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Stratégies de développement des PME : « Le FAGACE constitue, l’institution adéquate pour appuyer les Etats membres »

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Institution financière internationale spécialisée dans la promotion des investissements publics et privés, le Fonds Africain de Garantie et de Coopération Economique (FAGACE), se mobilise depuis plusieurs années aux côtés des Etats pour soutenir le développement notamment à travers des mécanismes de financement offerts aux PME. Dans un contexte mondial de relance post-covid-19, le Directeur Général du FAGACE, Ngueto Tiraïna Yambaye, a présenté dans une interview accordée au magazine « Echanges Internationaux (EI)», le rôle qu’entend jouer le Fonds pour aider les Etatsà relever les défis qui s’imposent à eux. Interview.

 Échanges  Internationaux. Pourriez-vous nous rappeler les spécificités des activités du FAGACE et leurs apports au développement économique et à la coopération internationale?

Nguéto Tiraina Yambaye : Le Fonds Africain de Garantie et de Coopération Economique (FAGACE) est une institution financière internationale spécialisée dans la promotion des investissements publics et privés. Véritable instrument dans le mécanisme de financement du développement de l’Afrique, le Fonds a joué un rôle important au cours des quarante-quatre dernières années en faveur de l’intégration économique de ses 14 Etats membres avec plus de 2500 milliards de FCFA mobilisés grâce à ses interventions diverses. Il faut rappeler que le FAGACE est l’un des précurseurs dans le domaine de la garantie bancaire en Afrique. A l’instar des économies de ses Etats membres, le Fonds a fait preuve de résilience, pour maintenir le cap et relever les défis tout au long de ces années. Aujourd’hui, il amorce une nouvelle ère de transformations pour être plus en adéquation avec les évolutions du marché financier et les attentes des économies des Etats membres. C’est pourquoi dès mon accession à la Direction Générale en juillet 2020, la priorité était de parvenir à un accord avec les États membres, sur un nouveau cadre stratégique. Ainsi, à travers le nouveau Plan stratégique 2021-2025 approuvé par le Conseil des Gouverneurs, d’importantes mesures ont été prises pour apporter des changements structurels et pour accroitre les performances et le rayonnement du Fonds.

Présentez-nous succinctement la vision, les nouvelles ambitions et les principales orientations stratégiques du FAGACE ?

A travers ce Plan, notre vision est de faire du FAGACE, à l’horizon 2025, une institution moderne qui contribue pleinement à l’intégration financière de l’Afrique. Pour ce faire, les principaux piliers de notre nouvelle stratégie se fondent sur : • la modernisation du Fonds ; • le renforcement de l’efficacité de sa Gouvernance ; • l’accroissement de ses interventions ; • la mobilisation de ressources ; • l’intensification de la coopération avec les banques et institutions partenaires pour favoriser l’accès au crédit d’investissement au plus grand nombre. Une telle perspective exige la consolidation des acquis, la mise en place d’un cadre juridique en développant un partenariat de proximité avec toutes les institutions du dispositif de financement de crédit et ses Etats membres en vue de soutenir les financements des investissements et relever ainsi les défis de la croissance et de l’emploi. Cette proximité passera notamment par des appuis multiformes dans le cadre du financement des projets notamment les Projets publics, les PPP, du secteur privé, des interventions diversifiées qui seront accrues pour répondre aux besoins des économies.

En quoi le FAGACE peut-il se positionner comme un des acteurs clés du développement en Afrique Subsaharienne ?

