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Justice climatique internationale : Une dette climatique de 36 000 milliards de dollars envers l’Afrique

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Un rapport publié par l’ONG ActionAid en février 2025 met en lumière l’ampleur des dettes climatiques que les pays riches doivent au continent africain. Alors que les pays du Nord ont construit leur prospérité sur une appropriation disproportionnée du patrimoine atmosphérique mondial, l’Afrique continue de payer le prix de l’inaction climatique par une dette extérieure toujours exigée.

Dans un monde où les déséquilibres climatiques s’aggravent, les inégalités financières entre le Nord et le Sud prennent une dimension encore plus manifeste. Le rapport « Who Owes Who ? External debts, climate debts and reparations in the Jubilee Year », publié par l’ONG ActionAid en février 2025, dresse un constat alarmant : les pays riches ont une dette climatique de 36 000 milliards de dollars envers l’Afrique. Une somme astronomique qui contraste violemment avec la rigueur du recouvrement de la dette extérieure africaine. Basé sur les travaux des chercheurs Jason Hickel et Andrew Fanning, le rapport s’appuie sur le concept d’ »appropriation atmosphérique » pour estimer l’excès d’émissions de carbone des pays industrialisés au regard de leur part équitable dans le budget carbone mondial. Cette surconsommation historique, selon les chercheurs, a généré une richesse disproportionnée dans les pays du Nord, expliquant jusqu’à 70% des écarts de richesse transnationale. Les calculs de compensation établis jusqu’à 2050, sur la base des prix du carbone du GIEC et d’un scénario limitant le réchauffement à 1,5°C, montrent que même dans l’hypothèse la plus restrictive, en ne comptabilisant les émissions qu’à partir de 1992, les dettes climatiques atteignent 107 000 milliards de dollars. Pour l’Afrique, les 36 000 milliards qui lui sont dus représentent plus de 50 fois sa dette extérieure actuelle. Le paradoxe est d’autant plus flagrant que l’Afrique, qui n’est responsable que de moins de 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, subit de plein fouet les effets du dérèglement climatique. Pourtant, elle ne reçoit que 5% des financements climatiques mondiaux, et la majeure partie de ces fonds arrive sous forme de prêts, grevant davantage ses finances publiques. Alors que l’Accord de Paris prévoyait 100 milliards de dollars de financements annuels pour les pays du Sud, les pays du Nord ont longtemps retardé leur engagement. Et lorsqu’ils se sont exécutés, près des deux tiers de ces montants ont été proposés sous forme de crédits, contredisant l’esprit de solidarité climatique inscrit dans l’accord.

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À la COP29, en 2024, l’objectif de financement climatique a été relevé à 300 milliards de dollars par an. Mais sans clarification sur la forme, dons ou prêts, cet engagement reste ambivalent. Or, selon les projections, un transfert annuel de 4000 milliards de dollars serait nécessaire d’ici à 2050 pour couvrir la dette climatique mondiale, dont 1400 milliards devraient revenir chaque année à l’Afrique. Face à cette architecture financière jugée inéquitable, ActionAid appelle à une refonte profonde du système. Le rapport invite l’Union africaine et les pays du Sud à exiger une nouvelle convention-cadre des Nations Unies sur la dette, en rupture avec les mécanismes actuels dominés par le FMI, et à revendiquer l’annulation de la dette extérieure comme contribution au paiement de la dette climatique. Dans un contexte d’urbanisation rapide et de besoins croissants en adaptation climatique, l’Afrique ne peut continuer à financer les conséquences d’un désastre qu’elle n’a pas provoqué.

A.D

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