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Cohésion nationale et souveraineté civique : une vision politique audacieuse pour l’avenir du Bénin

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Fort de son double ancrage institutionnel et territorial, Christophe Agbodji propose une initiative novatrice : le PNCC. Ce projet de service civique à la béninoise ambitionne de renforcer le sentiment d’appartenance, tout en offrant à la jeunesse un espace d’apprentissage concret de l’engagement citoyen. Voici ce qu’il propose.

La nécessité de l’instauration d’un Programme National de Cohésion Civique au Bénin 

Alors que s’amenuisent les repères du patriotisme et que s’érode progressivement le sens de l’engagement civique, une interrogation majeure s’impose aujourd’hui : le Bénin ne devrait-il pas se doter d’un Programme National de Cohésion Civique (PNCC), conçu comme levier de mobilisation collective et de reconstruction du lien national ?

 

La perte du sentiment d’appartenance à la nation béninoise ne relève plus de la seule analyse sociologique ; elle s’observe dans les comportements, les discours et les aspirations. De plus en plus, les citoyens semblent se sentir davantage concernés par des causes extérieures que par les enjeux fondamentaux de leur propre pays. Une partie significative de la jeunesse apparaît désorientée, peu sensibilisée aux principes républicains, aux valeurs démocratiques et aux devoirs citoyens. Dans ce contexte, les institutions nationales sont parfois perçues comme lointaines, voire déconnectées des réalités quotidiennes. C’est donc à une véritable crise du lien civique que nous faisons face.

 

Une dynamique inspirée de pratiques internationales

Plusieurs pays, confrontés à des défis similaires, ont mis en place des dispositifs de service civique visant à renforcer l’unité nationale et à raviver la conscience citoyenne. En France, le Service National Universel (SNU), relancé en 2019, a pour vocation de transmettre les valeurs républicaines et de renforcer l’esprit de cohésion. En Allemagne, le Zivildiensta, durant plusieurs décennies, permis à des milliers de jeunes de s’engager dans des missions à forte utilité sociale.

Sur le continent africain, le Rwanda a mis en œuvre l’Itorero, un programme de formation patriotique axé sur la connaissance de l’histoire nationale, le sens du service communautaire et la discipline. Ces expériences convergent vers un même constat : la citoyenneté ne s’inculque pas uniquement par l’enseignement théorique, elle se forge par la pratique, l’engagement et la transmission intergénérationnelle.

 

Le PNCC, un cadre structurant pour une citoyenneté active

L’ambition du Programme National de Cohésion Civique n’est pas de reproduire des modèles étrangers ni de réactiver les logiques d’un service militaire traditionnel. Il s’agit plutôt d’une initiative spécifiquement pensée pour le contexte béninois, avec trois objectifs majeurs :

• Réaffirmer un socle de valeurs communes : faire connaître l’histoire du Bénin, les principes de la République, les droits et devoirs du citoyen, et raviver l’attachement aux symboles et idéaux nationaux.

• Offrir un cadre structurant à la jeunesse : en complément du système éducatif, le PNCC proposerait un temps d’apprentissage civique, de solidarité, de responsabilité individuelle et collective.

• Engager les jeunes dans des actions utiles au pays : à travers des missions concrètes dans l’éducation, la santé, l’environnement, la sécurité civile ou encore la promotion du patrimoine culturel.

Le PNCC se voudrait flexible, non militarisé et inclusif, avec une durée variable entre 6 et 12 mois. Il combinerait des phases de formation, de service volontaire et de restitution. Sa gouvernance impliquerait l’État, les collectivités territoriales, les organisations de la société civile et le secteur privé, dans une logique de co-construction nationale.

 

Un projet au service d’une renaissance civique

Aucune démocratie ne peut prospérer sans une politique ambitieuse de formation civique continue, portée par l’école, l’université, les médias et les institutions. Le PNCC pourrait ainsi constituer l’un des piliers d’une refondation du pacte civique béninois, en s’appuyant sur :

• Une charte nationale des valeurs citoyennes ;

• Un encadrement professionnel et qualifié ;

• Une intégration valorisante dans les parcours académiques et professionnels ;

• Un financement pérenne, transparent et équitable.

 

En définitive, le lancement d’un Programme National de Cohésion Civique ne relève pas d’un simple idéal : il s’agit d’une réponse urgente aux fractures sociales, à l’individualisme croissant et à la perte de repères collectifs. Il est temps de retisser les liens entre la jeunesse et la nation, de donner une portée concrète aux valeurs républicaines et de recréer un sentiment d’appartenance partagé.

En redonnant à l’éducation civique sa place, sa substance et sa visibilité, le Bénin peut espérer bâtir une société plus solidaire, plus consciente de ses responsabilités et plus souveraine dans son devenir.

A.Z

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