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Commerce au Bénin : Talon appelé à sauvegarder les intérêts béninois de la filière riz

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Des acteurs économiques nationaux dénoncent une concurrence déloyale orchestrée par des opérateurs indo-pakistanais, menaçant la stabilité du secteur rizicole et l’équilibre économique du pays. Face à cette situation jugée critique, ils appellent le gouvernement à instaurer des mesures de régulation strictes et urgentes.

La filière rizicole béninoise traverse une période particulièrement préoccupante. Selon plusieurs importateurs nationaux, une vague d’opérateurs économiques originaires d’Inde et du Pakistan exerce des activités commerciales en dehors de tout cadre réglementaire établi, ce qui engendre un déséquilibre croissant dans l’écosystème commercial du Bénin.

De septembre à décembre 2024, plus de 50 nouvelles sociétés auraient été créées exclusivement pour l’importation de riz « Parboiled ». Un schéma bien rodé : ces structures ferment après onze mois d’activité pour éviter le dépôt de bilan et les obligations fiscales, avant de renaître sous d’autres noms l’année suivante. « Le président Talon doit sauver les importateurs béninois de la filière », peut-on lire dans l’appel lancé par les opérateurs locaux qui se disent étranglés par une concurrence déloyale. Ils alertent notamment sur les flux financiers opaques alimentant ces importations, souvent réalisés hors du circuit bancaire béninois. « Ce qui inquiète le plus est l’origine douteuse des financements et le rapatriement de ce flux financier qui ne passe nécessairement pas par le système bancaire béninois. »

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Alors que le riz parboiled est censé transiter vers le Nigeria, les volumes enregistrés au port béninois sont jugés « démesurés ». Et si les recettes douanières connaissent une hausse, les retombées positives pour l’économie nationale s’arrêtent là. La majorité des transactions se faisant en espèces, l’argent est ensuite rapatrié par des canaux informels vers l’Inde, le Pakistan ou Dubaï.

« Il est inconcevable qu’il y ait plus de 200 étrangers sur le territoire béninois qui sont importateurs après avoir écrasé tous les importateurs locaux », dénonce l’un des représentants des acteurs nationaux. Ils estiment que l’importation ne nécessite aucune expertise spécifique, ce qui en fait un levier idéal pour des pratiques de blanchiment d’argent.

La fluctuation incontrôlée des prix vient aggraver une situation déjà complexe. « En une seule journée, cinq différents prix peuvent être appliqués pour le même produit, ce qui perturbe toute la chaîne jusqu’au Nigéria. » Face à cette dérive, dix propositions concrètes ont été soumises aux autorités, parmi lesquelles l’instauration d’un agrément d’importation, la fixation d’un quota par opérateur, le dépôt d’une caution de 100 millions FCFA pour les importateurs étrangers, ou encore l’obligation de transiter par les banques pour tout paiement lié aux importations. La déclaration se conclut par un appel solennel : « Le Bénin est un pays souverain et il est essentiel de protéger les acteurs économiques nationaux contre les déséquilibres induits par des pratiques commerciales abusives. Aucun béninois ne saurait s’adonner à de telles pratiques dans les pays sus-mentionnés. Nous vous exhortons à prendre des mesures urgentes afin de restaurer un commerce équitable et préserver les intérêts de notre économie. » Un signal fort est attendu de la part des autorités pour endiguer ce phénomène grandissant et redonner aux acteurs béninois la place qui leur revient dans cette filière stratégique.

Rafiou Lawal

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