Comme vous le savez, les entreprises en Afrique subsaharienne font face à de nombreux obstacles parmi lesquels il y a l’accès au financement qui constitue un obstacle majeur à leur financement. Les coûts associés au financement s’avèrent exorbitants cumulés à une proportion de prêts exigeant une garantie très élevée et une exigence de garanties importante. Le FAGACE dispose d’acquis solides avec une expérience avérée dans son principal métier, la garantie.A cet égard, le Fonds a développé une approche spécifique alignée sur les objectifs de développement économique et financier des Etats membres avec des retombées socio-économiques significatives déclinées en cinq (5) points principaux : • La mobilisation de capitaux privés pour financer l’économie ; • Le développement et l’amélioration de l’accès au crédit pour les entreprises notamment les PME/PMI ; • La promotion de l’entrepreneuriat et la création d’entreprises à travers de nombreux projets dont le financement a été garanti par le Fonds auprès des institutions financières partenaires ; • Le développement du secteur privé grâce au financement de leurs stratégies de croissance créant dans leur sillage de milliers d’emplois ; • Un soutien direct aux projets à fort impact dans des secteurs et filières traditionnels et stratégiques : à titre d’exemples, en 2020, le FAGACE a financé entre autres, l’installation d’une usine de production de farine de blé au Bénin, l’installation d’une usine de fabrication de tuyaux en polyéthylène au Rwanda, la construction de résidences universitaires au Sénégal et la construction du marché de Dassa au Bénin créant plus de 1 000 emplois.Le FAGACE en sa qualité de garant se positionne donc comme un accélérateur du développement des entreprises et un outil au service du développement économique et financier de l’Afrique.

Quelle stratégie et quelles initiatives concrètes du FAGACE permettent à cette institution de participer à la relance en Afrique ?

Les PME/PMI constituent l’épine dorsale des économies des pays en développement en général et des pays membres du FAGACE en particulier. Selon les estimations, elles représentent plus de 90 % du tissu économique des pays ciblés par le FAGACE, contribuent entre 20 % et 30 % du PIB comme dans les autres pays africains et constituent d’importantes pourvoyeuses d’emplois surtout en milieu rural. Importants viviers d’emplois, elles offrent de vastes possibilités de développement économique et social.Un mécanisme de garantie public de crédit efficace comme le FAGACE est la solution clé capable de relever le défi de leur accès au financement, point focal des programmes nationaux de promotion du développement des PME/PMI. La structure de garantie accorde son aval pour l’octroi de prêts aux PME, en réponse à l’exigence de garanties des institutions financières. En absorbant ou en partageant ainsi le risque de non remboursement du crédit, le dispositif encourage les institutions financières à prêter davantage au secteur privé en général et plus particulièrement aux PME et à des taux réduits en plus ; ce qui permet de combler le déficit de financement susmentionné. Avec les financements reçus, les PME émergent, se structurent, concrétisent leurs ambitions de développement et in fine créent plus de valeur ajoutée d’emplois et d’impacts dans l’économie. Outre la participation du Fonds aux Programmes Nationaux de Développement, la garantie du Fonds permet aux Etats membres d’atteindre les objectifs fixés en termes de développement social et de réduction de la pauvreté en orientant la politique de garantie vers des secteurs et industries prioritaires, les projets entrepreneuriaux. Il constitue également un levier important d’amélioration de la collecte d’impôts dans les Etats membres grâce à l’identification, la formalisation et la croissance du secteur privé.

L’intérêt des garanties, en plus de pallier les carences du marché, d’encourager l’intervention des institutions financières et d’accroître les volumes de financement disponibles par les mécanismes de partage des risques, réside dans l’effet multiplicateur significatif qu’elles génèrent à deux niveaux :

  • elles permettent à court terme, une forte mobilisation des financements privés, leur orientation vers les secteurs et cibles prioritaires des programmes nationaux de développement des Etats, grâce à un partage des risques plus acceptable pour les institutions financières, et à long terme, une réduction de leur dépendance aux garanties ;
  • elles permettent aussi une optimisation de l’allocation des ressources publiques par les Etats dans un contexte budgétaire contraignant et peuvent constituer une alternative aux subventions (injectées en une fois sans possibilité de retour direct). Un (1) franc de fonds publics placé dans une structure de garantie permet de générer au moins 5 francs d’investissement à travers d’une part un effet de levier sur la capacité de prise de risques du fonds (x5) et la capacité de financement des institutions financières (x2), et d’autre part un effet multiplicateur basé sur la capacité de financement en fonds propres des promoteurs (x2).

