvement n’est pas une eau de bonne qualité, vous ne pouvez pas l’utiliser. Ce que j’ai dit tantôt ; si le taux de nitrate, le taux de fluor est important, vous ne pouvez pas parce que ça va dégrader, en fait votre état de santé dans le temps. Voilà donc pourquoi la note de service a été prise pour donc discipliner et encadrer ceux qui aujourd’hui prélèvent de l’eau et vendent à nos compatriotes.

 

 

 

A.D : Monsieur le ministre de l’Eau et des Mines, le Bénin ce n’est pas que Cotonou, ce n’est pas que les centres urbains, je suppose que vous et un peu comme moi, et Christian sans doute aussi, vous avez dû boire de l’eau de nos puits traditionnels, dans les maisons, dans les quartiers, dans les villages, quel sort votre note de service, votre réforme, réserve à ces puits-là?

 

Ministre : Alors, dans nos villages, vous voyez en fait, on défèque souvent à l’air libre. Vous êtes d’accord avec moi, les eaux de ruissellement emportent ça. Ici, dans les zones urbanisées, c’est que nous creusons, et en fait puisons l’eau. L’eau n’arrive pas à partir. Ce n’est pas parti dans les eaux de ruissellement. Ça s’infiltre dans les forages, c’est ça la différence. Au village, il y a un puits, c’est l’eau en fait de la nappe que nous buvons souvent. Et donc de temps en temps, pendant la saison pluvieuse, l’eau de pluie rentre dedans. C’est tout. C’est beaucoup plus sain que ce que nous avons ici aujourd’hui dans nos villes, parce ce que le surpeuplement, la densité des êtres humains que vous voyez dans nos villes, ça fait que nous sommes obligés de regarder ça de près avec nos compatriotes.

Ce qui se fait dans les villages, ce n’est pas ça. Et là également, nous sommes en train de corriger le tir. Vous voyez la NAEP aujourd’hui, qui est en train de déployer tout ce programme de l’eau en milieu rural pour que d’ici deux ou trois ans maximum, on ait fini complètement avec la question de l’eau potable partout sur le territoire national. Voilà donc ce que nous pouvons dire sur cette question. Que nos compatriotes retiennent, que lorsque vous voulez vendre de l’eau, vous voulez prélever de l’eau pour vendre, à des fins commerciales, vous avez l’obligation d’avoir l’autorisation préalable et les pièces à fournir sont là. Il continue d’être en cours aujourd’hui, pour voir ce en quoi, la loi sur la gestion de l’eau en République du Bénin, quels sont les articles que nous pouvons réellement mettre en application à la fin du programme de l’approvisionnement en eau potable de nos localités.

 

 

C.D: Alors, on les espère, les dispositions légales chez nous, c’est une préoccupation de votre côté, la bonne santé de vos concitoyens c’est également une préoccupation. Et l’autre préoccupation aussi, peut-être que vous avez l’avez à peine voilée, Monsieur le ministre, c’est la bonne santé financière de cette structure, la Soneb. Quand on écoute un peu les commentaires à la lecture de cette note de service, on dit que c’est parce que, bon, vous avez constaté qu’il y a beaucoup de forages aujourd’hui, ce qui fait qu’il y a un manque à gagner de l’autre côté, au niveau de la Soneb et donc, il fallait sortir cette note de service pour donc engranger un peu de ressources pour la structure.

 

 

 

Ministre: Non pas du tout ! Je vous ai expliqué dans quel cas la note de service a été prise. Ça n’a absolument rien à voir. La Soneb, partout où elle passe, elle aura de la clientèle, ça il y a rien à faire. Parce que, quand on fait les calculs, avoir un forage, ou bien être abonné à la Soneb, la différence est nette. C’est comme la SBEE et un groupe électrogène à la maison. Parce qu’ici, l’état subventionne. C’est un service social que l’état a l’obligation de donner à ses compatriotes. L’eau de la Soneb, quand vous calculez, le coût de la production, le litre…

 

A.D: Les forages reviennent plus chers que la Soneb alors que ça nous rend autonome ?

Ministre : Bien sûr ! Parce que vos forages que vous avez, ne sont pas des forages artésiens. Ça veut dire, quand vous avez foré, l’eau ne sort pas d’elle-même. Il faut aller pomper, vous avez une pompe, il faut certainement de l’énergie, soit un panneau solaire, soit la SBEE. Faites le calcul du mètre cube. Faites le calcul vous allez voir, vous serez autour de 1000 frs le mètre cube. Quand vous faites le calcul, le calcul le plus banal, vous êtes autour de 1000 frs parce que le panneau ne dure pas plus de 15 ans. Vous avez une batterie que vous allez mettre pour pouvoir pomper de l’eau à chaque instant, quand vous faites le calcul, vous ne vous en sortez jamais ! C’est comme un groupe électrogène, vous pensez que vous êtes autonomes, c’est vrai, mais le prix auquel l’état vend l’eau ou l’électricité, c’est des prix en subventionnés. Je prends simplement le cas de Parakou. La production du mètre cube à Parakou, nous revient aujourd’hui à environ 840 frs le mètre cube. A combien nous vendons l’eau ?

 

A.D: Monsieur le ministre, vous avez un forage ou bien la Soneb à la maison ?

Ministre : C’est la Soneb. Je n’ai aucun forage ici à Cotonou.

 

 

A.D: Est-ce que vous êtes sincère?

 

 

Ministre : Oui, mais à Parakou j’ai un forage.

Mais en réalité, que j’ai utilisé dans le quartier parce qu’il n’y avait pas encore la Soneb au moment où j’y étais. La Soneb est venue par la suite dans le cadre des travaux d’extension du réseau d’eau de Parakou.

 Source externe 

 

 

 

 

 

 

 

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