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Soutenance de thèse à l’Université d’Abomey-Calavi : Lyndha Bernice Gbèbioho fait Docteur en sociologie et anthropologie de la santé

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L’Université d’Abomey-Calavi enregistre un nouveau Docteur. Lyndha Bernice Mèdéssè Gbèbioho, c’est son nom. Elle a soutenu sa thèse en Sociologie-Anthropologie dans la spécialité Sociologie et Anthropologie de la Santé. C’était vendredi 27 Septembre dernier devant un collège d’éminents Professeurs dans la salle de conférence de l’Ecole doctorale pluridisciplinaire «Espace, Cultures et Développement » de l’Université d’Abomey-Calavi.

Née le 19 Juin 1988 à Cotonou au Bénin, l’impétrant s’est prêtée à l’exercice sur le sujet : « Xidevô, une approche socio-anthropologique des règles et du vécu des menstruées à Akpro-Missérété ». Il s’agit des normes et des pratiques socioculturelles auxquelles sont assujetties les femmes dans cette commune du département de l’Ouémé. La recherche effectuée sur plusieurs années par Lyndha Bernice Mèdéssè Gbèbioho a consisté à analyser les repésentations et les logiques sociales associées aux règles et le vévu des filles et des femmes à Akpro-Missérété. Selon elle, Akpro-Missérété est un milieu à fort ancrage culturel où on enregistre jusqu’à aujourd’hui, des pratiques culturelles et des normes socioculturelles qui encadrent les menstrues. A cet effet, les femmes approchées n’ont plus le même vécu quotidien. Elles doivent se retirer du lit conjugal, des activités quotidiennes et même de leurs activités économiques. Dans les concessions familiales et les espaces religieux explique l’impétrante, les femmes n’ont plus accès parce que cet écoulement sanguin féminin est qualifié d’impureté ou de souillure. Aussi, les filles et les femmes éprouvent des difficultés dans la gestion de leur hygiène menstruelle. Mais que symbolise cette impureté caractérisant ce liquide  ? Impureté signifie que l’état dans lequel la femme se trouve pendant la menstruation, l’écarte des normes socioculturelles qui préexistaient, créant un désordre, une peur ou renvoyant à un danger contre lequel il faut protéger son entourage. Alors, la menstruée doit s’isoler. On not alors les discours, les mythes et les croyances religieuses qui construisent les réprésentations sociales associées aux règles. Ce phénomène indique Bernice Gbèbioho n’est plus appréhendé seulement dans sa dimension biologique d’origine. Elle repose également sur des conceptions sociales et culturelles où à Akpro-Missérété, les menstrues sont désignées par des expressions comme : Xidèvo, manwè, là.
Les normes et pratiques prescriptibles et prohibitives entourant ce phénomène sont les tabous menstruels qui orientent les conduites des menstruées. Ils consistent à une reclusion physique ou symbolique, aux retraits des activités quotidiennes, à l’obligation de ne pas dévoiler le sang menstruel. Ces pratiques sont plus accentuées au niveau des femmes mariées qui doivent utiliser une autre chambre ou dormir ailleurs. L’impétrante les décrit en des pratiques d’isolement, d’évitement et de délimitation de l’espace. « Quand on range les bols, les effets, les récipients quelque part, on est en train de délimiter l’espace qui sest empreinte d’impureté qui qualifie le phénomène. Donc, l’espace-là aussi est impur et il ne faut pas s’y rendre quand on n’est pas en état de menstruation. Il y a aussi les pratiques de purification et de contrôle du corps féminin. Plusieurs autres préjugés et interprétations, concourent à gérer ce phénomène dans les espaces tant religieux, tant sociaux, tant traditionnel. Chacun choisit en fonction des intérêts qu’il y trouve de respecter ou pas ces normes socio-culturelles », a expliqué Bernice Gbèbioho qui trouve néanmoins qu’elles sont atténuées de nos jours mais persistent toujours car, ce sont les femmes, elles- mêmes qui reproduisent et perennisent ces manières de faire et ces manières de pensée en les transmettant à leurs enfants.

L’analyse du vécu des femmes par rapport à la pratique de l’hygiène menstruelle a permis de mettre en exergue les conditions dans lesquelles sont observées cette hygiéne. Mais force est d’observer que les filles et les femmes n’ont pas accès aux composantes de la GHM telles que : l’eau potable, les ouvrages de WASH, les informations sur l’hygiène menstruelle. Les malaises morphologiques notamment les règles douloureuses, l’irrégularité des menstrues, les ménauposes précoces sont autant de difficultés qui compromettent le vécu des menstruées. Aussi note- t-on que celles- ci ont recours aux traitements traditionels proposés par les revendeuses au marchés, les hounnons…pour se soulager. Car, les politiques de santé publiques s’y penchent très peu. Tout ceci montre la prééminence des tabous autour des menstrues.