Par ailleurs, la crise sanitaire liée à la pandémie du COVID-19 a remis en cause les perspectives de croissance de nos pays, de nos économies et de nos entreprises. Dans ce contexte, les défis économiques sont énormes. Le FAGACE à l’instar des autres institutions propose en complément des mesures prises par les banques centrales et les gouvernements, des solutions adaptées aux Banques pour contenir les incertitudes auxquelles la pandémie confronte les économies. Ainsi notre solution de partage de risques permet de restructurer plus facilement les crédits devenus moins performants et de les accompagner en atténuant la détérioration du risque perçu par rapport aux entreprises face aux capacités de mobilisations qui s’amoindrissent. Un accent est également mis sur la garantie des lignes de financement spécifiques adaptées à chaque secteur afin de faciliter la mobilisation des ressources adéquates au financement de l’économie.

Quels sont les partenariats existants et futurs devant permettre au FAGACE de renforcer ses actions de soutien au développement économique ?

Comme vous savez, la situation économique de nos pays appelle un soutien plus accru des acteurs du marché. Nos Etats attendent beaucoup des institutions de développement comme le FAGACE et plus d’impacts. L’une des façons d’y parvenir est de faire en sorte que les institutions financières et de développement travaillent ensemble et créent davantage de synergies. C’est dans ce cadre que plusieurs accords ont été signés ces derniers mois notamment avec des Institutions telles que la BADEA, ETC, BLEND, KARA Investment Fund, le FIGA, TECHNOSERVE, et plusieurs groupes bancaires africains mais aussi avec les Gouvernements du Tchad, de la Guinée Bissau, du Mali pour une assistance et une présence plus accrues et les discussions se poursuivent avec d’autres institutions et Gouvernements. Cette dynamique va se poursuivre au cours des cinq (5) prochaines années, en lien avec les orientations du Plan stratégique. Avec ce Plan, la proximité avec les institutions de développement et les Etats membres va se renforcer et se diversifier. Les interventions conjointes dans les secteurs variés permettront d’impacter positivement le développement de nos Etats. De même, la collaboration s’étendra sur des volets mobilisation des ressources, identification de projets, échanges d’expériences, renforcement de capacités, structuration des opérations, appui et conseil aux porteurs de projets ainsi qu’aux Etats membres.

Vers quels changements majeurs dans l’approche du FAGACE pour être mieux connus et mieux associés aux projets d’envergure visant à accélérer le processus d’émergence en Afrique ?

Le FAGACE entend renforcer son rôle central dans l’appui des Etats membres dans le nouvel ordre économique continental en marche. Un nouvel ordre économique est en marche au niveau du continent africain axé sur une forte intégration économique marquée par la création de la Zone de Libre Echange Continentale Africaine (ZLECA). La nouvelle donne de levée des frontières créerait une forte tension concurrentielle pour les entreprises avec des effets pouvant s’avérer préjudiciables pour les moins compétitives, structurées et matures. Il est impératif que la situation actuelle des PME des pays membres du FAGACE avecune compétitivité minée par les difficultés d’accès au financement, s’améliore pour que celles-ci puissent tirer profit des opportunités attendues. Dans ce contexte, le FAGACE constitue, l’institution stratégique adéquate pour appuyer les Etats membres dans la concrétisation des stratégies de développement des PME pour quatre (04) raisons :

  • le Fonds dispose d’une capacité de garantie importante capable d’accompagner des stratégies de développement ambitieuses des entreprises requérant des moyens financiers importants et du financement de long terme ;le Fonds jouit d’un track-record solide et d’une expertise métier pointue avec un réseau solide de partenaires financiers et techniques s’étendant au-delà des frontières nationales, développés du haut de plus de 40 ans d’activité ;le Fonds jouit d’une totale indépendance et d’un ancrage au plus haut niveau des Etats membres, lui permettant d’adopter de fortes orientations accompagnant les programmes de développement des Etats membres ;enfin, les ambitions du FAGACE et les transformations engagées confirment sa place centrale en tant que force de solutions concrète au développement et à la croissance des PME dans les Etats membres.

Votre mot de fin ?

