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L’ancien ministre de l’habitat et l’urbanisme à propos du cadre de vie et de l’environnement en République du Bénin : Luc-Marie Gnancadja :« Il y a du mieux, il y a du progrès, il y a que des aveugles qui ne pourraient pas en convenir »

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Le premier numéro de l’année 2023 de l’émission ‘’Le Club de l’Economiste ’’organisée par le journal béninois spécialisé des questions économiques ‘’L’Economiste du Bénin’’ a reçu comme invité jeudi 10 Février 2023, l’ancien ministre de l’environnement, de l’habitat et de l’urbanisme sous le Général Mathieu Kérékou, Luc-Marie  Gnancadja. Il a passé au peigne fin plusieurs questions relatives au cadre de vie d’hier à aujourd’hui au Bénin.
La plateforme d’échanges et de communication a reçu pour son tout premier numéro de l’émission ‘’Le club de l’économiste’’ pour le compte de l’année 2023, l’ancien ministre de l’Environnement, de l’habitat et de l’Urbanisme (MEHU), Luc-Marie Constant Gnancadja, Architecte de formation, candidat aux élections présidentielles de Mars 2006, 2e secrétaire exécutif de la convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification poste qu’il a occupé pendant deux mandats entre 2007 et 2016, membre de la décennie des Nations Unies sur la dégradation des Ecosystèmes, membre du Conseil consultatif mondial sur la dégradation des Ecosystèmes, président du Conseil stratégique de l’Observatoire du Sahel et du Sahara (OSS) aujourd’hui, l’homme crédité d’un parcours triomphal pour ce qui concerne les questions de l’environnement et du cadre de vie a épluché divers pans des actions en cours sous la gouvernance du Président Patrice Talon dans les domaines du cadre de vie et l’environnement. D’entrée, Luc-Marie Gnancadja relève que le cadre de vie des Béninois respecte les normes et standards de l’habitat sous Patrice Talon. « Il y a du mieux, il y a du progrès, il y a que des aveugles qui ne pourraient pas en convenir », a-t-il soutenu. Pour que l’investissement public qui est fait aujourd’hui et qui est remarquable puisse apporter plus de résultat, affirme l’invité, il va falloir que le Béninois lui-même joue sa partition. « Le cadre de vie se construit, se pense. L’architecte que je suis-je dirais que les Béninois n’aiment pas consulter les professionnels pour leur cadre de vie. Et ça c’est regrettable parce qu’en se privant des conseils d’un expert, c’est comme si on choisissait de se faire opérer par quelqu’un dont ce n’est pas le métier», a caricaturé l’ancien ministre de l’habitat, Luc Gnancadja.
Un deuxième aspect avance l’ancien fonctionnaire onusien, c’est que le développement urbain va plus vite que tout. Il a donné quelques éléments en disant qu’entre 1960 et aujourd’hui, la population urbaine a été multipliée par 05 en 60 ans. Avec un exemple palpable, il a indiqué que quand on prend une ville comme Abomey-Calavi, sa population a été multipliée par 5 en 20 ans. « Aucune planification urbaine à ce jour ne peut courir après une telle vitesse. En Afrique, l’urbanisation est comme un TGV et il faut de nouvelles formes de planification de gestion urbaine pour acter cela. Il faut ajouter que dans les années 1980 avec les crises économiques, la variable d’ajustement a été l’investissement public en milieu urbain. En 1999 quand je venais à la tête du ministère de l’environnement, de l’habitat et de l’urbanisme qui était le nom de l’ancêtre du cadre de vie, l’investissement public en milieu urbain était de l’ordre de 4800FCFA par habitant. Autant dire, presque rien. Et le budget de fonctionnement du ministère était équivalent à celui de la HAAC. C’est pour nous dire où était nos priorités en ce temps-là. Maintenant pour rendre Justice à qui de droit, nous avons fait du chemin pour planter le décor pour dire que l’Afrique s’urbanise et s’urbanise très vite, notre pays aussi», a précisé le ministre Luc-Marie  Gnancadja, pour ensuite rappeler ce qu’est une ville en terme du développement. Pour lui, une ville, c’est le lieu de la création de la valeur ajoutée pour une production primaire des territoires. Donc, s’il y a une production qui se fait dans la Donga, ça passe pour la plupart par Djougou avant le Port de Cotonou. Comment on crée de la valeur ajoutée ? Comment on fait pour que la ville performe en faisant cela ? Comment on fait pour que les acteurs économiques puissent trouver un contexte d’avoir des avantages comparatifs par rapport à d’autres villes ? » A toutes ces interrogations, le ministre Gnancadja a apporté ses réponses pour placer le développement au cœur des enjeux économiques actuels au Bénin.