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Dès lors, on peut se poser la question de savoir si la menstruation et les tabous l’entourant sont negatifs ? Aux dires de madame Bernice Gbèbioho, la réflexion menée ne s’est pas apitoyée sur une position mais a montré que les hommes comme les femmes y ont recours pour vivre et protéger leur santé sociale, leurs pratiques religieuses et leur bien-être social. L’impact de la recherche soutient-elle est d’abord situé au niveau de la thèse défendue où elle ne s’est pas positionnée sur la dimension négative et la dimension positive mais montre que les tabous sont des pratiques qui permettent aux femmes et aux hommes d’orienter leur conduite ou leurs manières de faire en lien avec les menstrues. A cet effet, avance Bernice Gbèbioho, si les femmes continuent de les obser, c’est parce qu’elles tirent des avantages comme se protéger, laisser leur corps au repos et se préparer pour la période de reproduction qui commence bien après l’écoulement. « On peut y voir les sollicitations sanitaires, religieuses et aussi la peur que la société entière, même les femmes éprouvent à l’ égard de ce phénomène », a expliqué l’inpetrante.

Elle a insisté sur la communication autour de cette thématique en montrant qu’il ne s’agit pas de briser les tabou. Mais, il revient de faire une analyse pertinente pour ressortir ceux négatifs à bannir et ceux positifs qui permettent de réguler la société, d’organiser la vie en société, de protéger le corps social et de répondre à des sollicitations sanitaires préservant la santé féminine. Quand nous prenons la dimension pratique qui est plus importante, elle renvoi aux besoins des femmes en menstrues. D’autres diront que ces besoins sont existants et que depuis la nuit des temps, les femmes ont géré leurs menstrues sans problème. Mais nous, nous sommes allés beaucoup plus en profondeur pour montrer qu’actuellement, les femmes souffrent de plusieurs maux cités plus haut. Les tabous menstruels qui consistent à avoir des limitations et des restrictions alimentaires (ne pas manger de l’huile rouge, du sucre en menstrues…).sont abandonnes», renseigne Lyndha Bernice Gbèbioho qui defend la thèse selon laquelle les tabous menstruels sont des approches culturelles et sociales variantes stricturant les règles à revisiter et à prendre en compte pour améliorer la santé et l’intégration sociale des filles et des femmes.
Est-ce qu’il faut revenir à ces pratiques ou valoriser celles qui permettent à la femme d’assurer valablement son rôle de reproduction sans problème, sans amalgames jadis constaté chez les grands parents ? A cette question, l’impétrante affirme que de nos jours, il y a assez d’irrégularité, assez de malaises concernant la conception, la reproduction. «On peut se pencher sur cet aspect de la question puisque nous avons fait une étude en socio-anthropologie de la santé qui implique à la fois, le culturel, le religieux et les politiques pour montrer que l’Etat doit s’intéresser beaucoup plus à cette question de l’hygiène menstruelle ou de la menstruation pour améliorer ses prestations et les politiques de santé publique dans les sociétés», a-t-elle précisé.

Après s’être concerté, le jury chargé d’examiner le travail effectué par impétrante et composé de : Abou-Bakari Imorou, professeur titulaire (Bénin) , Université d’Abomey-Calavi, président, des examinateurs, Tossou Atchrimi, professeur titulaire à l’Université de Lomé, (Togo), Alain Toh, Maitre de Conférence , Université Félix Houphouet Boigny (Côte-d’Ivoire), Clarisse Hèdiblè, professeur titulaire, Université d’Abomey-Calavi (Bénin) et Roch Apollinaire Houngnihin, professeur titulaire , Université d’Abomey-Calavi, Directeur de thèse, a procédé aux délibérations et déclare digne l’impétrante de grade de Docteur de l’Université d’Abomey-Calavi en Sociologie-Anthropologie de la spécialité Sociologie et Anthropologie de la Santé avec la mention très honorable avec les félicitations du jury.

Ce qui permet à Lyndha Bernice Mèdéssè Gbèbioho, née le 19 Juin 1988 à Cotonou au Bénin, d’intégrer le cercle des Docteurs de la première université publique du Bénin sous des applaudissements nourris des parents, amis, proches et autres prétendants.
Etienne YEMADJE

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