Alors que le Mobile Money s’impose comme une solution majeure d’inclusion financière, notamment en Afrique subsaharienne où plus de la moitié des services mondiaux sont actifs, les menaces de fraude et les cyberattaques se multiplient. En 2023, la GSMA a recensé 310 services financiers mobiles dans le monde, témoignant de l’essor du secteur, mais aussi de l’intérêt croissant qu’il suscite chez les cybercriminels.
Selon une étude menée par l’Association mondiale des opérateurs mobile, cinq types de fraudes majeures affectent ce système de transfert d’argent via le téléphone mobile, avec des conséquences graves pour les usagers et les opérateurs. Dans un rapport publié en mars 2024, la GSMA dresse un état des lieux des pratiques frauduleuses observées dans 34 pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine. En tête des menaces, l’usurpation d’identité, l’ingénierie sociale, la fraude d’initié, la fraude par échange de cartes SIM et la cyberfraude, sont identifiées comme les plus prégnantes. Ces pratiques exploitent les failles de sécurité ou la confiance des usagers pour détourner des fonds ou accéder à des informations sensibles. L’usurpation d’identité, qui consiste à se faire passer pour une autre personne ou entité afin de tromper les utilisateurs, est un des modes opératoires les plus utilisés par les fraudeurs. Vient ensuite l’ingénierie sociale, une technique manipulatrice où les fraudeurs se font passer pour des agents ou des représentants d’entreprises légitimes, incitant les victimes à partager des informations confidentielles. La fraude d’initié est également une menace de premier plan. Elle repose sur la complicité de personnes internes au système qui utilisent leur accès privilégié pour détourner des fonds ou manipuler les comptes. Par ailleurs, l’échange de cartes SIM, qui consiste à cloner ou voler une carte SIM pour accéder aux comptes d’un utilisateur, et la cyberfraude, où des logiciels malveillants sont utilisés pour pénétrer les systèmes informatiques, figurent parmi les attaques les plus redoutées.
Un enjeu mondial, une menace locale
Le Mobile Money, particulièrement en Afrique subsaharienne, connaît une expansion fulgurante. En 2023, le continent comptait 835 millions de comptes actifs, totalisant 62 milliards de transactions et 912 milliards de dollars de fonds transférés. Cette dynamique fait de la région une cible privilégiée pour les cybercriminels, d’autant que la bancarisation y est faible et que le Mobile Money est souvent le seul moyen pour de nombreuses populations rurales d’accéder aux services financiers. Conscients de cette réalité, les opérateurs télécoms et les entreprises de sécurité, en collaboration avec des acteurs tels qu’Interpol, ont renforcé les campagnes de sensibilisation auprès des usagers. Ces initiatives visent à promouvoir des pratiques de sécurité, telles que ne jamais partager ses codes, vérifier l’authenticité des messages reçus ou activer l’authentification à deux facteurs pour sécuriser les transactions.
Renforcer la sécurité du secteur
La GSMA appelle les opérateurs à investir davantage dans des technologies de pointe, telles que l’intelligence artificielle, pour détecter et contrer les fraudes en temps réel. Elle insiste également sur la nécessité de mettre à jour les cadres juridiques afin d’adapter les lois aux spécificités des fraudes liées à l’argent mobile. Enfin, elle prône une collaboration renforcée entre les différents acteurs de l’écosystème, que ce soit à travers le partage d’informations, la protection des données ou des évaluations régulières des vulnérabilités. Face à la montée des menaces, la sécurité du Mobile Money devient une priorité pour garantir la pérennité d’un secteur qui joue un rôle majeur dans l’inclusion financière mondiale.
S.E