A la question des professionnels des médias de savoir si le niveau du Béninois lui permet de consulter un architecte ?, l’invité répond : « Je peux être en désaccord avec vous. Quand vous circulez vous vous demandez comment de tels investissements puissent prendre une portion de l’ordre de 3, 4, 5, 6% pour s’assurer si l’investissement est bien fait ?, Est fait pour performer par rapport à sa destination ? Et est fait pour être durable, pour que 5, 10 ans plus tard, ça ait la valeur ajoutée temporelle souhaitée ? Quand on ne fait pas tout ça, c’est qu’on n’est pas un investisseur. Et donc, ce n’est pas une question de niveau de vie, mais une question d’entendement, de compréhension ». «Personne ne se substituerait à un chirurgien pour consulter son fils mais pour construire la maison qui va habiter toute la famille, on peut improviser », s’est-il indigné. Le ministre Luc Gnancadja fait un comparatif de ce qui se fait aujourd’hui par rapport à ses ambitions et rêves et fait remarquer qu’en 1999, lorsqu’il a eu la chance de rentrer dans un ministère où le premier Document de la Réduction de la Pauvreté était en préparation au Bénin, qu’il a eu un exemplaire du draft. Selon lui, il y avait quatre ministères prioritaires pour la réduction de la pauvreté et l’environnement n’était pas dedans, le cadre de vie urbain n’était pas dedans. Et dans la logique des institutions de Breton Wood à l’époque, c’était que l’investissement en milieu urbain ne pouvait pas véritablement réduire la pauvreté ou réduire la croissance. Il fallait investir dans l’agriculture, la santé, l’éducation. Mais pas dans l’environnement. «Je leur ai dit si la ressource naturelle vivante est la première base des populations comment peut-on penser que ne pas investir pour préserver pour que ça ne se dégrade pas ne vas générer de la croissance ? Il a fallu faire cette bataille et nous avons gagné et on a été l’un des tout premiers pays en 1999 où ce document et les investissements ont pris en compte le secteur. Ça été très utile parce que grâce à cela nous sommes rentrés dans les ministères prioritaires et ça a permis à l’investissement public en milieu urbain dans notre secteur d’être triplé en 5 ans », s’est-il réjoui.
Aujourd’hui, affirme-t-il, de 11 Milliards FCFA en 1999, l’investissement public en milieu urbain est passé à 103 Milliards FCFA. « C’est vrai que la population urbaine est passée de 2, 5 Millions d’habitants en milieu urbain à 6 Millions aujourd’hui. Mais si on fait le ratio, on trouve que par habitant urbain, l’investissement urbain a été multiplié par 7,3. Ce sont des investissements massifs », a-t-il indiqué en paraphrasant le Président Patrice Talon. Non seulement c’est massif, fait constater le ministre Luc Gnancadja, mais c’est inscrit dans un ensemble de réformes systémiques qui permettent d’en assurer la durabilité et tout ça est appréciable. « C’est dans la bonne direction, la perfection n’étant pas humaine…Une lagune dans une ville est un atout pour la ville et ne pas investir pour que ça ne soit pas un lieu où on jette des ordures, pour surtout la valoriser en terme d’atout urbain pour les urbains mais aussi pour ceux qui voudraient venir au Bénin, ce n’était pas bien perçu à l’époque. Mais aujourd’hui on le voit bien avec la corniche qui est en chantier et quand elle sera terminée d’ici la fin de l’année, nous irons tous voir et cela va ajouter à l’attractivité de notre pays », a-t-il magnifié.
Il a répondu à bien d’autres préoccupations des journalistes surtout en ce qui concerne la COP 27, la désertification, l’érosion côtière. « Nous avons des pratiques agricoles qui doivent être revues à l’aune des meilleures pratiques que l’on connait par rapport aux types de sols que nous avons vu le fait que nous sommes l’un des pays les plus affectés par la dégradation des terres », renseigne le ministre Luc Gnancadja. Exemple à l’appui, il a indiqué que de 2000 à 2010, le nombre de populations vivant sur des terres dégradées s’est accru de 23%. « Ce taux-là est l’un des plus élevés en Afrique. Ce sont des éléments qui, si on n’en tient pas compte, on peut faire une croissance mais qui ne sera pas durable. Les éléments que j’ai vus et que j’observe laissent à penser que ça été traduit dans les stratégies dans les différents secteurs qui sont impliqués et que 5 ans plus tard qu’on puisse évaluer et que l’évaluation permettra de constater qu’il y a eu de bons progrès et de corriger…», clarifie Luc Gnancadja.
Etienne YEMADJE

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