Les réformes intervenues au niveau du FAGACE ces dernières années ont permis des transformations positives, observables et en ordre de marche traduites par :une coopération nouvelle et fructueuse avec les institutions financières partenaires et une confiance renouvelée, un modèle de gouvernance renforcé, une excellence opérationnelle en conformité avec les normes prudentielles les plus exigeantes, une croissance forte et maitrisée, et une nouvelle orientation stratégique ambitieuse en ligne avec les orientations des programmes nationaux des Etats membres.

C’est entre autres, la combinaison de ces réformes et la bonne situation financière du FAGACE qui ont entrainé les résultats positifs enregistrés depuis trois (3) ans et qui ont permis au Fonds d’obtenir auprès de l’agence de notation internationale Bloomfield dès 2019, les notes « A- » à court terme et « A2 » à long terme avec une perspective stable. Toutes ces mesures constituent également un signal pour les nouveaux partenaires bancaires, les Etats et investisseurs financiers notamment dans le cadre de son expansion africaine et mondiale.

Source externe

 

BIOGRAPHIE

  • Nguéto Tiraina YAMBAY

De nationalité tchadienne, M. Nguéto Tiraina YAMBAYE est le

Directeur Général du Fonds Africain de Garantie et de Coopération

Economique (FAGACE) depuis le 1er Juillet 2020. Titulaire d’un

Doctorat en Sciences Economiques (CERDI, Clermont-Ferrand) il est aussi Diplômé HEC de la Faculté des Sciences Economiques et Sociales de l’Université de Genève où il a obtenu le MBA en 1998. Professionnel spécialisé en Politiques Publiques et en Finance internationale, il totalise 28 ans d’expérience dont 17 au niveau international. Avant de rejoindre le FAGACE, Institution Financière Internationale, il a été successivement Chercheur Universitaire au CERDI et à la FERDI en France, Ministre de l’Économie, du Plan et du Développement au Tchad et Administrateur du FMI pour l’Afrique à Washington DC.

En tant que Ministre, Mr YAMBAYE a été l’Architecte du Document de Politique Economique, Vision de long terme à l’horizon 2030 et de son Premier Plan National de Développement (PND) pour la période 2017- 2021. ; Il a conçu et organisé avec succès la Table Ronde des Bailleurs de fonds sur le Financement du PND à Paris en Septembre 2017 où il a obtenu cinq fois plus de promesses de financement.

Président du Conseil des Ministres de CEMAC en 2017 il a été aussi Gouverneur de plusieurs institutions comme la Banque Mondiale, la Banque Africaine de Développement, la Banque Islamique de Développement. Président du Comité de Pilotage du Projet SWEED Afrique (Automisation des femmes et Dividende Démographique au Sahel) financé par la Banque mondiale et l’UNFPA, il a été aussi membre du Conseil des Ministres du G5 Sahel. Son engagement à considérer les Réfugiés comme une opportunité l’a conduit à mettre en place une Politique d’intégration des Réfugiés dans le processus de développement du Tchad. Avant sa nomination au poste de Ministre, Mr. YAMBAYE fut Administrateur du FMI pour l’Afrique de 2011 à 2016.

Auparavant, il a été Coordonnateur National de la Cellule Économique du Gouvernement et Conseiller Technique à la Présidence de la République de 2009 à 2011. Il a été précédemment Conseiller

Economique, Financier et Budgétaire du Premier Ministre, Chef du Gouvernement de 2008 à 2009. M. YAMBAYE a travaillé comme Économiste au Fonds Monétaire International de 1998 à 2008. Il a commencé sa carrière en 1991 comme Assistant de Recherche à l’Université de N’Djamena avant de rejoindre le Centre d’Études et de Formation pour le Développement (CEFOD), une Institution tchadienne spécialisée dans le Renforcement des capacités et la Recherche pour le Développement comme Economiste et Coordonnateur des Programmes M. YAMBAYE a reçu plusieurs Distinctions Honorifiques au cours de sa carrière professionnelle, notamment : Officier de l’Ordre National du Burkina Faso ; Commandeur de l’Ordre National du Benin ; Commandeur de l’Ordre de la Reconnaissance Centrafricaine (RCA) ; Dignité de Grand Officier de l’Ordre du Mérite de la CEMAC

Contacts: ngueto.yambaye@le-fagace.org; nyambaye@hotmail.com

 

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